Certaines découvertes ont pu être présentées
comme des preuves de l'existence d'une vie extraterrestre.

Alors, preuves ou simplement indices ?



Mis à jour le 13 mars 2011

Les chercheurs ont ils trouvé des preuves dans les météorites ?
Développement spécial sur l'article de R Hoover, mars 2011:
fossiles de cyanobactéries dans deux météorites. -
Article original - commentaires de l'article.
Aurions nous déjà détecté de la vie sur Mars ?
Quels sont les signes indiquant la présence d'une vie ?


 Des preuves dans les météorites ?

Comme notre planète reçoit chaque année plusieurs centaines de tonnes de matériel météoritique, on peut se demander si l'analyse des échantillons les plus remarquables a livré des informations sur la présence de vie.

Ces données sont de deux types:
- la présence de molécules prébiotiques (acides aminés, quinones...), qui est avérée dans les météorites.
- la présence de reliquats d'êtres vivants à l'état fossile, qui reste encore âprement discutée.

Les principales difficultés à résoudre en présence de structures ressemblant à des microfossiles dans des météorites sont de 2 ordres:

* s'agit-il de structures qui peuvent être d'origine purement minérale ? (Comme le disait JD Bernal, rien ne ressemble plus à certains fossiles que des concrétions ou cristallisations purement minérales).

* Si les échantillons observés sont d'origine biologique, peuvent-ils résulter de l'activité de micro-organismes terrestres (s'agit-il de contaminations ?)

Seule une réponse négative à ces deux questions établit l'origine extraterrestre des fossiles observés, et donc l'existence d'une vie extraterrestre.

Des structures biomimétiques (ressemblant à des êtres vivants) ont été découvertes dans plusieurs météorites:

* d'origine martienne comme
ALH84001 ou EETA 79001: ces résultats sont controversés, basés sur plusieurs indices d'activité biologique: présente de carbonates, de cristaux de magnétites d'origine bactérienne (Kathie L & al., 2000) et de microstructures ressemblant fortement aux nanobes récemment découverts sur notre planète (Folk & al., 1997, 1998). Toutefois, chaque indice peut séparément être explicité par une origine minérale, et les nanobes observés ne sont pas encore considérés comme probants. Le plus grand point d'interrogation vient de ce que ces météorites ont été recueillies après plusieurs milliers d'années de présence sur notre planète: impossible dès lors d'exclure formellement la possibilité d'une contamination par des organismes terrestres, même inconnus.

* Venant de l'astéroïde Vesta: la météorite Tataouine, tombée en 1931, a permis une étude comparative entre des fragments recueillis après sa chute puis en 1994. Ces analyses montrent clairement que des contaminations terrestres peuvent se développer de façon très rapide et donner plusieurs des éléments observés sur ALH84001. Toutefois, ces résultats montrent aussi que des formes de vies nanométriques terrestres existent bel et bien, peuvent être cultivées et doivent être prises en compte pour exclure toute possibilité de contamination terrestre d'un échantillon. Cf l'étude de Philippe Gillet, de l'ENS de Lyon.

* Venant de la Lune: des reliquats d'origine biologique ont été identifiés dans des échantillons lunaires (Zhmur & al., 1999) prélevés par des sondes soviétiques Luna et conservés scellés, ce qui exclut a priori tout risque de contamination. Les organismes décelés ont donc soit une origine terrestre, ce qui valide la théorie des transports de formes de vie par météores interposés, soit une origine extraterrestre (martienne ?) ce qui serait encore plus fascinant. Toutefois, l'aspect de ces fossiles tend plutôt vers une origine purement terrestre, ces deniers ayant effectué le voyage Terre-Lune, ce qui, pour être inhabituel, n'est pas inexplicable...

* Le 2 aout 2004, l'équipe de Richard B. Hoover (exobiologiste, spécialiste des formes de vies extrémophiles dont il a découvert, avec Helena Pikuta, de nouvelles espèces dans le lac Moho), du NSSTC (NASA) a annoncé (Denver, Colorado, SPIE - symposium international des sciences et technologies de l'optique- Instruments, Methods, and Missions for Astrobiology VIII, Conference 5555) la mise en évidence dans la météorite d'Orgeuil de cyanobactéries fossilisées évoquant la structure feuilletée d'un stromatolite. Contrairement aux observations réalisées sur la météorite martienne ALH84001, la taille des micro-organismes fossilisés est comparable à celle des formes terrestres connues. Les images ont été obtenues en juillet en microscopie électronique à balayage, et le matériel observé a pu être analysé par spectroscopie (instrument EDAX).

L'intérêt de cette découverte est qu'elle exclue la possibilité d'une contamination des échantillons observés: les cyanobactéries dépendant de la lumière solaire et ne peuvent coloniser l'intérieur obscur d'une roche. De plus, l'histoire de la météorite d'Orgeuil (ou plutôt des différents fragments récoltés), récoltée à quelques km de Montauban (près de chez moi!) le 14 mai 1864, vers 20 h, est parfaitement connue (elle n'est pas restée exposée au sol 13000 ans, comme ALH 84001...). Cette météorite contenait, à l'origine, 20% d'eau... et n'a jamais été immergée.

Hoover détaille dans sa présentation, qui préfigure une publication majeure dans une revue de référence (à vérifier...), les différents protocoles qui semblent exclure toute possibilité de contamination récente. De plus, il s'agit ici de la détection non pas de quelques micro-organismes, mais d'une communauté de bactéries qui s'édifie lentement sur Terre, ce qui exclut, à priori, une origine terrestre... surtout dans l'échantillon utilisé, qui a dû être fracturé (et n'a donc jamais pu être, auparavant, en contact avec l'atmosphère terrestre!).
Si toute contamination est bien impossible (espérons-le : dès l'origine, des plaisantins du 19ème avaient enfoui des graines dans la météorite pour berner les chercheurs de l'époque et, plus près de nous, une vingtaine de références bibliographiques, depuis 1960, font références à des structures biogéniques dans cette météorite), nous serions en présence de la première preuve de l'existence d'une vie extraterrestre. Qui plus est, cette découverte montrerait que les formes de vies seraient identiques sur une vaste région de la galaxie... ce qui corroborerait ma conception d'une zone isobiologique galactique!
La seule possibilité ne faisant pas appel à l'existence d'une vie extraterrestre serait que la météorite d'Orgeuil soit d'origine terrestre, arrachée à notre planète voici des millions d'années au niveau d'un stromatolite, satellisé autour de notre planète qu'elle aurait fini par rejoindre... Hypothèse qui est insoutenable, car, en fait, la météorite d'Orgeuil est plus âgée que le système solaire, et son analyse a montré qu'elle provenait de l'espace interstellaire, au voisinage d'une supernova...

