OBJECTIF LUNE (2: le retour)


Après 3 décennies d'occupation et d'exploitation de l'orbite basse terrestre, différentes agences spatiales, suivant les succès des sondes interplanétaires, se positionnent pour partir explorer l'espace lointain, au-delà de l'orbite terrestre. Avant de s'élancer hardiment « là où personne n'est encore allé », de nombreux pays envisagent de faire une halte sur notre satellite, ce dernier fournissant un ban d'essai relativement peu coûteux et suffisamment proche pour tester hommes et matériel. Ces tests présentent une importance particulière pour des nations qui veulent accéder au club très fermé des explorateurs du système solaire alors qu'elles n'étaient, il y a quelques décennies, que des pays sous-développés. Alors que va s'ouvrir le 26 février la troisième conférence sur l'exploration de l'espace (1), nous allons examiner les différentes missions lunaires non habitées qui vont s'élancer, prochainement, à la reconquête de notre satellite.

Viser la Lune (cela ne fait plus peur)
A 384000 km de la Terre (environ 1 seconde-lumière), la Lune fournit un terrain de jeu et un support de rêve pour les différentes agences spatiales désireuses d'y afficher leur maîtrise des délicates techniques de l'astronautique. Bien que sa surface ait été parcourue par de nombreuses sondes américaines et soviétiques, et foulée par une douzaine d'astronautes, de nombreux mystères demeurent et des domaines tels que la géologie lunaire, l'histoire de notre satellite, sa topographie précise où sa composition chimique détaillée restent à explorer.
Partir pour la Lune n'est pas un exploit irréalisable à l'orée du 21e siècle : la volonté politique manque plus que la technique. En effet, la plus grande dépense d'énergie consiste pour un satellite ou une sonde à atteindre l'orbite terrestre. A partir de là, une accélération minime peut lui ouvrir toutes grandes les portes du système solaire. Les satellites en orbite basse (autour de 200 km) tournent autour de la Terre à environ 9 km/s. Les satellites géostationnaires (comme ceux qui nous régalent des programmes culturels de canalsat, par exemple), qui tournent à la même vitesse que notre planète et semblent donc rester fixes dans le ciel, sont en orbite à 36000 km au dessus de nos têtes. Pour attendre cette orbite, il suffit de les faire passer de 9 à 10,38 km/s : une variation de vitesse minime (consommant donc peu d'énergie) peut modifier énormément l'orbite d'un satellite, lui permettant d'atteindre la Lune à peu de frais. Ainsi, en ajoutant seulement 0,58 km/s à la vitesse de notre satellite de télévision directe, le point le plus éloigné de son orbite (l'apogée) passe de 36000 à 380000 km. Il convient de doser l'effort précisément, parce que si on se trompe de seulement 0,15 km/s, notre satellite se libérera à jamais de l'influence de la Terre et s'en ira explorer l'univers jusqu'à la fin des temps. Entre ces deux valeurs, il y a de la marge pour raccourcir le voyage: de 2 jours et demi au maximum à 12 h seulement si l'on dépasse légèrement (de 1,5 km/s) la vitesse de libération. Voilà du pain béni pour les agences de communication, car ici les résultats suivent presque immédiatement les lancements, et l'on peut médiatiser les deux sans voir retomber le soufflé médiatique pendant que la sonde navigue longuement entre les planètes, des années durant. Cela permet d'éviter les mésaventures comme celle de la sonde cométaire européenne Rosetta, une « naufragée de l'espace » à cause d'un lancement raté d'Ariane, qui doit rencontrer la comète Churyumov-Gerasimenko en 2015 au lieu de sa cible initiale, Wirtanen, prévu en 2011: pendant que cette sonde multiplie les tours et détour dans le système solaire, ses aventures ne sont connues que d'une poignée de passionnés alors que les images lunaires de la sonde japonaise sélène ont déjà fait le tour du net...
Si l'on s'arrange pour modifier l'orbite d'un satellite au moment précis où l'on est sûr que la Lune se trouvera au voisinage immédiat de son apogée, il est donc très « facile » de le faire percuter notre satellite (ce qui a été réalisé dès 1959 par Luna 2). En réalité, l'heure du lancement doit être précisément calculée parce qu'il est nécessaire que le point de l'orbite lunaire que l'on veut atteindre se trouve dans le plan comprenant la zone de lancement.
Mais viser la Lune n'est pas tout: pour se satelliser et à fortiori se poser sans dommages, il faut freiner. Et, fort logiquement, plus on va vite et plus il faut freiner fort, ce qui consomme du carburant, donc alourdit les missions... Lorsqu'une sonde a accompli les 9/10 de son voyage, l'attraction lunaire dépasse celle de la Terre. Si rien ne la freine, elle atteindra la Lune avec sa vitesse à ce moment-là, additionnée de 2,4 km/s (soit quand même 8500 km/h), qui correspondent à la contribution de l'attraction lunaire. Pour se satelliser, à 1000 km d'altitude par exemple, notre sonde devra ralentir jusqu'à environ 1 km/s (en ralentissant moins, elle pourra orbiter plus bas, sachant que la limite avant le crash est de 1,67 km/s). Il faudra de plus conserver du carburant pour maintenir l'orbite si l'on désire tourner longtemps: l'attraction combinée de notre planète et du soleil a tendance à déstabiliser rapidement une sonde en orbite lunaire, qui devra se réajuster, en vitesse et donc altitude, périodiquement.
Atteindre la Lune en bon état ne relève donc plus d'une difficulté surhumaine, d'autant que les progrès de la technologie, depuis les années 70, permettent de simplifier considérablement la tâche:

