L'aube de la vie :

Une synthèse personnelle contribuant à établir la banalité du vivant


Dernière mise à jour: 4/04/2007

Vu le nombre de références que j'ai utilisé, celles ci sont regroupées dans une page de (c'est original!) références...

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La vie des plasmes

Le ribomonde (Ou l'ARN et les peptides prennent le relais)

Séquestration

Reproduction


Le ribomonde

Nous en somme au stade ou des particules d'origine interstellaire sont recouvertes d'une couche moléculaire comprenant des acides nucléiques liés à des peptides, flottent dans l'océan, se déposent sur le fond et les rives, environnés de gouttelettes sphéroïdales, parfois liés à elles. Les divers rayonnements subis, l'alternance de cycle de dessiccation et de ré-hydratation, même partielle, sont à l'origine d'un apport continuel d'énergie permettant aux synthèses de sa poursuivre. Nos paleoribosomes, attachés à des membranes primitives, voient leur complexité et leur taille s'accroitre. Ils contiennent des peptides de plus en plus long, de plus en plus repliés et complexes. Les acides nucléiques deviennent, à force de complexification, capable d'auto-reproduction. Qu'est ce qui les pousse vers la complexité? tout simplementl'obligation qu'ils ont de devoir résister à l'hydrolyse (à l'origine d'une véritable pression de sélection), et pour cela de posséder une séquence leur permettant de se replier de façon correcte (Eigen & al., 1981). Comme ce processus moléculaire est plus rapide que la croissance cristalline, les riboparticules qui contiennent ces séquences se "reproduisent", croissent de plus en plus vite. Leur masse augmentant, elles ont tendance à s'enfoncer dans le milieu liquide, générant ainsi des tractions de plus en plus grandes sur les membranes liées aux peptides, et jouant peut être un rôle de "flotteur". Ces forces sont à l'origine du repliement des membranes. Nos agrégats se dupliquent au niveau nucléique, mais pas au niveau protéique (qui ne sont pas autoreplicante). Il en résulte que seules les séquences autoreplicantes capables, par leurs conformations, de diriger des synthèses protéiques, sont favorisées: c'est l'origine du transfert d'information entre acides nucléiques et protéines, le début du code génétique.

Les peptides liés aux acides nucléiques, a force de se replier, acquièrent des formes qui facilitent les réactions chimiques: ce sont les premier proto-enzymes. Et sur quelles molécules vont ils agir ? Celles qui leur sont, géographiques, les plus proches, c'est à dire les acides nucléiques. Dès cet instant, la collaboration entre enzyme et acides nucléique prend naissance et ne cessera de se complexifier. Une des traces actuelles de cette collaboration est que beaucoup de coenzymes sont des nucléotides ou des dérivés de nucléotides (comme le célèbre NAD (nicotinamide adenine di-nucléotide) si utile aux dosages enzymatiques!)

Les séquences d'acides nucléiques sont sujettes à mutations, à variations: une compétition se créée, et on obtient rapidement plusieurs quasi-espéces d'ARN. Cette évolution moléculaire a pu être obtenue in vitro (Eigen & al., 1981, Fontana, 1998), et avec des résultats extrêmement intéressant, montrant qu'un système moléculaire autoreproductif possède une adaptabilité proprement sidérante aux variations de son milieu (ce qui était indispensable dans l'environnement des débuts de la vie!). La reproductibilité des premiers acides nucléiques dépend de l'appariement de bases complémentaires, peut être aidé dès le début par des peptides de forme bien définie. Cette aide peptidique a permis de dépasser le seuil de 100 nucléotides au delà duquel les erreurs d'appariement ne permettent plus la conservation d'une séquence (qui devait être riche en G et C). Le système s'organise rapidement selon trois composantes :

Il doit subsister des traces de ces nombreux ARN différents. Actuellement, les chercheurs découvrent de nombreux types d'ARN (Bachellerie, 2003) dans les cellules, aux rôles plus variès que l'on ne l'imaginait. Ainsi, les ARN "interférents" sont impliqués dans le contrôle de l'expression des gènes. Dans le processus de maturation de ces ARN, une enzyme, la DICER, transforme une "épingle à cheveux" d'ARN en séquence double brin (Lau & Bartel, 2003). Ce processus a dû débuter avant même qu'il existe des cellules, et cette enzyme doit être très conservée chez tous les êtres vivants. C'est apparemment le cas.