Dans l'attente de résultats plus clairs et examinés de façon contradictoire, les indices récoltés dans les météorites ne peuvent être considérés comme des preuves, mais comme des pièces à conviction solides. Les recherches doivent se poursuivre à ce niveau, car il serait dommage de s'évertuer à rechercher loin dans l'espace des preuves qui dorment peut-être dans les tiroirs des musées (ce ne serait pas la première fois dans l'histoire des sciences....).

 7 Mars 2011: Hoover persiste et signe

Hoover vient de publier dans le journal of cosmology, revue avec relecture par les pairs, un important article (qui pourrait s'avérer fondamental) sur des structures biomimétiques qu'il a décelées dans des fragments "frais" des météorites d'Orgueil et d'Ivuna.

Voici le résumé de sa publication, assorti de quelques notes explicatives:


Des recherches sur les surfaces internes des météorites carbonées de type CI1 au moyen de deux techniques de microscopie électronique à balayage (ESEM et FESEM) ont permis d'obtenir des images de grands filaments complexes. Les filaments ont été observés inclus dans les surfaces internes fraichement fracturées des météorites. Ils présentent des caractéristiques (par exemple, la taille et la variété des dimensions des cellules internes ainsi que leur emplacement et leur disposition à l'intérieur d'enveloppes communes) qui sont caractéristiques de genres et d'espèces connues de cyanobactéries trichromiques et d'autres procaryotes trichromiques tels que des bactéries filamenteuses sulforeductrices.
[Un trichrome est simplement une disposition des cellules bactériennes en rangées, et qui sont en contact étroit sur une grande surface - NdT]

Les études de cyanobactéries vivantes ou fossiles au moyen des mêmes techniques (ESEM et FESEM) montrent des caractéristiques similaires aux filaments (unisériés
[une seule rangée de cellules, NdT] ou multisériés [plusieurs rangées de cellules - NdT], branchés ou rectilignes, de diamètre constant ou conique) avec trichromes contenus dans des enveloppes fines ou épaisses. Les filaments trouvés dans les météorites CI1 présentent également des structures similaires aux cellules spécialisées et aux structures utilisées par les cyanobactéries pour leur reproduction (baeocytes, akinètes et hormogonies); pour la fixation de l'azote (hétérocystes apicaux, intercalaires et basal), et pour leur fixation ou leur mobilité (fimbriae).

[baeocyte = spore qui se forme après division d’une cellule non reproductrice, et qui reste incluse dans la paroi cellulaire jusqu’à sa libération; akinète = cellule à paroi épaisse, hormogonies = groupes de cellules s’échappant d’une gaine et jouant un rôle de dispersion et de reproduction asexuée]

[Extrait google book décrivant la morphologie variée des cyanobactéries: toxines d’algues dans l’alimentation, JM Frémy et P. Lassus, p.24 et 25 pour la légende - NdT ]

[Site présentant clairement les cyanobactéries et le vocabulaire les décrivant:
http://cyanobacteries.pagesperso-orange.fr/pages/Morphologie/hormogonies.htm# - NdT]

La spectroscopie X à dispersion d'énergie (EDS) indique que les filaments de la météorite sont des gaines carbonées typiques infiltrées de sulfate de magnésium et d'autres minéraux caractéristiques des météorites carbonées CI1. La taille, la structure, les caractéristiques morphologiques détaillées et la composition chimique des filaments de la météorite ne correspondent pas aux espèces connues de minéraux.

La teneur en azote des filaments de la météorite est presque toujours inférieure à la limite de détection du détecteur EDS. L'analyse EDS de minéraux terrestres et de matériel biologique (par exemple, epsomite fibreuse
[sulfate de magnésium hydraté - NdT], cyanobactéries filamenteuses, cheveux et tissus de momies et de mammouths, et des fossiles de cyanobactéries, de trilobites, des insectes dans l'ambre) indique que l'azote reste détectable dans les matières biologiques pendant des milliers d'années, mais est indétectable dans les anciens fossiles. Ces études ont conduit à la conclusion que les filaments trouvés dans les météorites carbonées CI1 sont des fossiles indigènes plutôt que des contaminants biologiques terrestres modernes qui auraient pénétré les météorites après leur arrivée sur Terre.

La proportion de carbone 13 et le rapport deutérium/hydrogène des acides aminés et autres composés organiques trouvés dans ces pierres sont compatibles avec l'interprétation selon laquelle les comètes sont les corps parents des météorites carbonées.
Les implications de la détection de fossiles de cyanobactéries dans les météorites CI1 et la possibilité de vie sur les comètes, Europa et Encelade, sont discutées.
R Hoover


Les météorites CI, très rares (on en connaît 9, représentant seulement 21,5 Kg de matière a elles toutes, les météorites d’Orgeuil et Alais, elle aussi tombée en France, représentant à elles seules 93 % de cette masse) se distinguent des autres chondrites carbonées par une complète absence de chondres et d'inclusions réfractaires ainsi que par un degré d'hydratation voisin de 20 %. Elles comportent 3 à 5% de carbone et contiennent des sulfures (en particulier de la troïlite, un sulfure de fer), de la magnétite et des molécules organiques, dont des acides aminés. Il faut noter que ces météorites contiennent de la matière organique (carbonée) insoluble, complexe, dont l’origine reste encore sujette à caution. Une origine biologique, partielle ou totale, devient envisageable pour cette matière si une éventuelle présence biologique passée, quelle que soit son origine, est confirmée. Quoi qu’il en soit, ces chondrites proviennent de corps célestes contenant, ou ayant contenu, de l’eau: c’est pour cela que els noyaux cométaires sont principalement envisagés comme source de ce type de météorites.
Hoover a observé deux échantillons de météorite, l'un étant un fragment d'Ivuna (tombée en 1938), l'autre 5 échantillons de la météorite d'Orgeuil (tombée en 1864)Il obtient deux indices forts en faveur d'une origine "extraterrestre":
1 - l'utilisation de surfaces fraîchement fracturées dans des météorites récentes, dont la date de chute est connue (à la différence d'ALH) minimise le risque de contaminations d'origine terrestre.
2 - le taux d'azote, mesuré in situ, semble exclure une origine récente, donc, a priori, une contamination.
Devant l'intérêt de ce travail, l'éditeur de la revue a fait précéder celle-ci de l'avertissement suivant:
"Avis officiel du Dr. Rudy Schild, Centre d'astrophysique, Harvard-Smithsonian, éditeur en chef, Journal of Cosmology.
Le Dr. Richard Hoover est un scientifique très respecté et un astrobiologiste avec des références prestigieuses,à la NASA. Étant donné la nature controversée de sa découverte, nous avons invité 100 experts et avons fourni une invitation générale à plus de 5000 chercheurs de la communauté scientifique pour passer en revue l'article et nous offrir leur analyse critique. Notre intention est de publier les commentaires, à la fois pour et contre, à côté de l'article du Dr Hoover. De cette façon, l'article aura reçu un contrôle rigoureux, et tous les points de vue peuvent être présentés. Aucun autre article dans l'histoire des sciences n'a subi une analyse si complète, et aucun autre journal scientifique dans l'histoire de la Science n'a rendu un article aussi profondément important disponible pour la communauté scientifique pour le commenter, avant de le publier. Nous croyons que la meilleure façon de faire avancer les sciences est de promouvoir le débat et la discussion. "
Les différentes possibilités & interprétations:
Si l'on excepte le canular pur et simple, qui semble extrêmement improbable au vu de la personnalité du chercheur ainsi que de son parcours (cet article faisant suite à une démarche continue, étalée sur plusieurs années, d’étude des micro-organismes), il reste quatre possibilités:

