Les comètes, porteuses de vie ?



wild2
Les comètes contiennent de nombreuses substances organiques, et leurs passages répétés près du soleil leur fournissent une source d'énergie. Cependant, il est peu probable que la vie ait pu s'y développer, car leur surface est très instable, et les modifications des conditions physiques y sont très rapides. Cependant, elles peuvent avoir été une source d'eau et de molécules organiques pour la Terre.

Ci-contre : le noyau de la comète Wild 2 photographié par la sonde Stardust

Pour préciser la composition et le rôle éventuel des comètes, la mission Deep impact a consisté à creuser la surface de la comète Tempel 1 au moyen de l'explosion d'une minisonde kamikaze, exposant les couches internes de la comète analysées par la sonde principale.

T1EjectaDevelmed
La séquence ci-contre montre la collision entre l'impacteur de Deep impact et le noyau de la comète Tempel-1 le 4 juillet 2005.

Credit: NASA/JPL/UMD
Début 2006, la sonde
Stardust a ramené sur Terre des échantillons de poussière cométaire pour analyse au moyen des puissants appareils disponibles dans les laboratoires "au sol". Le 17 Aout 2009, le Dr. Jamie Elsila du NASA's Goddard Space Flight Center annonce la découverte dans l'aérogel ramené par Stardust de molécules de glycine, le plus simple des acides aminé. Cette molécule est donc actuellement présence sur la comète Wild 2, d'où revient Stardust. Cette découverte confirme "in situ" la présence de molécules organiques dans les noyaux cométaires, et donc leur synthèse dès le début de l'histoire du système solaire.


Molécules cométaires que l'on observe provenant des glaces du noyau.


molécule  Formule abondance relative
(nombre demolécules
pour 100 d'eau
)
technique 
 d'observation
eau
monoxyde de carbone
dioxyde de carbone
méthane
acétylène
éthane
méthanol
formaldéhyde
éthylène glycol
acide formique
éthanal
formiate de méthyle
ammoniac
cyanure d'hydrogène
isocyanure d'hydrogène
cyanure de méthyle
cyanoacéthylène
acide isocyanique
formamide
sulfure d'hydrogène
monoxyde de soufre
dioxyde de soufre
oxysulfure de carbone
disulfure de carbone
thioformaldéhyde
disoufre
H2O
CO
CO2
CH4
C2H2
C2H6
CH3OH
H2CO
HOCH2CH2OH
HCOOH
CH3CHO
HCOOCH3
NH3
HCN
HNC
CH3CN
HC3N
HNCO
NH2CHO
H2S
SO
SO2
OCS
CS2
H2CS
S2
100 
23
6
0,6
0,1
0,3
2,4
1,1
0,25
0,09
0,02
0,08
0,7
0,25
0,04
0,02
0,02
0,1
0,015
1,5
0,3
0,2
0,4
0,2
0,02
0,05
IR,radio
radio, IR, UV
IR
IR
IR
IR
radio, IR
radio
radio
radio
radio
radio
radio
radio, IR
radio, IR
radio
radio
radio
radio
radio
radio
radio
radio, IR
UV, radio
radio
UV



Dès 2001, l'analyse détaillée en HPLC d'échantillons prélevés en profondeur dans la météorite d' Orgueil (Ehrenfreund & al., 2001) laisse penser que cette dernière est d'origine cométaire, tout comme la météorite Ivuna.
Plusieurs équipes de chercheurs considèrent que les quelques traces d’acides aminés (alanine, glycine, acide n-amino butyrique, entre 600 et 2000 parties par milliards!) détectés dans ces échantillons cométaires correspondent au petit nombre de molécules requises pour démarrer les réactions prébiotiques aboutissant aux protéines. L’analyse isotopique confirme que les acides aminés détectés ne sont pas d’origine terrestre: la synthèse d’acides aminés est donc bien possible “ à froid” au niveau des noyaux cométaires (
J. Bada), et a pu être réalisée dès l’origine du système solaire, probablement à partir des molécules de cyanide d’hydrogène identifiées sur les comètes Hale-Bopp et Hyakutake.

Dès lors, les chercheurs constatent l’existence de deux types bien différents de météorites comportant des acides aminés: le groupe Murchison/Murray (d’origine astéroïde) contenant une grande variété d’acides aminés différents, et le groupe Orgueil / Ivuna (d’origine cométaire) ne contenant que quelques AA.

Il se confirme donc que la Terre ait reçu dès son origine des molécules prébiotiques en provenance de météorite provenant d’astéroïdes, mais aussi de noyaux cométaires (lesquels, de plus, ont également constitué une source d’eau)


Pascale Ehrenfreund, Daniel P. Glavin, Oliver Botta, George Cooper, Jeffrey L. Bada. Special Feature: Extraterrestrial amino acids in Orgueil and Ivuna: Tracing the parent body of CI type carbonaceous chondrites PNAS 2001 98: 2138-2141