Autopsie d'une démarche, ou déconstruction d'un mythe pédagogiste
(et de la pédago-geste qui l'accompagne)

Je vais, dans cette page, examiner de façon critique une application pratique des idées de la pédagogie moderne des sciences.
Mais auparavant une mise au point:
je ne prétends pas que les approches de ce type de pédagogie soient sans intérêts.
Ces approches, utilisées à bon escient, peuvent être pertinentes et motivantes,
mais je m'élève contre:

- leur systématicité
- leur caractère obligatoire dans l'enseignement des sciences (entretenu par le fait qu'un nouvel enseignant ne sera titularisé que s’il utilise ces méthodes)
- leur base philosophique et
épistémologique
- leur réductionnisme heuristique

Afin de ne pas se limiter à une critique stérile, il convient aussi de proposer, de construire: si l'on écoute la diatribe du plus fervent inspirateur des pédagogues des temps nouveaux (P Meirieu, mis en cause par l'actuel ministre de l'Éducation, et qui réagit avec véhémence sur
son site), il semble que le choix n'existe qu'entre la néopédagogie considérée comme un corpus irréfragable de doctrines dont l'application assure la véritable éducation et le retour aux blouses grises et aux bonnets d'ânes de la troisième république ! Loin de moi l'idée de défendre un passé fantasmatique, car irrémédiablement disparu: déjà, Aristophane dans les nuées accusait l'abandon des préceptes de l'ancienne éducation par les Socratiques d'être responsable des difficultés d'Athènes dans la guerre du Péloponnèse !

Je proposerais donc in fine une autre approche qui me semble plus pertinente. Mais attention: contrairement aux Meirieu-boys, je me garderais bien de prétendre qu'il n'y a qu'une façon de "faire cours", et continuerai d'affirmer que
seul le professeur, face à ses classes, est en mesure de choisir et d'utiliser les méthodes pédagogiques de son choix, dans la mesure ou cela lui permet de remplir correctement sa mission, qui est de transmettre des (et non pas ses) savoirs.




Examinons donc une technique, ici détaillée par un confrère, inspirée du "De Vecchi code", celle des "cartes mentales" :

Le document dans son
intégralité est consultable ici.

LA CARTE MENTALE
Un outil pour organiser ses idées

Dans une conception "artisanale" de l'enseignement, on ne parlera pas de technique (ce qui ferait référence à l'industrie, à la technologie, bref à la révolution industrielle et scientifique) mais d'un simple "outil" dont le but est d'"organiser ses idées ". On peut se demander, au vu de cette technique essentiellement collective, qui est le possesseur des idées en question. Il semble fort que ce soit cette entité connue sous le nom de "groupe", ce qui se comprend parfaitement au vu des sous entendus philosophiques de cette façon de procéder. En effet, si le départ est individuel, on en viendra bien vite au collectif...

En gros, l'élève (pardon, l'apprenant) élabore une représentation graphique de ses idées en rapport avec un sujet donné. Il les ordonne ensuite (15 min sont passées sur les 45 disponibles)

Comme l'avoue le professeur "
Le résultat est souvent très embrouillé : l’élève propose de mieux ranger les cases, c’est l’étape 2 : travail en groupe. " On peut se demander si c'est vraiment l'élève (tiens, le revoilà) qui propose de mieux "ranger les cases": il peut être très content de son résultat: il a transposé sur papier son désordre intérieur. Pour le moment, il n'a rien appris, mais ce n'est pas grave, ça va venir.

Par groupes de 3, les élèves vont devoir confronter leurs cartes mentales personnelles et en discuter (argumentation) : « je ne suis pas d’accord avec toi, tu as oublié un mot important, tu peux relier cette case à celle-ci non ? Regarde, moi j’ai mis ce mot ici… ». Il faut laisser une totale autonomie (ou presque) à ces groupes et n’intervenir que pour régler un litige qui pourrait dégénérer.
L’enseignant ne doit donner aucun élément de réponse : les élèves doivent écrire en dessous de leur carte mentale les questions auxquelles ils n’arrivent pas à répondre

Voici que se forment les groupes (pourquoi 3 ? un chiffre magique? Une façon d'être certain que, grâce à un nombre impair, émergera toujours un avis majoritaire ?). Les élèves discutent et "argumentent". A noter qu'au vu des exemples proposés, ils n'argumentent pas sur les idées ou leur savoir, mais sur leurs représentations. En somme, partis d'eux même, ils vont à la découverte (ou à la dérive, c'est selon) de l'autre. Surtout, l'"enseignant" ne fait rien et n'intervient pas (sauf comme arbitre d'un éventuel pugilat). Pendant que les groupes inscrivent les questions auxquelles ils ne peuvent répondre (et si ils ne le font pas, comment le savoir?) notre enseignant se trouve réduit au rôle de garde-chiourme, et peut éventuellement aller boire un café. On pourrait réfléchir un peu sur le questionnement induit dans cette activité. Qui pose les questions ? Sont elles réellement le produit des "besoins" cognitifs des élèves où une simple contrainte formelle que l'on prétendra refléter fidèlement l'état mental de l'élève ?