–De nombreuses procédures autrefois traitées au sol peuvent être réalisées dans la sonde elle-même, car son informatique de bord est immensément plus puissante, performante et sure que ne l'était celle d'un programme comme Appolo. Cela économise des infrastructures, des transmissions et réduit donc le coût de la mission.
–La proximité de la Lune permet une communication « en temps réel »: un message envoyé vers la sonde et revenant vers la terre ne prendra que 2s, ce qui permet un pilotage « a distance » relativement facile (c'est ainsi que les premiers rovers lunaires, les Soviétiques lunokhod, ont été télécommandés depuis la Terre en 1971 comme des jouets d'enfant)
–l'informatique plus puissante, consommant moins d'énergie, des panneaux solaires plus performants, des instruments scientifiques miniaturisés permettent de réaliser des sondes très légères, donc faciles à lancer (elles peuvent même profiter d'un lancement commercial – la sonde Smart1 a ainsi été envoyée vers la Lune comme « passager clandestin » d'un lancement Ariane. Cette légèreté réduit le coût des missions (qui est surtout celui du lancement), ce qui les met à la portée de nombreux pays.
De fait, une nouvelle course à la Lune est bien en train de s'engager, de nombreuses nations désirant affirmer leur expertise technique en investissant le « camp d'entrainement » lunaire, avant, peut être, de regarde plus loin. Réalisons donc l'inventaire hétéroclite des forces et des stratégies en présence.

Le programme du lièvre américain
A tout seigneur tout honneur, la NASA a présenté un (trop?) ambitieux programme de retour sur la Lune, vue comme une simple étape de validation avant un vol historique vers Mars. Dès Octobre 2008, la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) se placera pendant un an à 50 km d'altitude au dessus de la Lune pour repérer des sites d'alunissage, étudier les ressources géologiques ( en particulier pour établir s’il existe de la glace au niveau des cratères polaires) et le rayonnement solaire au niveau de la surface. Les études réalisées seront axées sur les dangers de l'environnement lunaire pour la vie humaine dans l'optique de missions habitées de longue durée. Les cartes dressées auront, pour certaines, une précision de l'ordre du mètre. Pour maintenir son orbite, LRO emportera environ une demi-tonne de carburant.
Cette sonde n'est que l'avant garde d'un ensemble permettant une exploration de longue durée de notre satellite: ayant tiré la leçon de l'expérience d'Appollo, qui avait permis la conquête de la Lune, mais s'était retrouvé inutile le soir même de sa réalisation, la NASA a mis au point un programme « d'invasion » durable de la Lune.
Ainsi, LRO devrait être suivie d'autres sondes (une par an jusqu'en 2018) capables de réaliser une cartographie très précise, ainsi que d'un ensemble de satellites qui demeureront autour de la Lune pour y créer un système de localisation comparable au GPS terrestre. Une sonde devrait se poser en douceur dès 2009, probablement dans des sites du pôle Sud, ces derniers étant susceptibles (LRO le confirmera éventuellement) de contenir de l'eau et d'autres ressources nécessaires à la vie humaine. Le dépôt de deux rovers automatiques, en 2010 puis 2013, suivra. Ils seront chargés de mesurer les ressources en oxygène, hydrogène et eau du sol lunaire dans le but de sélectionner des sites d'alunissage pour un vol habité et, plus tard (beaucoup plus tard...) une base permanente. Le retour de l'homme (ou des femmes) sur la Lune est prévu pour 2018 (si le congrès n'annule pas tout cela après les élections).