  • Des artefacts, les structures observées étant purement minérales, même si elles présentent une morphologie très voisine de celle de micro-organismes connus. Le précédent des nanobes, structures nanométriques finalement reconnues comme minérales, doit inciter à la prudence. On se souviendra aussi que c’est cette explication, que je trouve personnellement peu concluante, qui a été retenue pour expliciter les structures identifiées dans la météorite martienne ALH84004. Ici toutefois, non seulement la morphologie, mais aussi les dimensions observées coïncident très étroitement avec les cyanobactéries et les bactéries envisagées. A titre personnel, une origine purement minérale me semble peu probable. Les avis des spécialistes des cyanobactéries ainsi que des experts en microscopie électronique seront déterminants.

  • Des contaminations terrestres. Elles me semblent, d’une première façon, très improbables, car les météorites étudiées ont percuté notre planète pour l’une le 14 mai 1864 dans le Tarn-et-Garonne (Orgeuil), et pour l’autre le 16 décembre 1938 en Tanzanie (Ivuna): ces intervalles de temps me semblent quelque peu étroits pour que des micro-organismes terrestres puissent se fossiliser! Certains commentateurs pourraient arguer qu’il ne s’agit pas de fossilisation, mais d’une simple minéralisation, plus rapide, de microbes terrestres. Cette possibilité semble exclue par le fait que les météorites en question auraient été détruites, ou fortement altérées, en cas de contact avec l’eau, et que sans eau, je ne vois pas très bien que qui aurait pu transporter les sels minéraux à l’origine de la formation de ces structures. De plus, comme Hoover a fracturé les échantillons (minuscules) en sa possession juste avant de les observer, il aurait fallu que, par des moyens inconnus, des cyanobactéries intègrent l’intérieur de la météorite (ce qui, pour des organismes dépendants de la photosynthèse, aurait signifié l’existence d’une bonne dose de mauvaise volonté!). La présence de bactéries sulforeductrices dans de la roche, toutefois, pourrait s’expliquer plus aisément, si l’origine de ces fragments n’excluait pas toute possibilité de contamination par ces extrémophiles.


Il existe toutefois une autre possibilité pour que les structures observées soient bien des micro-organismes d’origine terrestre: c’est que les météorites en question soient, elles aussi, d’origine terrestre, arrachées à notre planète à l’aube de la vie, satellisées à proximité de son orbite pendant des milliards d’années et retombant rarement à sa surface. La composition chimique, les rapports isotopiques et surtout l’âge de ces météorites rendent ce scénario extrêmement improbable, sauf à imaginer que la vie ne se soit développée sur notre planète avant même qu’elle ne soit différenciée, dans des roches primitives d’origine extraterrestre éjectées par la suite dans l‘espace ? Cela semble peu probable, mais comme le disait Sherlock Holmes, une fois l’impossible éliminé, reste l’improbable.

Dans cette optique, il s’agirait bien de micro-organismes terrestres effectuant leur «retour» après un long voyage. Plusieurs pages de mon site présentent les travaux qui montrent qu’il est possible, sinon certain, que des fragments rocheux terrestres aient pu transporter des micro-organismes entre les mondes du système solaire (
voir ici). Nous en aurions ainsi une preuve. Cela expliquerait aussi la similarité morphologique entre les structures observées et les micro-organismes terrestres.

  • Une origine extraterrestre. Point le plus fascinant, qui sera sans nul doute âprement disputé de par ses implications non seulement scientifiques, mais aussi philosophiques (pour la minorité de nos compatriotes susceptibles, toutefois, de lui porter un intérêt). Outre l’existence indubitable d’une vie extraterrestre, ce qui constituerai la plus grande découverte scientifique depuis ... Darwin (et même avant), la morphologie si voisine de celle des micro-organismes terrestres pourrait alors signifier que notre propre planète a été, à l’origine, ensemencée par des formes de vies voyageant dans l’espace dans des météorites de provenance inconnue. Si l’origine cométaire de ces météorites se confirmait, cela signifierait que la chimie du début du système solaire est à l’origine de la vie dans des conditions physico-chimiques qui, jusqu’à présent, n’ont jamais été envisagées ou investiguées, car étrangères à l'environnement terrestre des débuts de notre planète. Cela signifierai aussi que la vie est largement répandue dans le système solaire (ce que je pense, personnellement, de par la simple existence d’un foyer de diffusion de la vie microbienne: notre propre planète!), et même ailleurs.... les mots de Lucrèce résonneraient alors d’un nouvel éclat «nous sommes tous issus d’une semence venue du ciel....»


Commentaires de l'article de Hoover et analyse des commentaires

Le 9/03/2011, le site du Figaro publiait un article « De prétendues traces de vie extraterrestre font polémique» de T. Vey
A la suite de cet article, j’avais posté le commentaire suivant:

Je crains que l’article du Figaro ne doive être complété par quelques points essentiels:

1 - R. Hoover est un scientifique reconnu, auteur de nombreuses publications sur le sujet. Même si son article est signé de son seul nom, il a par le passé travaillé en équipe avec d’autres chercheurs (G Jerman, AY Rozanov, PP Sipiera, GV Levin) sur des sujets similaires.

2 - Contrairement à ce qui est noté dans l’article, le papier de Hoover a bien été soumis à une procédure de relecture et validation par les pairs avant publication. On peut douter de la qualité ou de la pertinence de cette procédure (en effet, les auteurs sont invités a mentionner eux même sur leur article 5 «referees» qui, n’étant donc pas choisi par le journal, peuvent être suspectés de partialité, mais cette procédure, à tout prendre, veut peut être mieux que celle qui consiste a voir des referee anonymes choisis par la revue sur des critères inconnus), mais pas de son existence. C’est ensuite que le JOC (journal of cosmology) a ouvert ses colonnes aux commentaires, en espérant que la «communauté scientifique» participerait à cette nouvelle manière de procéder, le résultat est décevant, mais par la faute, aussi, de cette communauté.