Le volume sonore peut paraître élevé

Qu'en termes choisis ces choses-là sont dites ! Le volume ne paraîtra élevé qu'à celui qui n'a pas encore compris que plus le chaos sonore règne, plus le savoir se construit ! Tout le monde sait bien que le savoir naît de véhémentes confrontations ! Certes, c'est le cas dans certains épisodes, et non des moindres, de l'histoire des Sciences, mais la salle de classe n'est pas une académie !
On peut noter que, contrairement à la physique où l'entropie d'un système ne saurait qu'augmenter au fil du temps, en pédagogie nouvelle on semble s'orienter vers une entropie maximum pour espérer la voir ensuite diminuer... Mais cette évolution qui ferait le désespoir du physicien n'est rien pour nos modernes, car:

ces moments de réflexion active et d’échanges inter élèves sont précieux pour la construction de leur savoir (on peut bien sûr passer dans chaque groupe pour écouter le contenu des échanges et recentrer la discussion au besoin, les encouragements sont aussi permis !).

Tiens, on peut passer dans les groupes et encourager ? Mais cela ne s'oppose t'il pas à la libre construction des savoirs, se déroulant sous nos yeux ébahis ? Et comment "recentrer" la discussion si nous n'avouons pas détenir un but, défini par une vérité... qu'il ne faut surtout pas communiquer! Le recentrage devient un art... Dommage que nous soyons en science ! Nous pouvons ici remarquer le choix du vocabulaire: il faut "positiver" et encourager (ce qui se comprend) mais si l'encouragement devient systématique, quelle est sa valeur ?
En creusant un peu, la phrase "les encouragements sont aussi permis" nous en apprend beaucoup sur les conceptions "cachées derrière" ces pratiques. Car ce texte s'adresse à des professeurs qui doivent déjà avoir une expérience de l'enseignement. Dire "c'est permis" veut dire implicitement qu'il existe dans ce corpus des "interdits" qui restent dans le non-dit. Car quel professeur peut ignorer qu'il est nécessaire d'encourager les élèves qui le mérite ? Ici, le discours infantilise le professeur qui n'est plus qu'un actant mineur dans le néoprocessus enseignant...

Les élèves peuvent choisir leur groupe par affinité : les groupes qui « tournent bien » peuvent travailler seuls pendant que l’enseignant est disponible pour les groupes plus difficiles. (Des élèves très difficiles peuvent être félicités même de n’avoir fait que 2 ou 3 cases si elles sont pertinentes, l’objectif n’est pas d’avoir des cartes mentales exactes et complètes, mais de transcrire ses connaissances en respectant des consignes simples)

Cette notion de groupe "par affinité" est intéressante. En effet, les élèves sont loin d'êtres bête, et les groupes qui se constituent spontanément sont le plus souvent des groupes de niveau. Il est très intéressant de voir les pédagogues viscéralement opposés à la constitution de classes de niveau les recréer en réduction dès que le besoin s'en fait sentir...
La formation des groupes libres permet donc à l'enseignant d'être disponible pour les élèves les plus faibles. Certes, mais disponible
pour quoi faire ? Recentrer et féliciter les élèves dits "plus difficiles", autrement dit ceux qui ne travaillent pas, ne veulent pas travailler ou dont les capacités cognitives sont déjà dépassées par l'ampleur titanesque de la tâche demandée ? Il suffit ici d'encourager à faire, la compréhension, le rapport avec la notion scientifique visée restant dans l'ombre, le non-dit, c'est-à-dire pour l'élève dans un degré de virtualité qui confine à l'inexistence.

"
L'objectif n'est pas d'avoir des cartes mentales exactes ". Quel est l'objectif, justement ? Et comment ces cartes, représentant l'état mental d'un élève, pourraient elles ne pas être "exactes ?". Et que devient cette exactitude lorsqu'elles deviennent collectives ? Sont-elles censées représenter le nouvel état mental formé par la coalescence des individualités ?

Transcrire ses connaissances : en effet, l'élève est censé faire ici un bilan de ce qu'il sait. Mais si il est vrai (et cela a été souligné depuis près d'un siècle par Bachelard dans "la construction de l'esprit scientifique", alors que les néopédagogues prétendent avoir fait là une découverte récente...) que les notions à installer, les savoirs à transmettre vont devoir vaincre et remplacer les états mentaux préexistants de l'élève; il est illusoire de penser qu'une simple invocation mystique de ces derniers suffira à établir la pertinence de l'approche nouvelle...