Les Russes arrivent (peut-être)
Continuateur d'un passé glorieux, les sondes Luna ayant ramené automatiquement des échantillons de sol lunaire sur Terre et deux rovers « lunokhod » (« marcheur lunaire ») ayant parcouru les plaines lunaires en 1971 et 1973 pendant 11 mois, les scientifiques Russes ont annoncé officiellement (2) leur intérêt pour l'exploration « industrielle » (sic) de la surface lunaire. Le programme de l'agence spatiale russe (la FSA) se base sur des vols habités vers 2030, mais envisage surtout pour cela une collaboration avec les Européens de l'ESA. On en est encore uniquement au stade des voeux pieux. La tradition d'opacité restant de mise dans la Fédération de Russie, le programme lunaire automatique semble passé aux oubliettes, la Russie se spécialisant dans les vols habités. Des déclarations contradictoires sur le programme russe n'aident pas a y voir clair: alors que le responsable de roskosmos déclare en 2006 que « la Russie ne possède pas de programme particulier d'étude et d'exploration de la Lune étant donné que ce chemin nous l'avons déjà voici trente ans »(3) la corporation Energia (constructrice de lanceurs) prévoit de poursuivre le recyclage à l'infini des vaisseaux soyouz, ces derniers étant inclus dans un très ambitieux système de transport habité réutilisable entre la Terre et la Lune...
Il semble surtout que la FSA désire se spécialiser dans des collaborations tous azimuts visant à exploiter son savoir-faire en matière de vol habité plutôt que de sondes automatiques. En septembre 2007 des contacts ont été pris avec l'agence spatiale indienne, l'ISRO, pour réaliser une sonde automatique munie d'un rover mobile. Il est plus que probable que la Russie fournirait la plate forme d'alunissage alors que les scientifiques indiens se chargeraient du rover mobile, conçu comme un laboratoire d'analyse itinérant.

La voie lumineuse de l'avenir radieux

En son temps, regrettable plus que regretté, le dictateur Mao enrageait de constater les succès spatiaux de l'URSS voisine. Il ne comprenait pas que la Chine ne soit pas capable « d'envoyer même une pomme de terre dans l'Espace ». Quelques décennies plus tard, la Chine dispose d'un parc de fusées performantes (les « longues marches » dérivées de missiles balistiques intercontinentaux) et a mis en place dès janvier 2004 un programme lunaire nommé « Chang e ». La première phase de ce programme est déjà accomplie : le 24 octobre 2007, une fusée longue marche 3A a envoyé vers la Lune Chang-e1, sonde qui va cartographier en trois dimensions la surface lunaire et analyser la composition de sa surface. Les premières vues nous sont parvenues, divulguées au compte goutte par les autorités de la « République » populaire.
L'étape suivante, prévue pour 2012, consistera à faire alunir une sonde porteuse d'un rover qui explorera la surface, puis, enfin, de parvenir à reproduire en 2017 le retour d'échantillon réussit oar les Russes en 1970 avec Luna 16. Histoire de s'améliorer quand même un peu en 42 ans, les échantillons ramenés sur Terre seraient auparavant sélectionnés (peut-être par un rover mobile) et non pas collectés au hasard, afin de permettre sur Terre une analyse précise de matériaux d'un grand intérêt scientifique. La Chine se verrai bien déposer un astronaute sur la Lune vers 2030 (si possible avant les Russes, ce qui assurerait le repos aux mânes du maître de la révolution culturelle....).

L'Inde se lance

Disposant d'une industrie informatique prospère et d'une série de lanceurs, l'ISRO (Indian Space Resarch Organisation) va lancer début avril 2008 sa première sonde lunaire, "Chandrayaan-1". Cette sonde va (une fois encore) cartographier finement la surface lunaire et valider les techniques indiennes. Toutefois, certains instruments (imageur infrarouge et analyseur aux rayons X) utilisés sont identiques à ceux utilisés par la sonde européenne smart1.
Bien que des collaborations avec les Russes soient envisagées, la suite du programme, Chandrayaan 2, pourrait constituer en la préparation d'une mission habitée vers la Lune. Il va de soi que le gouvernement Indien préférerai, autant que possible, voir un de ses ressortissants gambader sur la Lune avant qu'un Chinois n'ait pu y mettre les pieds, c'est à dire avant 2020.