3 - L’éditorial de «Nature» n’est pas blanc-bleu, loin de là: outre qu’une revue majeure (il y en a deux: l’Anglaise nature et l’Américaine Science) ne puisse accepter qu’une découverte majeure puisse lui échapper, le ton condescendant qu’il emploie à l’égard du JOC est typique d’une guerre que les non-chercheurs ont du mal à comprendre: la publication des recherches scientifiques, et donc leur validation, a été confisquée par un petit nombre d’éditeurs privés qui se font des «cojones» en or avec la publication scientifique, pensez donc: c’est le seul domaine éditorial ou les auteurs (les chercheurs) paient (cher) pour être publiés, doivent de plus fournir leurs articles «prêts à imprimer», mis en pages et corrigés, en passant par tous les desiderata des «instructions aux auteurs», le tout pour alimenter des revues vendues elles aussi à des tarifs délirants. Il est certain que ces journaux voient d’un très mauvais oeil les initiatives de revues libres, gratuites et open sources, comme JOC, petite revue sans grande importance pour ces mastodontes, mais surtout le PLOS par exemple.

4 - Nature reproche au JOC d’être «orienté» vers la panspermie: on pourrait tout autant reprocher à Nature d’être «orientée » en faveur du réchauffement climatique. La politique éditoriale d’une revue n’empêche pas sa rigueur de s’exercer, encore faut-il clairement afficher ses couleurs! Je ne m'appesantirai pas sur la condescendance de l’éditorial de Nature envers les scientifiques de la NASA, qualifiés de «doux dingues» ou de gentils rêveurs, peu rigoureux, et j’en passe.

5 - R. Hoover a identifié des structures ressemblant à des bactéries photosynthétiques et des bactéries sulfuréductrices dans des échantillons fraichement fracturés de météorites. Avant de hurler à la contamination, il faut se rappeler que ces météorites datent de 1864 et 1938. Que ce type de météorite soit poreux, je l’admets volontiers, que du pollen puisse y pénétrer, cela n’a rien d’étonnant, tout comme des spores de champignons ou de cyanobactéries, MAIS
  • Hoover n’observe ni des grains de pollen (même germés), ni des spores, mais des structures «adultes» et surtout minéralisées, fossilisées: je veux bien que des contaminations soient possibles, mais que des fossiles puissent se former en un siècle seulement m’étonne fortement (pour ne pas dire plus), et je rajoute qu’il ne peut s’agir de minéralisation (plus rapide) car ces météorites n’ont jamais été en contact avec de l’eau.... depuis leur arrivée sur terre.
  • les cyanobactéries tirant leur énergie de la photosynthèse, on voit mal comment de la lumière serait parvenue dans les profondeurs poreuses des météorites pour y alimenter leur croissance.
  • La présence de bactéries sulfuréductrices est encore plus difficile à expliquer par des contaminations.
- dire que par le passé il y a eu de ‘fausses alertes» comme la météorite martienne ALH84004 (et encore, là aussi, il y aurait beaucoup à dire), ne dispense pas d’examiner rigoureusement les découvertes actuelles.

6 - Les découvertes de Hoover peuvent être des artefacts (structures minérales ressemblant à des fossiles), des contaminations (mais qui semblent, étrangement, s’être minéralisées à la vitesse de l’éclair et avoir perdu leur azote, ce qui est gênant pour des êtres vivants) ou des reliquats extraterrestres: faute d’examen sérieux, impossible de conclure, ce qui semble en arranger plus d’un: les scientifiques qui refusent d’examiner les faits qui les dérangent sont la honte de la profession.


 Pour aller plus loin, justement, analysons a présent les commentaires postés sur le site du Journal Of Cosmology.

Seuls 24 scientifiques, sur la centaine contactée par le JOC, ont produit des commentaires sur la publication de Hoover. Toutefois, peu de ces scientifiques peuvent être considérés comme étant réellement compétents pour apporter un regard critique indispensable sur les travaux de Hoover: bien que les avis de philosophes, de psychiatres (!) ou de spécialistes de sociologie puissent être intéressants, bien que les commentaires de certains qui en profitent pour placer leurs propres conceptions plutôt que se concentrer sur le travail de Hoover soient parfois utiles, mais jamais indispensables, soyons clairs: seuls 6 commentaires sur les 24 sont de réels commentaires du travail de Hoover, les 3/4 se trompant de cible (on peut d’ailleurs se demande pourquoi le JOC est allé demander des commentaires à des psychologues et des neuropsychiatres....).

A ces 6 commentaires pertinents (n°5, 9,13,17, 22 et 23), on doit rajouter celui, très court, numéroté 4: il s’agit de quelques lignes d’une personnalité exceptionnelle: Harisson Schmith, le seul géologue a avoir marché sur la Lune lors de la mission Apollo 17.

A mon avis, les deux meilleurs commentaires sont ceux d’H Pikula et celui de M Brazier, quasiment les deux seuls qui connaissent les techniques et les matériaux analysés par Hoover.

Voici une traduction/résumé de ces 3 commentaires.

Celui de l’astronaute, en intégralité, qui se fait la voie du «rasoir d’Occam», c’est à dire nous rappelle de privilégier les explications les plus simples (et nous montre également qu’il est au courant des recherches actuelles sur les origines de la vie) :

4. Pourquoi la vie n'a-t-elle pas pu évoluer indépendamment, sur terre ?Harrison H. Schmitt, Dr es sciences
École d’ingénieurs de l’Université de Wisconsin-Madison. Ancien sénateur des états unis, Astronaute d’Apollo 17, douzième et dernier homme à a voir posé le pied sur la Lune.
Je laisserai d'autres, plus experts que moi, commenter les preuves de Hoover sur l’existence de formes de vie dans les météorites CI1. Je me demande seulement pourquoi beaucoup ne semblent pas vouloir que la vie soit née de façon indépendante sur Terre ? C'est l’endroit que nous connaissons le mieux pour lequel et avons les meilleures preuves que les conditions ont existé avant 3.5 milliards d'années environ pour que des molécules complexes et par la suite des formes de vies capables de se reproduire se soit formées. Eau, carbone, azote, phosphore, impacts et/ou énergie des éclairs, l'argile et/ou les supports des sulfures et le temps étaient disponibles depuis environ 4.5 milliards d'années. Nous devons juste trouver comment tout cela est arrivé.