D’une durée variable selon l’intensité du travail, cette étape est primordiale dans ce type de démarche, car elle est active et valorisante sans aucun risque de « faute ». Bien le préciser aux élèves . Lorsque l’enseignant perçoit une baisse d’activité il peut donner le signal pour l’étape 3 (en général les élèves veulent continuer leurs échanges et réclament du temps supplémentaire !)

La durée de cette phase de "travail intense" semble bien difficile à évaluer. 10 mn semblent un minimum, ce qui nous porte maintenant à 25 min. On est à la moitié de 'l"heure" d'enseignement (mais ce genre de détails n'a guère d'importance ici). On doit remarquer les raisons pour lesquelles cette étape est "primordiale":

- l'
activité des enfants, car, bien entendu, l'activité est synonyme de communication, toute notion de réflexion (au sens de faire sien la connaissance de l'autre, et non pas l'opinion du copain, comme ici) est bannie: dans cette vision de l'activité enseignante comme aux jeux olympiques, l'essentiel, c'est de participer. Pour redonner un peu plus d'importance à cette vision festive, le deuxième point essentiel .

- l'activité est
valorisante car sans risque de "faute", de se voir contredit ! En effet, il est nécessaire de supprimer toute notion de risque pour que l'élève s'épanouisse au pays de la virtualité enseignante, là ou l'opinion devient savoir par la vertu démocratique s'exerçant dans le groupe. Ce qui me chagrine, c'est que nous sommes pas ici dans une démarche scientifique, mais en pleine exaltation de la pensée magique (magique au sens donné par Lloyd lorsque, dans "origines et développement de la science grecque", il rappelle, p15, que pour juger l'action magique le critère pertinent n'est pas l'obtention de résultats pratiques, mais bien l'accomplissement de la tâche dans les règles. Il reprend ainsi l'avis de l'ethnologue SJ Tambiah, selon lequel ces actes sont à juger "selon leur opportunité ou leur inopportunité, non pas selon leur efficacité pratique".)

Surtout, que l'élève sache qu'il peut inscrire ce qu'il désire sur sa "carte mentale": reflet de son esprit, elle ne peut qu'être exacte, et confrontée aux opinions des autres, elle ne pourra que s'enrichir: les bribes de savoir apportées par le petit copain seront toujours incomparablement plus digestes que l'amère potion détenue par le professeur (pardon, l'animateur). Des notions aussi déplacées et vieillottes que le vrai ou le faux n'ont pas ici leur place (comme nous le vérifierons bientôt).
Au pays du principe de précaution pédagogique, la véracité d'un propos se trouve subordonnée à sa pertinence sociale (nous verrons que cela correspond parfaitement avec la vision post-moderne des sciences qui sous-tend ces pratiques).

ETAPE 3 : la réécriture
La discussion a permis à chaque élève de modifier sa carte mentale (rajouts, suppressions, remplacements par un synonyme plus approprié, déplacement de cases…). Chaque groupe doit se mettre d’accord pour réaliser une carte commune ne comportent que les cases faisant l’unanimité au sein du trio.


Plaisante exaltation de l'idéal démocratique se substituant à l'idée surannée de l'exactitude scientifique. C'est là une constante liée à la philosophie "post-moderne " que sous-tend cet enseignement. Au point de vue procédure, il me semble que si chaque élève a pris la peine de réaliser pleinement l'étape 2, cette étape trois de "mise en commun" devrait être inutile, non ? Laissons là ce point de logique, et arrivons (après 5 à 10 min supplémentaires) à l'étape suivante.

Chaque élève reproduit cette carte sur sa feuille en dessous de sa carte de départ. (Insister sur le point que, sans aucune aide du professeur, la carte commune est plus complète, plus précise et plus exacte que la carte de départ : l’union fait la force !).

L'union fait la force. On ne saurait être plus explicite. Ici, tout est histoire de rapport de force entre l'enseignant et le groupe, celui-ci ayant définitivement pris le pouvoir pour bâtir le savoir. Et quelle magnifique construction! Quelle surprise de voir que trois élèves auront plus de représentations mentales qu'un seul !

L'élève est content: il n'a pas perdu son temps ! Il peut à présent comparer utilement (?) sa carte mentale de départ avec celle du groupe. Il constatera avec stupeur que ses représentations n'étaient pas les seules possibles (quelle découverte!) Il faut bien sûr insister sur le fait qu'ici, le prof n'est d'aucune aide (on se demande même pourquoi il est là: à la limite, un surveillant ou un agent d'ambiance pourrait éventuellement le remplacer pour bien moins cher!). Célébrons, encore une fois, la vertu de l'onction démocratique sur l'élaboration des savoirs (quelle élaboration ?
Rien n'est créé ici, il n'y a que la superposition des incertitudes individuelles...)