Rule Britannia
Voyant l'ESA avancer à pas comptés et pérorer indéfiniment, les natifs d'Albion, cultivant leur particularisme insulaire, en sont venus à imaginer des missions lunaires spécifiquement britanniques. Après tout, la grande Bretagne possède une grande tradition d'exploration, et même l'échec de la sonde martienne Beagle ne saurait refroidir l'ardeur des scientifiques et ingénieurs anglais (apparemment, seuls l'euro ou le système métrique sont capables de réaliser cet exploit). La grande Bretagne envisage deux missions lunaires caractérisées par leur originalité et leur légèreté. Ainsi, la sonde moonlight (de la taille de quatre grosses valises) permettrait d'étudier en 2010 la structure profonde de la lune au moyen d'un « pénétrateur » qui s'enfoncera de 2m environ dans le sol, créant des ondes sismiques analysées in situ et permettant une meilleure connaissance des profondeurs lunaires. Une seconde mission « Moonraker » (rien à voir avec James Bond!) déposerai un rover mobile à la surface lunaire.

Si ces projets sont strictement nationaux, il faut y voir l'intention de favoriser l'industrie aérospatiale britannique, mais aussi, si possible, la possibilité d'arriver en douceur sur la Lune avant que la commission européenne n'ai terminé l'examen préliminaire du rapport introductif sur l'intérêt d'envisager la possibilité éventuelle de la réalisation possible d'une mission lunaire avec assolissage en douceur...
Une des difficultés sera bien entendu de trouver un lanceur, mais de petites sondes peuvent êtres facilement casées dans des lancements commerciaux sans trop de difficultés et pour un coût raisonnable.


L'Europe, sans voix claire.
La première sonde lunaire européenne, SMART-1, a été lancée le 27 septembre 2003 par une Ariane 5, s'est satellisée autour de la Lune et a fini par la percuter le 3 septembre 2006. Si ce crash n'a rien d'exceptionnel, ce n'est pas le cas de la sonde qui, en fait, n'était qu'un prétexte pour valider plusieurs technologies nouvelles susceptibles de modifier profondément l'exploration de l'espace lointain:

–L'utilisation d'un moteur ionique, nouveau type de propulseur qui, actif pendant tout le vol, se caractérise par une très faible poussée qui peut être maintenue très longtemps (le moteur de smart1 développe une poussée équivalente à celle exercée par une feuille de papier A4 sur votre main – pas de quoi être collé au siège!). C'est ce moteur, allumé à des moments précis, qui a permis de transférer la sonde d'une orbite terrestre vers la Lune. Il s'agit d'accélérer les ions d'un gaz au moyen d'une grande différence de tension, la sortie des ions (ici, on utilise de l'argon) donnant la poussée nécessaire sous forme d'une accélération peu intense, mais continue.
–Un système autonome de prise de décision, la sonde possédant une « intelligence » artificielle plus développée.
–Un mode de communication avec la Terre par laser complétant celui par radio. Cela permet d'envoyer dans un temps court de grands volumes de données (de nombreuses missions récentes ont été le cadre d'une perte de données collectées par les sondes, mais mal transmises ou perdues...)
–Des panneaux solaires d'un nouveau type (2 fois 7 m2) fournissant 1900 W, soit le triple de ce que l'on rencontre le plus souvent. Cette énergie est utilisée ici non seulement pour l'alimentation des instruments, mais aussi pour la propulsion, ce qui explique son importance.
Smart 1 se présentait sous la forme d'un cube de 1m de coté, et a mis plus d'un an (16 mois) à atteindre la Lune (le moteur ionique est très économique, son rendement étant dix fois celui d'un propulseur chimique, mais il ne faut pas être pressé, l'Europe détenant ainsi le record de lenteur pour un voyage Terre-Lune!).
La suite des ambitions européennes reste à définir: l'ESA envisage des collaborations, mais ne semble pas se doter d'un programme clair d'exploration du système solaire.