Puis un résumé de la critique (féroce) de MD Brasier: (mes propres commentaires sur cette critique, parfois discutable, sont en italique): MDB est le seul (avec Chandra W, mais ce dernier défend depuis des décennies une panspermie «extrême» qui ne le rend pas impartial, loin de là) à accompagner son commentaire de références bibliographiques et de photos. A cet égard, il a été le plus sérieux des commentateurs.
9 - De la vie dans les chondrites carbonées Ci1? 
Martin D. Brasier, Ph.D., Dept of Earth Sciences, Parks Road, Oxford, UK
Ces «microfossiles» météoritiques mettent en lumière des questions fascinantes à propos du raisonnement et des preuves nécessaires pour confirmer si les structures très anciennes proposées sont biologiquement crédibles, ou si elles sont mieux expliquées par les processus abiogéniques et des contaminations. (...)
Les microfossiles des premiers temps de la Terre et d’au-delà exigent des critères. Ceux-ci incluent les preuves d’un contexte habitable; une morphologie et des caractéristiques que l’on peut relier à la biologie. Les structures filamenteuses anciennes ne devraient pas être acceptées comme biologiques jusqu'à ce que les possibilités de leur origine non-biologique, ou par contamination, aient été examinées. (
MDB s’avance ici quelque peu: en ce qui concerne une éventuelle vie extraterrestre, nous ne connaissons que peu de choses d’un éventuel « contexte habitable», je me dois de rappeler, par exemple, que les sources sous marines à 200°C n’auraient pas pu, jusqu’à ces dernières décennies , être considérées comme étant habitables... MDB nous pousse à limiter notre questionnement à des structures mimant la vie terrestre, mais nous n’avons aucune garantie de l’universalité de la morphologie du vivant, et nous risquons ainsi, en appliquant ce biais, de passer à côté de formes de vie réellement exotiques).
Des signaux biologiques putatifs devraient toujours pouvoir s’insérer dans une histoire bien définie. (
Là aussi, cela n’est pas toujours possible, surtout dans le cadre de recherches sur des météorites dont l’origine et l’histoire sont largement inconnues. MDB veut a toute force appliquer au cadre extraterrestre la grille d’analyse du géologue de terrain, faisant fi des particularités des échantillons extraterrestres... L’histoire bien définie, en cas de détection d’une vie extraterrestre, serait par essence à construire, et ne pré-existerai pas à la découverte.)
En terme de morphologie biologique, ils ne devraient pas former de structures continues avec d'autres structures non biologiques. Ils devraient montrer idéalement des distributions en accord avec des comportements biologiques (lesquels? Ceux de la vie terrestre, hirozon indépassable de toute forme de vie ? Je suppose qu’ici MDB veut parler des fonctions communes aux êtres vivants, comme la nutrition et la reproduction) plutôt qu'avec des structures auto-organisatrices (les cristaux et leurs surprenantes propriétés, voir la très édifiante histoire des nanobes).
Plus qu'une seule étape du métabolisme simple devrait idéalement être démontrée, avec mise en évidence des polymères extracellulaires, organomineraux ou d’inégalités isotopiques (nous verrons que c’est justement le cas). Finalement, le matériel devrait être disponible pour le prêt scientifique, pour des expériences scientifiquement répétées et un examen public (exact, mais parfois ce matériel peut être unique...). Et, évidemment, l'hypothèse «nulle» d'une origine non biologique devrait être falsifiée.
Comment les structures montrées par Hoover se comportent-elles vis-à-vis de ces critères ?
  • Une histoire de la genèse de cette roche, pour que l’on puisse relier ces structures et cette histoire, n'a pas encore été fournie. C'est maintenant une étape essentielle pour le travail sur la vie primitive en Sciences de la Terre. (Hoover est donc coupable de ne pas connaître précisément l’origine et l’histoire des météorites en question, que personne ne connaît... argument spécieux! Il laisse entendre que l’avis de MDB est très orienté, et peu objectif.)


  • Les échantillons sont restés autour des laboratoires entre 205 et 73 ans. Il est bien connu que les contaminants microbiens peuvent pénétrer profondément dans les roches, même pendant le stockage. L'hypothèse «nulle», donc, est que beaucoup de ces objets (par exemple ceux des figures 1, 3) puissent être des contaminants procaryotes. (c’est en effet l’hypothèse «nulle, qu’ils «puissent être». Mais le sont-ils ?)


  • L’utilisation de plusieurs techniques est essentielle, la microscopie électronique à balayage de fractures de roches est connue pour donner aux contaminants l’apparence de n'importe quelle roche donnée. (variante du «la nuit, tous les chats sont gris»: en MEB, tout ressemble à de la roche, même si cela n’en est pas. MDB a parfaitement compris que l’idée logique d’une contamination ne tient pas si les structures observées sont fossiles. Il va donc tenter de démontrer qu’il n’en est rien, et qu’elles n’ont que l’apparence de la roche). L’EDS est dans le meilleur des cas peu adaptée pour détecter le carbone et l‘azote (critique de la pertinence de la technique employée, la spectrographie X) Elle est rarement (si elle est si mauvaise, elle ne devrait plus être employée du tout, non ?) employée dans l’étude des premières formes de vie, où elle a été maintenant surpassé par les techniques Raman (qui provoque toutefois un échauffement local de l’échantillon potentiellement destructif, et surtout parfois peu adaptée à l’étude de matériaux organiques à cause de phénomènes perturbateurs de fluorescence), TEM (microscopie électronique a transmission, nécessite de détruire l’échantillon observé pour en faire une coupe) et NanoSIMS (Spectrométrie de Masse à Ionisation Secondaire = procédé d'analyse d’une surface ou d’un volume à des dimensions de l’ordre du micron. Elle permet de mesurer la composition chimique d'un échantillon dont la surface est bombardée avec un faisceau d'ions et à récolter les ions secondaires ainsi créés dans un spectromètre de masse. Une technique de choix, certes, lorsque l’on en dispose, mais qui peut se retourner contre MDB, comme nous le verrons. )