On peut choisir de ramasser quelques feuilles et les évaluer (respect des consignes, travail de remédiation réel, investissement au sein du groupe : les élèves sont informés de cette évaluation et de ces critères AVANT le travail)

On peut donc "ramasser quelques (pas toutes ? il y a un tirage au sort ? Un biais quelconque permettant au prof de sélectionner en fonction des résultats qu'il veut obtenir pour confirmer le bien fondé de sa démarche ?) feuilles pour les "évaluer". Et qu'évalue t'on ? L'investissement au sein du groupe, le respect des consignes... Bref, on évalue ici des activités de communication dans le groupe et de respect formel de la norme imposée. Le fond ? Quelle importance pour les tenants de la pédagogie nouvelle ! Cela viendra bien plus tard, et en attendant nous aurons déjà provende d'excellentes notes. Tout le monde sera content: administration, parents et élèves. Et tant pis si, à ce stade, des esprits chagrins dans mon genre considèrent qu'ils n'ont toujours rien appris sur le volcanisme (c'est cela qui est merveilleux: les élèves ne sont pas évalués sur des connaissances que l'on n'a pas transmises, mais sur leur ardeur collectiviste...)

Bien entendu, pour conserver une attitude citoyenne, il faut prévenir les élèves (ce qui veut dire que le choix des feuilles est fait à l'avance?) de cette évaluation, pour que ces charmants bambins n'aillent pas s'imaginer qu'ils puissent être un jour évalué sans avoir été, moult fois, dûment prévenus... Cette démarche fait pleinement parti du nouveau "contrat social" avec l'élève qu'il ne faut surtout pas "stigmatiser" en le mettant crûment face à ses insuffisances... D'ailleurs, il n'y a plus d'insuffisances: pour la pédagogie nouvelle, tous les élèves sont égaux (intellectuellement parlant), tout le monde il est égal, tout le monde il est gentil. Si un élève ne réussit pas, c'est qu'il existe un problème social (forcément!) qui explique son échec. Ce n'est pas un fainéant, c'est un "défavorisé".
La culture de l'excuse systématique décharge l'individu de la nécessité de la preuve de sa valeur intrinsèque... Car à contrario l'élève brillant n'est plus qu'un "favorisé" socialement suspect d'appartenir à une "classe dominante" (je ne fais ici que reprendre le vocabulaire marxiste du grand timonier P Meirieu, consultable sur son site). En gros: il n'y a pas de mauvais élèves, il n'y a que de mauvais profs...

Au fait, on pourrait se demander, dans ces conditions, ce qu'est un bon élève ? Heureusement, la "voix étincelante de l'avenir radieux" Meirieu éclaire notre lanterne : "L
'efficacité scolaire d'un élève" est "sa capacité à stabiliser des procédures dans des processus" (P Meirieu, L'École, mode d'emploi, 24). Voilà qui nous éclaire sur la nature procédurière d'un enseignement visant à créer des processus d'apprentissage, dont la finalité, et l'efficacité, pauvres mortels que nous sommes, nous reste inintelligible...

Bon, ce n'est pas tout, mais voilà 40 min que nos élèves travaillent, il est temps d'avancer un peu:

ETAPE 4 : la mise en commun
Cette séquence a pour but de faire émerger les représentations des élèves et de les confronter à celles des camarades. Il faut maintenant l’utiliser pour « lancer » la leçon.


Il est en effet temps de "lancer" la leçon, vu qu'il nous reste 20 à 25 min environ...
On va croire que je suis un obsédé de la montre, mais il y a tout de même 11 chapitres à traiter en quatrième, soit 11 h passées à cartographier le mental de l'apprenant
sur les 34,5 disponible. Cette activité anecdotique peut donc représenter la bagatelle de 30 % du temps en classe..

On inscrit le mot de départ au tableau et on décide, en classe entière, des mots pour lesquels tout le monde est d’accord ainsi que leur position et leurs connexions. Tout mot suscitant débat ou interrogation sera supprimé de cette carte commune de base.

Au cas où cela ne serait pas assez apparent, on montre bien ici que la construction (?) des savoirs est un phénomène démocratique, se décidant qui plus est à l'unanimité. Le débat ? l'interrogation qui semblaient, il y a quelques minutes, si miraculeusement formateurs ? "Supprimés" (le mot est bien choisi) devant l'implacable volonté populaire... et la volonté, sans doute, de maintenir "le volume sonore" dans des limites acceptables...
Ainsi, les élèves seront très tôt conditionnés à penser que
l'opinion, surtout collective, prime sur le fait (le fantôme de Lyssenko sourit dans sa tombe...).

On essaiera de transformer ensuite cette carte mentale en phrases qui seront notées dans le cahier

Mince, après tout ce travail on n'est pas encore certain de pouvoir transformer cette magnifique carte mentale en phrases ? Pourquoi la transformer, au fait, puisque les phrases ne feront que traduire la carte démocratiquement élue ? Il serait plus simple de la conserver telle quelle, ivre de signifiance...