Les biologiste moléculaires découvrent que le monde des ARN est bien plus complexe qu'on ne l'aurait cru. Ces molécules ubiquitaires jouent des rôles variés dans les cellules. Le tableau suivant, où les ARN sont classés par dimension (longueur) croissante, en donne une idée.

 Longueur (en nucléotides)

 Nom

 Rôles connus

 21 à 23

ARN interférents




ARN "temporaires"

Se lie aux ARNm de certains gènes et les inactivent. Participent au controle de l'expression des gènes.   Se lient fortement à l'ADN et changent sa forme. Sont synthétisés à partir d'"épingles à cheveux" d'ARN dont une enzyme, la DICER, coupe la "boucle". On obtient ainsi des ARN doubles brin aux extrémités "libres", qui peuvent éventuellement s'ouvrir, voire se séparer afin de se fixer sur d'autres molécules.

Bloquent la traduction d'un ARNm

 70
 ARN guides Eliminent des nucléotides d'autres ARN en provoquant par appariement le repliement puis l'excision de certains nucléotides.

 60 à 200
 ARN nucléolaires Sert de point de fixation spécifique à des protéines qui trasnforment l'Uracyle en pseudo-urifdines

100 à 200
 ARN nucléaires des complexes d'épissage  

 114 
 ARN 7SL Clef de reconnaissance des protéines en cours de synthèse, qui les oriente vers une des "citernes " de la cellule.

 180
 ARN 6S  

 360
 ARN transfert-messager  

  450
 ARN télomérique  systéme de fixation d'enzymes variés permettant la synthèse des télomères en prévision des divisions cellulaires

 17000
 ARN XIST  

ARN messager  
  ARN de transfert  
     
     

C'est à ce niveau, avant même une séquestration nette dans des cellules séparées, que c'est élaboré le code génétique commun (à 99,9 %) à tous les organismes que nous connaissons. Néanmoins, on peut déjà dire qu'apparemment le code génétique s'est dès l'origine organisé en triplets de bases correspondante à un acide aminé. Cette organisation en triplet résulte peut être d'un problème de topologie, le repliement de l'ARN "de réserve" n'exposant que des suites de trois bases accessibles aux ARN " de transfert".

L'ancienneté des ARN de transfert est confirmée par leur structure très voisine chez des organismes pourtant très éloignés dans le temps et le champ de l'évolution:

ARNt (16S) de bactérie (E. Coli)
ARNt (16S) de chloroplaste (Végétaux)
ARNt (16S) d'amphibien (Xénope)

Il est extrémement intéressant que les résultats de l'étude détaillée des ribosomes actuels (Steitz, 2000) aient montré que c'est bien un  ARN  ribosomal, stabilisé, contraint par les protéines ribosomiales, qui catalyse la principale réaction chimique de liaison des acides aminés, à savoir une action peptidyl transferase. Ceci démontre que, conformément à ce que nous avons vu, le ribosome est bien le reliquat actuel des premières formes de vies, le lieu où c'est noué l'indispensable alliance des protéines et des acides nucléiques.

ribosome structure
Structure d'un ribosome d'après les travaux de l'équipe de Steitz.
Le site actif doit sa forme à l'assemblage protéine + AN mais son activité chimique est due aux ARN présents, se comportant comme un "ribozyme" et catalysant la polymérisation des acides aminés
.
Lien ci dessous vers ce remarquable laboratoire de l'université de Yale.
team


Le repliement des ARN sur eux même est même susceptible de leur conférer une résistance inattendue: certaines petites molécules d'ARN constituent à elles seule des éléments infectieux nommés viroïdes. Ces ARN se replient sur eux même, ce qui leur permet de résister aux conditions physico-chimiques qui règnent en dehors des cellules, et ils infectent, de façon encore mal connue (ils n'ont été découvert qu'en 1967), des végétaux comme la pomme de terre. Les chercheurs n'ont pas encore établi clairement si ils pourraient être responsables de pathologies au niveau de cellules animales. Ils constituent probablement un exemple de parasitisme ultime, une trace d'organisme ancestraux ayant perdu leur partie protéique. Il serait aussi possible de les considérer comme des survivants de ce que j'ai appelé "l'age des polymères".