  • Du point de vue des techniques géochimiques, mon avis est que les analyses quantitatives exigent qu'un instrument ait été calibré avec un ensemble de normes, pour une distance de travail spécifique et pour une surface plate, par exemple sur de la roche polie. On devrait éviter ainsi des dérives causées par l’emploi de microscopes différents (C’est sans doute exact, mais si Hoover poli ses roches, il ne restera plus rand chose de ses échantillons...)
  • En ce qui concerne l'azote, différents matériaux organiques peuvent perdre leur azote à des taux différents selon l'organisme et le milieu. L'azote ne peut pas être mesuré précisément avec l’EDS (mais quelle précision est nécessaire dans le cadre des comparaisons effectuées par Hoover?) et les comparaisons laissent ouvertes les questions à propos de la sélectivité. (Soit j’ai mal lu, soit il s’agit d’une mise en cause directe de l'honnêteté intellectuelle d’Hoover, suspecté d’avoir «sélectionné» des comparaisons qui lui donnent raison et d’en avoir négligé d’autres.... Bien que ces pratiques existent en sciences, s’y référer ouvertement laisse penser que MDB n’est pas à l’aise avec les résultats des analyses de Hoover).
  • Au niveau des acides aminés censés être présents, il peut être soutenu que les valeurs des filaments sont incluses dans l’ensemble des valeurs des chondrites carbonées elles-mêmes. (ce qui signifierait que les échantillons présents seraient bien minéralisés et partie intégrante de la météorite, et donc qu’il ne s’agirait pas de contaminants ?)
  • Au niveau morphologique, plusieurs (par exemple les figs 2 et 5) pourrait être rapprochés des pistes d'inclusion ambiantes abiogéniques (AITs), communément confondue avec les microfossiles de cyanobactéries, y compris par Hoover et ses collègues. Ces AITs sont formés par la projection avancée de minéraux sous pression gazeuse. De telles pistes peuvent être reconnues par leur infiltration distinctive avec les minéraux secondaires; par les striations longitudinales; par leurs sections transversales irrégulières ou polygonales; par leurs formes courbées et contournées; et par une tendance, pour certains d'entre eux, à former des branches; les grains minéraux terminaux peuvent même imiter des «heterocystes» . Beaucoup d'AITs ont une composition semblable à celle décrite par Hoover (des filaments avec des marges enrichies en carbone et infiltrées avec des minéraux riches en soufre et en silice). De tels scénarios abiogènes exigent une enquête rigoureuse.
MDB me semble subitement changer ici de monture: les structures de Hoover étaient des contaminants, elles deviennent subitement des artefacts minéraux (les AIT), dont MDB donne une photo qui en constitue un exemple saisissant par sa ressemblance avec les structures de Hoover. Il existe toutefois un problème avec ces fameux AIT «abiogènes»: une publication, utilisant la technique d’analyse favorite de MDB, le nanoSIMS, laisse entendre qu’ils sont d’origine biologique (Applied Surface Science Volume 255, Issue 4, 15 Decembre 2008, Pages 1465-1467- Proceedings of the Sixteenth International Conference on Secondary Ion Mass Spectrometry, SIMS XVI : NanoSIMS analysis of Archean fossils and biomarker M.R. Kilburn, D. Wacey.

Leur conclusion: «Chemical maps of the light elements necessary for life (C, N and O) and several transition metals commonly associated with biological processing (Ni, Zn and Fe), coupled with 13C/12C isotope ratios from carbonaceous linings, strongly suggest a biological component in the formation of AITs.» Soit, «la carte chimique des éléments légers nécessaires à la vie (C,N,O) et plusieurs métaux de transition communément associés à des processus biologiques (Ni, Zn et Fe) couplé avec les rapports isotopiques 13C/12C des lignes carbonacées
suggèrent fortement un composant biologique dans la formation des AITs»...