(On écrit ensuite les questions qui ont émergé au tableau et on essaye, sous le contrôle des élèves, de les regrouper et de les reformuler (pourquoi, comment expliquer, redondance…).

Des questions émergent (toujours ? Nous avons vu qu'en les aidant un peu...) mais attention: on ne doit manipuler ces "choses" qu'avec des précautions extrêmes "sous le contrôle des élèves" histoire de bien montrer "qui commande" . Et si les questions n'émergent pas, comment va t'on faire ? Toutes ces précautions ne visent qu'à bien persuader l'élève que c'est lui qui agit, qui construit, alors qu'il ne fait, pour le moment, que discourir dans le vide intellectuel du faire collectif...
(On va encore dire que j'ai mauvais esprit, que je suis de mauvaise foi, etc... mais que puis-je lire, dès 1982, dans le rapport Peretti sur l'éducation ? Il s'agit d'instaurer le "
primat de la pédagogie sur les autres savoirs dans le domaine cognitif et le primat du pratique sur le cognitif en général" . Nous y sommes.)

Ces questions constituent la trame du cours. (Où ? Comment ? Quand ? Origine ? Etc.). On proposera ensuite les activités / exercices qui permettent à l’élève de répondre à ces questions…
Les questions constituent donc la charpente du "cours" (ou de ce qui va en tenir lieu). Rien n'est en effet plus favorable à la structuration des savoirs qu'une présentation sous forme de questions/réponses, ce que nous prouve d'ailleurs tous les jours la fréquentation des FAQs sur les sites web. Des notions aussi passéistes que l'ordonnancement d'une argumentation, l'organisation d'un raisonnement, la transcription d'une progression logique ne sont plus de mises de nos jours où rédaction et dissertation sont devenues des "exercices d'écriture"...

Au fait, il va être un peu tard pour proposer "ensuite" des activités, parce qu'avec tout ce travail, la cloche va bientôt sonner la fin du "cours"...

CONCLUSION :
Utilisée en début de chapitre, cette méthode permet :
- un travail individuel actif de l’élève autour du thème choisi (l’élève cherche les mots associés à l’idée de départ)
- un travail oral d’argumentation et de synthèse (je dois défendre mon idée si je veux qu’elle soit retenue par le groupe, je tiens compte des idées des autres et je me les approprie avant de les reformuler…)
- une grande disponibilité de l’enseignant pour les élèves en ayant le plus besoin (les « bons » n’ont pas besoin du prof pour travailler)
- une émergence des représentations de tous les élèves et une première amélioration de ces représentations par les camarades (pas de professeur qui juge si c’est bien ou pas)
- une construction commune du cours (chaque élève peut amener le débat sur son propre questionnement)
- la réalisation d’un plan suivant les besoins des élèves (insister sur les questions posées par les élèves)
- l’intervention minimale du professeur et seulement en tant que médiateur (on peut aussi susciter des questionnements par des exemples bien choisis si la classe « n’accroche »
pas. ex : il y a des volcans en France ? )

Voici donc résumé la vulgate des néopédagogues : expression orale, discussion, prof animateur situé par delà le bien et le mal (et le vrai et le faux), magie démocratique où le questionnement de l'élève prime sur les notions à maîtriser et adaptation du la structure du cours aux besoins (
quels besoins ?) des élèves (et donc sans rapport avec des vielles lunes comme la logique) et intervention minimale du professeur (c'est plus reposant !)

Notre collègue agrémente son propos de remarques très intéressantes:

On peut demander une carte mentale individuelle en fin de chapitre à l’élève en guise d’évaluation sommative. L’intérêt de la carte mentale est qu’elle peut donner naissance à un travail d’écriture intéressant :
La grande difficulté de nos élèves est bien souvent de mettre par écrit les idées qu’ils ont en tête. Une carte mentale bien ordonnée peut faciliter ce travail. Il suffit à l’élève de transformer les connexions entre les cases en « liens logiques »


Ainsi la carte mentale permet même d'évaluer (quoi ? Sans importance ! les néopédagogues ne s'intéressent pas au
quoi, mais au qui) et de "construire" un texte. Voici cette brave carte transformée en algorithme d'écriture, et notre apprenant en gentille petite machine de Turing progressant de case logique en case logique (ce qui tombe bien, puisque les machines de Turing sont capables de résoudre tous les problèmes! Sur ce plan, la cohérence logique de cette démarche est inattaquable ! Seul un indécrottable sceptique aigri à la réflexion pédagogique trop limitée peut remarquer que les machines de Turing sont totipotentes dans un temps indéfini...)