Le code génétique, un interessant fossile moléculaire

C'est à cette époque où naissait l'alliance mouvante entre acides nucléiques et peptides, avant même une nette séquestration dans des cellules séparées, que c'est élaboré le code génétique commun à presque tous les organismes que nous connaissons. En effet, bien que l'on présente volontiers le code génétique comme étant universel, il existe quelques organismes irréductibles qui refusent de se plier à la loi commune (souvent au niveau d'un seul codon). Ainsi, en toute rigueur, il n'existe pas un mais 17 codes génétiques différents légèrements, une version (LA version des eucaryotes, entre autres) dominant toutes les autres. Quelques exemples de ces codes "alternatifs":

- les levures candida décodent CUG comme donnant une serine (à la place de la leucine)
- les mycoplasmes et les mitochondries utilisent UGA comme codon du tryptophane, alors que "normalement", c'est un codon STOP. Le codon AUA correspond également chez ces dernières à la méthionine au lieu de l'isoleucine. Il existe même des variations du code entre mitochondries appartenant à des espèces différentes.
- chez les paramécies, UAG donne la glutamine et non STOP.
- les algues unicellulaires acetabularia traduisent les codons STOP en glycine
Ces variations se retrouvant dans diverses lignées évolutives, ont doit en conclure que le code génétique est le résultat d'une évolution s'étant déroulée pendant plusieurs milliards d'années durant lesquelles des codes concurrents se sont affrontés pour la domination du vivant. Les possibilités étaient, au départ, immenses: il existe environ 2x10(18) codes différents possibles !

Apparemment, ce code s'est dès l'origine organisé en triplets de bases (appelés "codon") correspondantes à un acide aminé. Cette organisation en triplets résulte peut-être d'un problème de topologie, le repliement de l'ARN "de réserve" n'exposant que des suites de trois bases accessibles aux ARNt. Cependant, l'examen du code montre que ce sont surtout les deux premières bases qui sont importantes pour déterminer un acide aminé (ci dessous: code génétique primitif avec triplet à deux bases codantes)code

Cela suggère qu'à un stade de l'histoire du code, seuls 2 des 3 nucléotides auraient été déterminants. En fait, il semble plus important de faire correspondre un type d'acide aminé à un codon plutôt que d'identifier précisément un acide aminé à un codon. Ainsi, un codon aurait signifié "ajouter un acide aminé hydrophobe" (valine ou leucine ou isoleucine) plutôt que "ajouter une valine" , instruction plus précise qui serait apparue plus tard. Cette petite variabilité des protéines produites par un même code a du provoquer des variations évolutivement pertinentes dans la séquence des protéines: une population variée s'adapte toujours mieux qu'un ensemble de copies à des conditions changeantes.

Un code à deux "lettres codantes" aurait permis de distinguer 16 types d'acides aminés. C'est largement plus qu'il n'en faut, car de nombreux acides aminés peuvent être obtenus par modifications secondaire du squelette carboné d'un autre acide aminé. Ainsi, la glycine, le plus simple des acides aminés, peut il conduire à une douzaine d'autres AA! Il est plus que probable qu'à l'origine, le code génétique ne correspondanit qu'à quelques acides aminés (de nos jours, quelques organismes utilisent plus de 20 acides aminés en modifiant chimiquement un des 20 AA classique alors même qu'il est liè à son ARNt...).  Peut ont faire des suppositions sur le nombre initial d'AA codés? En se basant sur la nature chimique des acides aminés, on peut se limiter à un minimum de 3 AA originels (glycine, lysine, glutamine).

Les ancêtres des ARN de transfert auraient très bien pu se lier à davantage de bases de l'ARN, mais seules 2 de ces dernières auraient été déterminantes, la troisième le devenant de façon secondaire. On aurait très bien pu avoir aussi des ARNt ancestraux se liant à 7 bases de l'ARNm, par exemple, mais ne "lisant" que 3 de ces dernières.

Quelles sont les traces de l'ancienne conformation du code génétique ?

La topologie des chaînes latérales des acides aminés ainsi que le champ de forces qui leur est associé présentent des similarités avec celle de leur codon. Dans certains cas, le codon serait capable de se mouler sur les chaînes latérales. De plus, Certains acides aminés seraient capables de s'intercaler entre les bases de leur codon, se disposant de façon perpendiculaire à la chaîne d'ARN. Ce sont là des indices montrant qu'à l'origine il y avait bien un lien direct entre ARN et monomères des protéines: le code génétique ne résulte pas d'un processus aléatoire:

  1.  Les acides aminés chimiquement semblables possèdent des codons apparentés. Les acides aminés chargés électriquement, par exemple, utilisent des codons riches en guanine et en adénine.
  2. Les deux premiers nucléotides d'un codon séparent les AA hydrophyles et hydrophobes.
  3. Le premier nucléotide indique des AA qui dérivent chimiquement les uns des autres.
Ainsi, dans le codon AUG:
code genetique

Les premiers ARN à s'être liés aux acides aminés ont constitué les ancêtres des ARN de transfert: leur ancienneté est, nous l'avons vu, confirmée par leur forme très voisine chez des organismes très éloignés évolutivement.