A présent, le commentaire d'H Pikula, un peu trop favorable à Hoover, qu'elle connait bien.
  • La découverte de preuves fossiles de vie extraterrestre dans des météores.
Elena Pikuta, Ph.D. University of Alabama, Huntsville, Alabama
(mes commentaires sont en italique)
Les recherches et les conclusions annoncées par Hoover ont commencé il y a 10 ans. Son article présente une découverte sensationnelle qui va avoir le potentiel de changer notre compréhension de l'origine de la biosphère et qui a des implications profondes pour la biologie, l'astrophysique et la cosmologie (et qui, pour cela, demandent plusieurs confirmations indépendantes).
Les résultats de cette recherche conduite sur les échantillons uniques de météorites carbonées CI1 ont révélé de nouvelles données inconnues qui ont été analysées et interprétées selon les normes scientifiques actuelles en utilisant des techniques de laboratoire extrêmement sensibles (
ce qui n’est pas, on l’a vu, un avis universellement partagé). En procédant à ce travail de pionnier, l'auteur a fait face aux difficultés associées à la différentiation de restes fossilisés de micro-organismes, afin de les distinguer de n'importe quelle possibilité de contamination moderne. Son travail est remarquable, car il devait découvrir et employer les exigences de validation les plus rigoureuses pour des fossiles biologiques dans les météorites. Tout ce travail a pris énormément de temps et d'énergie. En outre, l'identification morphologique elle-même a impliqué la participation d'autorités mondialement connues dans différents champs de la microbiologie, la géologie et la paléontologie. Hoover a consacré sa vie à ces recherches et a passé énormément de temps à consulter les spécialistes de nombreuses institutions et pays, conférences et réunions. Le résultat en a été l'établissement de la commission pour l'amélioration et la validation de biomarqueurs dans les météorites. L'article d'Hoover est devenu possible, car toutes ces tâches difficiles ont été avec succès accomplies après 10 ans de dur travail. (On peut donc en déduire que Hoover a tout essayé pour exclure l’hypothèse «nulle» de la contamination. On attend alors avec impatience une recherche sur ces échantillons utilisant la technique nanoSIMS ?)
De plus, je voudrais accentuer l'importance du développement d'une instrumentation spécifique sans laquelle ce travail n'existerait probablement pas.
Seule l'application de la microscopie électronique à balayage avec microanalyse X (EDS) permet de lier images de haute qualité et analyse de la composition de l’échantillon observé. Pendant ces mesures, Hoover en est venu à la conclusion que la contamination bactérienne moderne diffère des fossiles fixés dans les météorites selon plusieurs critères. Ces critères sont devenus les biomarqueurs standard pour le processus de validation de l’existence de vrais microfossiles. (
Mais existe t’il un large consensus sur ces biomarqueurs, au-delà des collaborateurs et collègues de Hoover ?)
Comme mesures témoin, Hoover a appliqué des échantillons biologiques divers par leur origine et leur âge: poils de mammouths, restes de momies égyptiennes, roches archéennes avec Cyanobacteries fossilisé, insectes prisonniers dans l'ambre, trilobites, échantillons modernes de Cyanobacteries et des cultures de bactéries extrémophiles vivantes. Les mesures comparatives ont démontré que les microfossiles microbiens ne contiennent pas d'azote et que le rapport de quelques éléments est peu élevé. De plus, seulement 8 des 22 acides aminés communs ont été découverts dans les extraits (à l’eau ou à l’acide) des météorites étudiées. Une hypothèse de travail intéressante sue une origine extraterrestre des microfossiles biologiques a été développée en se basant sur le fait que plusieurs acides aminés manquaient justement dans les échantillons de météorite mesurés. (ce qui s’explique difficilement par l’idée de MDB: autant des acides aminés détectés peuvent provenir de la partie minérale de la météorite, autant des acides ainés manquants ne sauraient avoir été «éliminés» mystérieusement, par la même météorite... À moins que ce soit cette dernière qui ait été analysée à la place des microfossiles éventuels....)
Dans l'introduction, Hoover expose la définition et la classification actuelle des chondrites carbonées CI1 et a donné une brève histoire incluant les développements scientifiques qui étaient disponibles à ce jour pour analyser les météorites. Surtout, les analyses chimiques ont été exécutées pour certains éléments chimiques et sels. Aucune observation microscopique n'a été publiée pour ces météorites (
c’est faux, la météorite d’orgueil a été amplement observée au microscope).
Dans cet article Hoover présente des données sur l’étude des météorites d'Ivuna CI1 et Orgueil CI1. Ces météorites sont deux des cinq météorites carbonées CI1 connues, qui sont très rares et ont été connues par les témoins oculaires de leur chute. On a constaté que la météorite Orgueil contient des magnétites de 4.56 milliards d’années, et cela signifie que ses microfossiles (
hum hum, attendons qu’ils soient confirmés) ont une origine antérieure au développement de la vie sur la Terre. Permettez-moi de le souligner de nouveau : la météorite Orgueil est plus vieille que la Terre.
A mon avis, la conclusion la plus importante de ce travail est la conclusion que le δ13C et le rapport D/H des acides aminés et autres molécules organiques dans les échantillons de météorite sont très cohérents avec une interprétation des comètes comme étant les corps parentaux des météorites carbonées CI1. (! - je veux bien, mais alors la vie extraterrestre, même possible, ne constitue pas le sujet le plus fondamental? On m’aurait menti ?)
À mon avis, Hoover était trop prudent d'appeler les éléments observés «filaments complexes.» N'importe quel microbiologiste expérimenté peut voir que ceux-ci sont des fragments de biofilms des cyanobactéries (
c’est peut-être le problème, cette parenté morphologique aussi étroite entre des bactéries actuelles et leurs «correspondants» éventuels datés d’il y a plus de 4500 millions d’années et provenant des tréfonds du système solaire - personnellement, c’est cela qui me rend sceptique).
Dans la nature, les biofilms des cyanobactéries représentent un système complexe, où les relations symbiotiques entre les algues (d'habitude dominé par Cyanobacteries) et des bactéries créent des formations semblables à des tissus. Les membres d'un tel tapis coexistent sur la base de l’interdépendance de leurs fonctions physiologiques, et la localisation de chacun est déterminée par le potentiel redox, sa place dans la chaine trophique, etc.
Les biofilms modernes de cyanobactéries étudié forment les structures stromatolites qui représentent des restes fossilisés de formes de vie prédominantes sur la Terre du Précambrien. Au moins trois à six mois seraient nécessaires pour former un tel biofilm et l
a complexité de telles structures est typiquement beaucoup plus élevée que celle associée à un biofilm ordinaire de contamination, qui est d'habitude dominé par une monoculture d'un colonisateur du substrat de surface. En d'autres termes, Hoover a découvert l'évidence de colonies bactériennes établies.
Un autre fait important : la preuve que les rapports C/N et C/S dans les filaments découverts étaient semblables a ceux d’ancien matériaux biologique fossilisés et au kérogène (
substances organiques dégradées par des bactéries et servant de base à al formation du pétrole, du charbon et du gaz), mais très différents des échantillons biologiques d'organismes vivants, prouve que les échantillons étudiés ne contiennent pas de contamination biologique moderne. (On peut opposer à cela la précision des techniques utilisées, et la pertinence de ces rapports qui ne semblent pas évoluer de la même façon pour tous les échantillons biologiques, d’après MDB)
Je voudrais ajouter quelques mots sur la Taxonomie et la systématique des micro-organismes. Actuellement, les cyanobactéries sont un sujet tant pour la nomenclature botanique que pour la bactériologique. La taxonomie bactériologique utilise la description phénotypique et les séquences de l’ARN ribosomial 16 S. Dans la systématique botanique, la description morphologique joue un rôle central dans la détermination des taxons des espèces étudiées (
pour le moment, mais c’est justement parce que ces classifications morphologiques contiennent de très nombreux chausses trappes que les techniques génétiques ont été utilisée et ont abouti à une révision parfois importante de la classification entière des êtres vivants.).
C'est pourquoi les algologistes et les paléontologistes (
faute de mieux, en fait, mais les paléontologistes sont loin de dédaigner les données issues des ADN anciens, qui ouvrent de nouvelles fenêtres sur le passé) classifient leurs échantillons exclusivement en se basant sur des observations, et pourquoi les spécialistes de ces disciplines peuvent identifier facilement (ils le voudraient bien!) les espèces et les genres des fossiles bien préservés juste en regardant des photos. C'est précisément pour cette raison que Richard Hoover a consacré son temps à une description scrupuleuse des fossiles découverts. Cependant, il a aussi été aidé suite à de nombreuses consultations des Instituts de Microbiologie, Géochimie et Chimie analytique et Paléontologie à l'Académie russe des Sciences, l'Institut Pasteur, l'Institut Géologique de la Société Royale de la Belgique, etc. (il est dommage de ne pas avoir trouvé des spécialistes des cyanobactéries actuelles, par exemple, qui aient accepté de cosigner l’article de Hoover.)
L'importance du travail d'Hoover est incomparable. Ses implications vont résonner par les salles de science pendant des décennies et sera seulement surpassée par la découverte de la vie extraterrestre. (
On l‘espère, mais bien que l’on ne puisse dénigrer trop rapidement, comme le fait maladroitement, mais honnêtement MDB, et de façon beaucoup moins honnête certains commentateurs liminaires et péremptoires des médias, le travail effectué, on doit considérer qu’il doit encore être prolongé, au moyen de techniques plus sensibles, avec la participation de paléontologues et de bactériologistes ayant le courage de cosigner les publications, jusqu’à aboutir à des conclusions inattaquables exposées alors dans une revue majeure qui ne saurait alors le refuser. Le but réel de l’article de Hoover est peut être d’initier cette phase finale du travail sur la présence de structures ressemblant étrangement à des formes de vies fossilisées dans des météorites).
Affaire à suivre....



 aurions-nous déjà détecté de la vie sur Mars ?

Parmi les trois expériences embarquées en 1976 sur les deux sondes Viking, l'une d'elle, nommée "labelled release", a détecté une transformation de matière organique en CO2, laquelle a cessé après chauffage de l'échantillon. Ces résultats correspondent bien à l'activité d'un métabolisme, mais aucune matière organique n'ayant été détectée par d'autres expériences, les chercheurs en ont conclu, majoritairement, mais pas à l'unanimité (quelques-uns, ainsi que le responsable de l'expérience, concluant à la détection effective d'une vie de type inconnue sur Mars).
Il est fréquent de retrouver sur le web, en plus mal, des travaux réalisés par ailleurs. Mon estimé collègue (puisqu'il est en train de passer sa thèse) Philippe Labrot a très bien décrit, en détail, ces différentes expériences ainsi que leurs résultats. Je ne peux que vous conseiller de consulter son travail.

marsfossils
Parmi les nombreux clichés transmis par les robots Spirit et Oportunity, quelques-uns montrent des structures énigmatiques qui peuvent être interprétées comme étant des fossiles... Toutefois, une simple photo ne suffit pas, et il faudra envisager un retour d'échantillon choisi avec de pouvoir conclure...