En effet, seul un esprit attardé et passablement réactionnaire pourrait penser que, puisque "
la grande difficulté des élèves est de mettre par écrit ce qu'ils ont en tête" il faudrait leur faire travailler, justement ce passage à l'écrit. Ici, il s'agit, dans la meilleure pédagogie du contour, d'esquiver ce problème (qui resurgira de toute façon, n'étant pas résolu !). Autrement dit, "Tu ne sais pas nager mon petit ? Ce n'est pas grave, essaie donc la planche à voile..."

Ainsi donc, nos Diafoirus de l'éducation annoncent la couleur:

" Voilà pourquoi vos enfants ne savent pas écrire
C'est que par mots inscrits ils ne savent s'exprimer"

A titre d'exemple, les élèves construisent des phrases à partie de leur carte:

L’élève pourra construire la phrase de son choix à partir de ces cases :
- "Les volcans sont caractérisés par des éruptions qui projettent de la lave et des roches, ce qui peut présenter un danger pour les populations" (phrase correcte)
- "Dans les volcans il y a des éruptions, c’est de la lave et des roches qui sortent et qui font un danger". (Cette phrase peut paraître moins « bonne » mais c’est bien plus important pour le « mauvais » élève qui a écrit ça que toutes les phrases de cours issues du prof et qu’il ne lira même pas. C’est SA phrase est, sur le fond elle est très correcte et peut être évaluée de façon positive !)


Nous voyons ici un aspect important de cette pédagogie:
toute production de l'élève est bonne à prendre, et en effet, même si la phrase est incorrecte au plan du français, qu'importe ! Qu'importe de vieilles lunes comme l'orthographe ou la grammaire, ou la simple élaboration d'une phrase permettant de communiquer par écrit avec ses semblables (l'écrit, ce n'est pas festif, donc ils faut l'éviter au maximum !). C'est si dur de construire un tel savoir, inutile de se piétiner l'aorte pour l'exprimer dans une langue correcte! Nous ne sommes pas en français (seul endroit où cela importe, an deor du khour de çéfran on pheu aicrir kom on ve)

Autre opinion sortie de la vulgate: le fait que le "mauvais" élève ne lira pas les phrases du prof, mais qu'il lira les siennes ! Quel obscur volontarisme pédagogique peut ainsi embrouiller l'esprit du professeur ? Si un élève ne veut pas travailler, alors peu lui importe que ce soit le prof, lui ou maître Yoda qui ait écrit sur un cahier que, de toute façon, il n'ouvrira pas. Quant aux autres, ils auront la joie d'apprendre (quel mot bizarre, ici! apprendre...) à partie de phrases qu'un élève de primaire devrait savoir mieux construire, mais qui n'ont pas à être jugées ici (les pauvres!). Cette
fausse indulgence se paiera bien vite, de retour dans le monde réel, lorsque les savoirs illusoires exprimés dans une langue douteuse seront confrontés aux lois d'airain de la réalité objective...

Un cahier plein de cartes mentales entrecoupées de phrases « personnelles » pourra paraître moins « bien tenu » mais il sera plus conforme au travail réel produit par l’élève.

Encore une fois, des concepts aussi dépassés que la "propreté" d'un cahier, l'idée qu'il est plus agréable de se servir d'un cours structuré et construit, ne sont plus que de vielles Lunes devant l'alpha et l'oméga des nouvelles pratiques: "jouissez, nous ferons le reste..."
Ce qui compte, ici, ce n'est pas que le cahier serve à l'élève voulant acquérir des savoirs (illusoire, puisqu'il les connaît déjà! C'est juste qu'il ne sait pas les exprimer...) mais qu'il soit le fidèle reflet de sa "production" intellectuelle. Autrement dit, voici le cahier qui fonctionne en flux tendu, avec pour corollaire le zéro stocks de connaissances... Ainsi, l'élève suit dans son cahier son parcours intellectuel. Fort bien, me ne s'agissait il pas, au départ, d'étudier le volcanisme, et non pas "comment j'ai partagé mes idées sur les volcans avec les copains ?".

Mais le meilleur reste à venir, une remarque révélatrice qui va nous éclairer sur la finalité de la démarche et nous permette un audacieux parallèle:

J’utilise cette méthode (que je module sans cesse) depuis 3 ans et je la trouve
fantastique. Quel bonheur de voir une classe de 3 réputée intenable construire en 1 h des phrases exactes, complexes et pertinentes en partant simplement du mot microbe…et dans la bonne humeur !