Code génétique de "toutes" les formes de vie terrestre connues actuelles  --->

L'universalité du code génétique limite fortement le nombre d'ancêtres communs: ce code commun nous indique qu'il n'y a apparemment qu'une quasi-espéce moléculaire qui a réussi à prendre l'ascendant sur toutes les autres. Pourquoi? La question reste ouverte, et l'on peut invoquer par exemple une meilleure disponibilité des acides aminés du code, ou une efficacité supérieure des synthèses qu'il dirige. Des recherches de simulation informatique de codes alternatifs (Freeland & Hurst, 1998, 2004) ont identifiées une caractéristique supplémentaire du code mettant en lumière les pressions de sélection auxquelles il a été soumis : le code actuel se révèle posséder 2 caractéristiques principales: il minimise les risques d'erreurs critiques (causées par un mauvais repliement des protéines) en exerçant une forte contrainte sur le caractère hydrophyle ou hydrophobe des AA alors qu'il "permet" des erreurs légères qui sont une des forces motrices de l'évolution des organismes.

l’étude du code génétique par modélisation informatique (Ycas M, 1999) montre que ce dernier ne correspond pas à un optimum de résistance aux erreurs de lectures et aux mutations. Des relations existant entre codon et propriétés physiques des AA, on en déduit que le lien codon-AA a été établit dès la mise en place de l’ancêtre de l’aminoacyl synthetase qui a lié AA et  tRNA, avant que le systéme actuel ne soit en place. On retrouve ici la préexistence de l'ancêtre des ribosomes  par rapport au code génétique, renforçant mon idée selon laquelle les ribosomes sont les reliquats des premières formes de vie.

Le code génétique est redondant, plusieurs triplets correspondant à un même acide aminé. Cette redondance pourrait s'expliquer par la coexistence ancienne de plusieurs codes différents, provenant de formes de vie différentes, qui se seraient par la suite organisés en un ensemble unique, par transfert d'information résultant de processus de fusion de cellules, à l'occasion des premiers phénomènes de nutrition par exemple, ou du développement de parasites ou de virus. Le tout était de parvenir à un échange de différents ARN de transfert, dont les séquences furent par la suite incorporées dans le génome ADN, lorsque cette molécule fit son apparition.

Séquestration
Le problème des membranes protectrices est d'une grande importance pour l'origine de la vie.Si l'on se rappelle la fragilité des polymères biologiques vis à vis de l'eau, le sel moyen de les protéger d'un dilution fatale est de les envelopper dans une membrane fortement hydrophobe.

Dans les cellules modernes, les membranes sont constituées de protéines insérées dans une double couche de phospholipides. La synthèse de ces dernier réclame des enzymes spécialisés, et on ne peut donc supposer qu'ils ait été présents à l'aube de la vie. D'autres composés présentant des propriétés similaires devaient assurer leur fonction. Le point commun à des molécules devant former des vésicules au contact de l'eau est qu'elles doivent être amphiphiles, c'est à dire composées de deux parties: une "tête" hydrophile se trouvant spontanément vers les molécules d'eau et une "queue" hydrophobe qui se dispose avec ses consoeurs.

Parmi les molécules qui se forment dans les conditions abiotiques, il en est qui vont posséder les propriétés adéquates à la formation de vésicules closes: elles ont été observées dans la météorite de Murchison, donc leur synthèse dans le milieu interstellaire est possible. Elle a été réalisée expérimentalement (Bernstein, 1999), à partir de glace d'eau, de ammoniac et de méthanol exposée à un rayonnement UV. On obtient des composés amphiphiles d'une dizaine d'atomes de carbone, qui peuvent s'organiser en vésicules closes dans l'eau liquide. Outre les UV, les protons émis dans les vents stellaires peuvent aussi conduire à la formation de ces molécules. Cela permet leur synthèse dans les profondeurs sombres et froides (- 258 °C!) des nuages protoplanétaires, là où ne pénétrent pas les photons UV (Dworkin, 2004).