Sur ce cliché, les deux sphères 'piquetées" et la structure segmentée,
de quelques mm de long, ressemblent fortement à des fossiles.
Toutefois, d'autres analyses et missions sont nécessaires avant de conclure...

Lors du congre commun entre l’
AAS et l’AAPT, à Seattle, début janvier 2007, deux chercheurs, J M. Houtkooper et D Schulze-Makuch (A Possible Biogenic Origin for Hydrogen Peroxide on Mars:

The Viking Results Reinterpreted. Joop M. Houtkooper1 and Dirk Schulze-Makuch) ont proposé de réinterpréter les résultats obtenus par les expériences Viking. Ils proposent que les résultats obtenus concordent avec l’existence d’éventuels micro-organismes martiens utilisant comme liquide intracellulaire un mélange d’eau et d’eau oxygénée.

Cette substance leur permettrai de supporter de basses températures (un mélange de 60 % d’H2O2 gèle à - 56°C), d’avoir une source d’oxygène disponible et de capter la moindre trace d’eau en environnement aride (pH de 4.5, très acide). Cette hygroscopie extrême aurait même pour conséquence de détruire les organismes en cas de présence d’une grande quantité d’eau, comme dans les expériences viking. Les réactions exothermiques entre H2O2 et les composants cellulaires libérés les transformeraient en CO2 et autres composés azotés semblant être d’origine purement minérale.

Des résultats expérimentaux ont montré que des bactéries terrestres peuvent résister aux conditions régnantes dans le sol martien et que les macromolécules biologiques terrestres supportent une teneur de 30 % d’H2O2. Il n’est donc pas déraisonnable de penser que le processus d’évolution et de sélection martien ai pu conduire à des métabolismes utilisant H2O2, pour lesquels l’H2O est toxique...

Le métabolisme de ces micro-organismes pourrait être basé sur les réactions suivantes:
CO2 + 3 H2O <-> CH2O + 2 H2O2 <-> HCOOH + 2 H2O

La décomposition de 2 H2O2 2 H2O + O2 , exergonique, servirait de source d’énergie. Toutefois, ces réactions nécessitent une stabilité de H2O2 obtenue à une température voisine de -50°C et une protection contre les UV (< 200 nm): des pigments bactériens comme la bacteriorhodopsine, des composés minéraux comme certains sulfures ou un mode de vie endolithique, cas le plus probable, peuvent permettre d’obtenir cette radioprotection.
Cela permettrai d’expliquer les résultats de l’expérience GEP (voir nirgal):30 % d’augmentation de la teneur en CO
2, libération de N2 et large production d’O2 (de 4 à 520 nmol).
Sur terre, quelques espèces bactériennes utilisent H2O2 mais la plupart des cellules doivent s’en protéger en le décomposant au moyen d’une enzyme, la catalase ou la peroxydase. Toutefois, même si
Acetobacter peroxidans utilise H2O2 dans son métabolisme, on doit remarquer que sur Terre, la température, la disponibilité d’eau et d’O2 n’ont pas favorisé l’utilisation d’H2O2 par les organismes.
On doit d'ailleurs remarquer que les expériences Viking illustrent un écueil important dans la recherche d’une vie extraterrestre: elles consistaient à rechercher sur Mars une vie microbienne possédant un métabolisme... Terrestre ! Ors, il est évident que s’il y a une vie microbienne sur Mars, celle-ci à évolué depuis l’époque reculée ou Mars ressemblait à la Terre actuelle dans le sens d’une adaptation à un environnement profondément différent du notre, et y chercher un microbe à métabolisme terrestre est aussi vain que d’espérer y découvrir une baleine ou un chaton...




 Quels sont les signes indiquant la présence d'une vie ?

Plusieurs indices peuvent révéler l'existence d'êtres vivants sur une planète lointaine. Ils sont basés sur l'existence d'un métabolisme. En effet, tout être vivant, en tant que structure organisée, doit pour se maintenir en vie se trouver traversé par un flux énergétique, il doit consommer de l'énergie: c'est une loi de la physique. Il existe plusieurs moyens de se procurer de l'énergie, mais ces processus aboutissent à la formation de molécules caractéristiques dont la détection, même à grande distance, dans une atmosphère planétaire peut être un indice, voire une preuve, de vie.

Ces indices sont:
- le dioxygène, produit par la photosynthèse bactérienne, puis végétale, à partir de l'eau. Dans la haute atmosphère, ce gaz forme de l'ozone, O3, qui constitue donc aussi un indice de la présence de vie. Par spectroscopie, ces gaz, généralement produits en quantités importantes, sont susceptibles d'être décelés à très grande distance. Dans quelques années, de grands télescopes, orbitaux ou au sol, seront capables de rechercher leur présence dans l'atmosphère des planètes détectées autour des étoiles "proches" du Soleil. Toutefois, la récente découverte d'un nuage d'oxygène moléculaire O2 au niveau des anneaux de Saturne, formé par l'action du rayonnement solaire sur la glace des anneaux, montre que l'O2 peut aussi se former par des voies abiotiques (mais pas, dans ce cas, au niveau d'une atmosphère planétaire)

- le couple méthane/ammoniac, produit du métabolisme des bactéries anaérobies. Ces gaz, rapidement détruits dans l'atmosphère, doivent être générés en permanence. Bien que des processus géologiques puissent relâcher du méthane (ponctuellement...), les chercheurs considèrent que la détection de méthane et d'ammoniac est une signature d'une activité microbienne. On peut remarquer, à cet égard, que l'atmosphère des planètes géantes (dans laquelle je persiste à voir un milieu éminemment favorable à une vie microbienne) contient à la fois méthane et ammoniac...
La récente identification de méthane dans l'atmosphère martienne vient de relancer le débat sur l'existence éventuelle de microbes martiens enfouis dans les roches de cette planète.

- A la surface d'une planète (ou même dans son atmosphère ?), l'activité de molécules largement répandues chez les êtres vivants, du moins ceux que nous connaissons: les pigments de la photosynthèse, où même, bien plus répandue, car touchant l'intégralité des êtres vivants terrestres, l'activité d'une enzyme du métabolisme comme la phosphatase (Kobayashi & al., 2004).