Quelque part au niveau du vécu, nous apprenons ici, outre la nécessaire "bonne humeur " (parce que toute autre méthode ne saurait générer, c'est bien connu, que des regards craintifs et des tremblements incoercibles lorsque le magister inflexible vomit son savoir indigeste sur la classe terrifiée...) que cette méthode est particulièrement adaptée aux classes "difficiles"...
Et là, dans ce cadre précis, elle devient, pour moi, justifiée et intéressante, et dangereuse si généralisée hors de ce contexte

Faisons une amusante y=x(2):

Il était une fois, il y a bien des années, des élèves qui avaient beaucoup de mal à apprendre à lire.
Les meilleurs professeurs s'escrimaient en vain: les lignes de copies, les B-A BA enchaînés ne parvenaient pas à donner le sens de la lecture à cette minorité d'enfants. Il arriva un beau jour qu'en essayant une autre manière d'enseigner la lecture (venue de pays d'idéogrammes....), considérant les mots dans leur ensemble, ces enfants qui avaient du mal à apprendre par la méthode traditionnelle firent des progrès, et que leur sens de la lecture devint bien meilleur.
La logique eu voulu que la majorité des enfants continuent leur apprentissage classique, et que la méthode globale (puisqu'il faut l'appeler par son nom) soit réservée aux enfants pour qui elle se montrait plus performante.
Mais il arriva, en ce beau pays, que le Prince aidé de ses avisés conseillers, décida que la nouvelle méthode remplacerait obligatoirement, sous une forme ou sous une autre, toujours et partout, l'ancienne.
Que croyez-vous qu'il arriva ?
Ce fut le Français qui creva ("
La grande difficulté de nos élèves est bien souvent de mettre par écrit les idées qu’ils ont en tête")

Poursuivons:
Il était une fois, il y a bien peu d' années, des élèves qui avaient beaucoup de mal à apprendre les sciences...




Remarque: une épistémologie post-moderne

Les pratiques dont nous venons d'examiner un exemple sont sous-tendues par une "philosophie des sciences" très particulière, qui permet de mieux comprendre ce qui génère ces pratiques.
Cette philosophie s'inspire fortement du relativisme post-moderne. De quoi s'agit-il ? Tout commence dans les années 40 (pour simplifier) avec B.L. Whorf et une idée, inspirée de Sapir, selon laquelle le langage possède une influence déterminante sur la construction d'une représentation du monde. Une fois cette hypothèse acceptée (alors que l'on peut lui opposer bien des arguments, mais là n'est pas mon propos), on en arrive très rapidement au relativisme proprement dit, personnifié par Feyerabend : comme le langage façonne la vision du monde, il construit le monde; ce qui inévitablement amène à penser que la démarche scientifique occidentale ainsi que tout le corpus appelé science
n'est qu'une construction sociale, relative donc à une société donnée. Feyerabend et ses amis (en France, Koyré et Latour) ont beau jeu de montrer que la méthode expérimentale et scientifique idéalisée n'est qu'une fiction (en effet) mais ils en déduisent benoîtement que puisque la méthode n'existe pas, la science n'existe pas non plus : la science est une activité cognitive comme une autre, et la rationalité n'a aucun contenu !
Ce genre d'arguties philosophicardes échoue bien entendu à décrire la réalité objective, et surtout se révèle incapable d'expliquer comment une construction sociale peut s'articuler avec le monde sensible de façon à l'utiliser et le contrôler (par la technique) ou à effectuer des prédicats...

La réponse est toute trouvée: le communisme avait déjà fait de la science "une idéologie historiquement relative " (
JT. Desanti, ed de la nouvelle critique, 1950) qui était avant tout une affaire de lutte des classes et de parti; nos sociologues en font à présent un objet social. Ainsi, Feyerabend prétend lutter contre "la dictature de la raison". C'est là une référence implicite à Freud, lequel, dès 1933, appelait à ce que "l'intelligence, l'esprit scientifique, la raison, puissent établir une dictature dans la vie mentale de l'homme".
Rapport de tous ceci avec nos images mentales et la nouvelle pédagogie des sciences ? Et bien si la science n'est affaire que de "
fictions utiles", de "constructions sociales", de "conventions" s'appliquant à des êtres et à des phénomènes "fabriqués", alors son enseignement doit tenir compte de cet état de "fait", ce qui se retrouve d'ailleurs dès le préambule du "rapport sur l'enseignement" du sinistre Bourdieu , lequel ne craint pas d'affirmer dès ses premières lignes:

"
Un enseignement harmonieux doit pouvoir concilier l'universalisme inhérent à la pensée scientifique et le relativisme qu'enseignent les sciences humaines, attentives à la pluralité des modes de vie, des sagesses et des sensibilités culturelles."

Malgré toute la scolastique des sociologues et de leurs affidés (qui sont souvent installés au collège de France, comme par exemple C. Magnan, qui dans son dernier opus se permet de discerner des brevets de scientificité aux diverses branches de la physique, lui qui considère que les lois de la nature ne sont que la projection sur celle-ci du désir de possession phallocratique inhérent au fait que la plupart des scientifiques sont et ont été des "mâles blancs hétérosexuels"...) force est de constater qu'il n'existe pas différentes lois de la nature selon les "modes de vie", les "sagesses" ou les "sensibilités culturelles" de celui qui explique un phénomène de façon scientifique!