Ces molécules pourraient être, par exemple, des phosphates de polyprényl (polymères de l'isoprène) qui peuvent être synthésisés à partir de formaldéhyde et d'acide phosphorique. Ces molécules ne sont pas des inconnues: elles sont présente dans toutes le membranes ou elles jouent le rôle de stabilisateurs (caroténoïdes, cholestérol), de transporteur (ubiquinones) ou de point d'ancrage (géranyl-géraniol, farnésol) pour d'autres molécules.

Voici a quoi aurait pu ressembler un des premiers organismes vivants: sur un ou plusieurs supports cristallins, les acides nucléiques sont reliés par des peptides à une membrane terpénique. L'évolution moléculaire tend à augmenter la taille et la complexite des peptides, qui stabilisent l'ensemble. La croissance cristalline créée des tensions sur les mmebranes, aboutissant à leur rupture progressive: la reproduction est en route!

Ces organismes fixent le carbone atmosphérique via un cycle qui, outre la production d'énergie, alimente les supports cristallins. Ces derniers vont progressivement perdre de l'importance lorque les capacités autoreproductrices de l'ARN (ou de son ancétre) vont se manifester et s'améliorer. Les peptides, qui sont apparu dans un milieu riche en composé minéraux, utilisent ceux cis pour leur topologie: c'est l'origine des cofacteurs minéraux, ainsi que du rôle joué par le Zn dans le repliement des acides nucléiques.

A ce stade, ite missa ect....

Reproduction

Si la synthèse de ces molécules a été favorisée sur les grains d'origine interstellaire, ceux ci ont du se retrouver englobés dans des vésicules qui les isolait de l'extérieur, et en particulier du milieu aqueux. A l'intérieur de ces paleomembranes on retrouvait un milieu réactionnel hydrophobe, susceptible d'orienter des molécules, de tordre des acides aminés et de favoriser certaines réactions chimiques. Ainsi, les molécules hydrophobes présentent dans l'eau ont tendance à s'accumuler entre les deux feuillets membranaires. On a donc pu avoir liaison entre les peptides s'ancrant et prenant leur origine dans la membrane et ceux se développant à la surface des grains : les membranes aurait été alors fortement "arrimées " aux particules ribonucléiques, constituant ainsi les premières véritables paleocellules. La croissance continue de la membrane peut en outre déclencher des phénomènes de bourgeonnement, de scission en deux vésicules (Luisi, 1998). Comme nous avons vu que nos particules ribosomiales peuvent se retrouver liées à la membrane, le bourgeonnement de celle ci entraîne une scission de ces particules: la reproduction est en marche!

Vu la taille des premières structures autoreproductibles, leur auto-enfermement dans des vésicules a du être rapide. Cette petite taille favorisant, en outre, les liaisons entre membrane et peptides, eux mêmes liés à lancêtre de l'ARN: on n'était dés lors plus très loin d'une cellule !

L'organisation des premiers génomes devait ressembler à ce que nous observons actuellement chez certains protozoaires: les séquences génétiques différentes, de petite taille, étaient présentes sous forme de nombreuses copies séparées. Lors des divisions accidentelles, puis organisées, des premières cellules, les différentes copies étaient réparties au hasard entre les cellules filles.

Non seulement les vésicules bourgeonnaient, mais elles était aussi capables de fusionner, mélangeant ainsi des matériaux génétiques divers dans un grand "marché commun" : les premiers génomes n'ont jamais été stables, et plutot que de parler de cellules indiduelles il conviendrait mieux de considérer les premiers êtres vivants comme les membres d'un réseau génétique d'échanges qui se stabilisera ultérieurement (Woese, 1998) pour donner les 3 grandes familles actuelles (procaryotes, archeobactéries et eucaryotes).  On en déduit qu'il n'y a jamais eu, en fait, d'ancêtre commun à toutes les formes de vies actuelles, mais une "soupe génétique" commune d'où ont émergé au moins trois lignées distinctes. On passe en fait de l'idée d'un "ancêtre commun" à celui d'un "ancêtre communautaire" !conditions apparition vie

Le schéma ci contre  résume ce que nous savons des premiers pas des formes de vies élaborées après leur apparition: comme on le voit, leur environnement (Zahnle, 1996) était loin d'être d'un calme olympien !