Le soleil (Levant) à rendez-vous avec la Lune

Désireux de participer et de collaborer à l'étude de la Lune, le Japon entend bien montrer qu'il maîtrise pleinement la technologie des sondes robotiques (on pouvait s'en douter). Le pays dispose en outre de lanceurs « légers » parfaitement capables d'envoyer des sondes partout dans le système solaire, sa récente exploration d'un astéroïde l'ayant confirmé (4).
L'intérêt pour notre satellite est aussi lié à la vieille rivalité avec la Chine. Si les sondes japonaises pouvaient atteindre et explorer la Lune avant les Chinois, ce serait tout bénéfice pour le nationalisme nippon. La JAXA prévoit un programme d'exploration classique: sonde en orbite, rover puis retour automatique d'échantillons. Ce programme a débuté le 14 septembre 2007 où une fusée H2A à lancé la sonde kaguya (5). Entre autres particularités, cette sonde est la première à embarquer en orbite une caméra HD qui va réaliser des reportages exclusifs pour la chaîne de TV nationale NHK. La vision HD de notre Terre levant au lentement au-dessus de la surface lunaire fera, à n'en pas douter, les délices des murs de TV des hypermarchés d'ici quelques mois ! Outre le cinéma, Kaguya embarque 14 instruments dédiés à l'étude de l'origine et de l'évolution de la Lune. Une de ses particularités est de libérer deux minisatellites, l'un servant de relais de communication et l'autre à l'étude précise du champ de gravité lunaire.


Cosmos 2999 ?
Au terme de cette revue rapide, on ne peut que remarquer à quel point les objectifs scientifiques et techniques affichés se doublent d'une volonté politique forte: comme dans les années 60, l'accès à l'espace, au-delà de l'orbite terrestre, est une façon de s'affirmer pour de nouvelles nations, de se confirmer (voire de se rassurer) pour celles qui ont déjà vécu la course à la Lune. Toutefois, les efforts engagés livreront, presque accessoirement pourrait-on dire, de nombreuses et nouvelles données sur la composition, l'origine et l'histoire de notre satellite. Notre planète étant la seule du système solaire à posséder une lune aussi grosse par rapport à sa taille (au point même d'être qualifiée de planète double), il serait utile de savoir si cette particularité a joué un rôle, au-delà des marées et de l'orbite terrestre, sur le développement de la vie ou la géologie particulière de notre planète.
Si les ambitieuses et coûteuses missions habitées (bases lunaires qui nous ramènent aux séries de notre jeunesse, vols permanents, tourisme même....) risquent fort de se retrouver rattrapées par des réalités économiques bien terrestres, le faible coût des missions automatiques leur assure par contre une bonne probabilité de réalisation.
L'armada hétéroclite de sondes et de rovers qui vont, dans la prochaine décennie, parcourir notre satellite, nous assurera à la fois une meilleure connaissance du couple Terre-Lune et de nouveaux sujets d'émerveillements et de découverte. Dans les années 60, les premières photos de la terre flottant seule dans l'espace avaient amené une réflexion sur la fragilité de notre biosphère, aussi, même si nous n'avons pas que la Terre, de nouvelles images et de nouvelles connaissances permettront de nourrir de futures générations de chercheurs, d'ingénieurs et d'explorateurs dans leur effort pour aller « vers l'infini et au-delà » !

Références

L'actualité spatiale est abondamment traitée sur le net. Celui qui lit l'anglais tirera profit des sites des différences agences spatiales mentionnées dans l'article. En langue française, deux sites se détachent des autres:
http://www.flashespace.com/

http://www.capcomespace.net

A explorer, la magnifique site, d'un esthétisme oriental certain, présentant les vues de la sonde Kaguya : http://wms.selene.jaxa.jp/index_e.html
1 - 3rd Space Exploration Conference & Exhibit 50 Years of Space Exploration: Taking the Next Giant Leap . 26 - 28 février 2008, Colorado Convention Center, Denver, USA

2 -12 avril 2007 Nikolaï Sevastianov, président de la corporation spatiale Energya, “L'heure est enfin venue d'envisager une mise en valeur industrielle de la Lune. Il faut le faire compte tenu du caractère limité des réserves terrestres de matières premières minérales et du développement rapide de la civilisation”.
3 - Andreï Kisliakov, RIA Novosti, 22 avril 2006
4 - La sonde Hayabusa a réussi en partie l'exploration du petit astéroïde Itokawa en Novembre 2005.
5 - http://www.selene.jaxa.jp/index_e.htm