Mais puisque les conceptions de nos sociologues de l'éducation se rattachent en fait, dans la tradition de l'idéalisme, à établir la primauté du langage et du phénomène social sur la réalité objective, alors il est légitime pour eux de préconiser des modes d'éducation mettant l'accent non sur la réalité, mais sur des échanges sociaux (discussions, groupes...) qui par le biais du langage vont faire s'incarner les savoirs idéaux déjà présents dans le champ pédagogique, et que le professeur ne devra que matérialiser: la connaissance ne se transmet plus, elle est déjà présente dans chaque enfant et l'enseignant n'est là que pour aider à sa manifestation sensible... C'est précisément cette vision du monde que sous-tendent, sous leur pathos verbeux résultant d'une formalisation bourbakiste exemplaire (tiens, voilà que je parle le pédagol sans peine...), les méthodes néopédagogiques qui prétendent tendre à l'universel sans s'apercevoir que leur base philosophique et épistémologique n’est rien moins qu'extrêmement fragile...

En effet, elles promeuvent une vision Ptolémaïque de l'enseignement où les connaissances objectives tournent autour de l'élève et finissent par l'imprégner, alors que toute notre histoire et notre civilisation nous indiquent que c'est à l'individu de faire l'effort (oui) de se rapprocher des lumières de la vérité...

Ces pratiques sont le reflet d'un courant de pensée extrêmement dangereux, car comme le remarque P. Boghossian (1): " l
es opinions relativistes sur la vérité et l’évidence, bien que d’une cohérence douteuse, sont reçues de plus en plus favorablement par le monde universitaire (...) cela entraîne des conséquences pernicieuses prévisibles sur la définition des critères scientifiques et sur le sens de la responsabilité intellectuelle (...) aucune des deux remarques précédentes n’a besoin pour être affirmée de refléter un point de vue politique particulier, et surtout pas conservateur. "

Quand une méthode d'enseignement sous-tend que la réalité se résume à un discours, alors elle valide l'idée selon laquelle le discours peut façonner le réel. C'est ainsi que naissent les totalitarismes, lorsque les "
modes de vie", les "sagesses" et les "sensibilités culturelles prétendent s'imposer à l'existence d'un questionnement scientifique de la réalité objective, et à son enseignement.

Prof . R.Raynal
Dr de l'université de Toulouse - mars 2006



Quelques références utiles:

1 - Boghossian P. (Traduction de A. Ateshian)
Conséquences pernicieuses et des contradictions internes du relativisme postmoderne. Les Temps modernes, n° 594, juin-juillet 1997, pp. 134-147. ( art. original in Times Literary Supplement, Commentary. 13/12/ 1996, 14-15).

2- Gross P, Levitt N.
Higher Superstition : The Left and its Quarrel with Science. Johns Hopkins University Press. 1994.

3 - Bouveresse J. 
Le Philosophe chez les autophages, Minuit, 1983 ainsi que Rationalité et cynisme, Minuit, 1984.

4 -Paul K. Feyerabend.
Contre la méthode. Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance. Trad. fr. par B. Jurdant et A. Schlumberger, Éditions du Seuil, 1979

5 - Bourdieu et ses boys (Passeron, Baudelot, Establet) ont commis suffisamment de sombres opuscules pour ne pas avoir à les citer ici: on les trouve quasiment partout, encensés par ceux qui, bien souvent, ne les ont jamais lus.

6 -
Lien vers des textes dénonçant la situation au Québec, plus "avancé" que nous dans les sciences de l'éducation...



Que faire: une autre pratique scandaleusement rétrograde et ne pouvant aboutir qu'à des résultats exécrables par la démotivation de l'apprenant

Pour commencer l'étude du volcanisme, on peut fort bien demander à chaque élève de noter, sous forme de mots clefs, ce qu'il connaît des volcans (on débute comme ci-dessus, mais...). En 5 à 10 min, on liste ces mots clefs au tableau, et très vite on passe à l'
observation du réel : les élèves observent un film montrant différentes éruptions volcaniques. À partir de cette observation:
- les conceptions erronées repérées auparavant sont modifiées
- peuvent émerger des questions
que le professeur pilote et suscite afin de créer une trame logique qui sera celle de son cours : que se passe t'il pendant une éruption ? Sont-elles toutes semblables ? Pourquoi l'éruption n'est-elle pas continue ? Que devient la lave ? Quels sont les gaz émis?

En 1 h, non seulement le plan du cours sera établi, mais on aura eu le temps d'étudier les deux grandes familles d'éruption, et de réfléchir à des expériences sur la formation des magmas...

Paraphrasant Baudelaire, je dirais en effet:

Souviens-toi que le temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tous coups, c'est la loi
Les minutes, pédagogue folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans extraire l'or...