On peut même se demander si, à la limite, une autre planète n'aurait pas été plus favorable à la vie! C'est ainsi que PCW Davies, de l'université Macquarie (Sydney, Australie) a calculé que si la vie réclame un nombre élevé d'étapes improbables pour se développer, alors il est très probable que les premières étapes de son developpement ait eu lieu sur Mars plutot que sur Terre (Davies, 2003). Bien que ce travail soit criticable (imprécis, et surtout négligeant l'influence importante de phénomènes comme les marées, inexistantes sur Mars), on peut aussi conclure de ces travaux (et c'est la direction que j'ai suivie jusqu'ici) que l'apparition de la vie ne nécessite pas d'enchainement précis d'étapes improbables, mais se produit inéluctablement lorsque les conditions physiques requises, communes, sont réunies.

Le tableau ci dessous reprend la vision classique des processus de l'apparition de la vie. Mes apports personnels ont été rajoutés en couleur.








STADES  EVOLUTIFS
EVENEMENTS MOLECULAIRES ET CELLULAIRES
Remarques
Hypothèses & idées personelles
SYNTHESE PREBIOTIQUE
Synthèse des principaux éléments structuraux
(acides aminés, bases, sucres, nucléosides, nucléotides, acides gras, cofacteurs...)

Il est exclu que ces molécules se soient formées ensembles (conditions de synthèse différentes), quelques unes seulement on du se concentrer sur des minéraux, et dès cette époque on a eu des aggrégats plurimoléculaires, et pas des solutions!)
synthèses réalisées en partie dans le milieu interstellaire et interplanétaire. Apport capital des micrométéorites
Condensation des éléments structuraux
(oligonucléotides, oligopeptides, lipides)
Pas d'ARN mais son ancêtre moléculaire, peut être très différent de lui.
apparition des membranes
(et monde d'ARN)

première ARN réplicase
trop tôt !
EVOLUTION DU PROGENOTE
Génomes d'ARN
Ils n'ont jamais existé sous forme d'ARN nu: ce dernier a toujours été relié à des protéines  jouant d'abord un rôle protecteur, puis catalytique : ce "génome" est en fait l'ancêtre du ribosome !

Des ribosomes spécifiques de peptides définissent le code génétique
(tARN primitifs, r ARN, aminoacyl tRNA synthases)
monde des RNP
(Ribo-
Nucleo-
particules)
trop tard ! Les RNP sont en fait antérieurs aux génomes en tant que tel!
Appareil de traduction dépendant de la matrice
(véritables mARN)
Transcription et réplication de génomes d'ARN bicaténaires segmentés
Génomes d'ARN recopiés en ADN
(ribonucléoside diphosphate reductase, transcriptase reverse)
Les enzymes cités sont le résultat actuel de 3 milliards d'années d'évolution moléculaire . Ce recopiage n'en a pas été un, mais une  compétition assurant une meilleure survie aux "génomes" comprenant de plus en plus d'ADN
Début de notre monde d'ADN.

PROGENOTE
(génome ADN, thymidilate synthétase, géne à introns, croissance lente, hétérotrophie) Le progénote devait avoir un matériel génétique comprenant ARN  mélés à des prtoéines et à des éléments minéraux, le tout en plusieurs exemplaires redondants et variables, dispersés dans le premier "cytoplasme".

EVOLUTION DES CELLULES ET DES ORGANISMES
lipides à liaison ester non ramifiés
(L glycérol)
lipides ramifiés à liaison éther
(D glycérol)
sélection de complexité croissante sans effet, ADN supplémentaire toléré
sélection pour croissance efficace, perte de l'ADN excédentaire
autotrophie
seuil Darwinien
Urcaryotes
(lignée nucléaire eucaryotes)

Eubactéries
Archaebacteries
Eucaryotes unicellulaires
Mitochondries phosphorylation oxydative,
photosynthèse
halophiles, méthanogènes et thermoacidophiles métabolisant le soufre
multicellularité
Chloroplastes

Animaux
(introns, hétérotrophes)
Végétaux
(introns, hétérotrophes / autotrophes)

introns perdus,
développement d'operons








Cette partie de l'histoire est mieux connue.
Toutefois, il y manque les échanges massifs de gènes entre organismes de régnes différents survenant avant le "seuil Darwinien"

Depuis le progénote, lien direct vers les nanobes, seuls reliquats actuels de cette époque.

ci dessus : d'après Biologie moléculaire de la cellule, Alberts & al., p. 1275, ed 2001.





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