RR's hall of fame

Les femmes et les hommes qui changent où ont changés

les sciences et les techniques


Dernière mise à jour: 2/3/2006

Cette page a pour but de distinguer les scientifiques et les ingénieurs qui ont réalisé, à mon sens un travail remarquable et ont honoré le genre humain. Ma sélection est éclectique, certains personnages étant connus, d'autres injustement dans l'ombre (et tous, hélas, bien moins célèbres qu'un joueur de foot...). Pour chacun, une brève biographie et, parfois, une photo. Il ne s'agit pas d'une admiration béate: certains personnages sont encore controversés, leurs opinions fortement discutables, mais leur contribution me semble majeure (et d'ailleur, c'est mon site donc je met ce que je veut... Vouloir libère, comme disait l'autre).

On a également tendance à oublier l'apport féminin en science. J'ai donc associé dans ce hall of fame des femmes scientifiques souvent injustement oubliées, voire ouvertement méprisées ou dépossédées de leurs découvertes... Vous verrez que, loin de l'image qu'en donne les livres scolaires, la science n'est pas un long fleuve tranquille, mais un vrai champ de bataille! Vous apprendrez ainsi que la science est faite par des hommes, avec souvent de nombreux défauts... et qu'il y est bien souvent dangereux de ne pas hurler avec les loups *

* penser différemment de la masse est dangereux pour sa carrière, même, et surtout, si l'on a raison.... Hélas, en science, avoir raison avant les autres, c'est avoir tort. Comme le disait sombrement un scientifique, les idées nouvelles s'imposent plus par la mort de leur contradicteurs que par la conversion de leurs détracteurs...


Bell - Bertin- Chandrasekhar - Sklodowska - Curie - Diesel - Dirac - Einstein - Folk - R. Franklin - Galilei - Jobs - Leavitt - Lemaitre - Levi-Montalcini - Mac Clintock- Maric - Meitner - Mullis - Noether - Payne-Gasposchkyn - Petit - Piech - Poincaré - Porsche - Prusiner - Sakharov - Schrödinger - Semmelweis - Von Braun - Wachtershauser - Watson - Wegener - Zwicky

A lire aussi... l'étrange aventure du Pr. Breit


Congrès Solvay 1927 (photo N. Bohr institute):
Quand reverra t'on pareille brochette de génies ? Entre autre, vous reconnaîtrez A. Einstein, N. Bohr, M. Curie, E. Schrodinger, M. Planck, W . Heisenberg...

Un bel exemple d'injustice scientifique! En 1967, sous la direction de A. Hewish, un des premiers radiotelescope ( mille poteaux supportant 1,5 t de fils de cuivre sur 2 hectares) est construit à l'université de Cambridge. Il enregistre n'importe quel signaux radio (quasars lointains, moteurs de camions...) et il faut donc un "volontaire" pour étudier et faire le tri des signaux. Cette tache échoit à Jocelyn, fille d'astronome, âgée alors de 24 ans. Comme elle le déclare: "6 ou 7 semaines après avoir démarra cette étude, j'avais sous les yeux quelque chose qui n'était ni un bruit, ni un parasite d'origine terrestre". En fait, elle repère un signal périodique, extrêmement régulier (toutes les 1,337011 secondes). Après avoir pensé à un signal envoyé par une intelligence extraterrestre. Peu motivée pour inscrire cette possibilité dans la thèse qu'elle finissait d'écrire, Jocelyn revient au labo la veille de noël, et découvre une nouvelle radio-source périodique. Elle laisse les enregistrements à Hewish, et découvre en janvier 1968 2 autres sources. Hélas, sa thèse est consacrée aux effets du vent solaire sur les réceptions radio et ne mentionne qu'en appendice les 4 radio-sources qu'elle a découverte. Lorsque Hewish annonce "sa" découverte, les journaux populaires parlent de jocelyn, mais se désintéressent vite de l'affaire. Hewish et Bell cherchent quelle est l'origine des signaux, impliquant les naines blanches et les étoiles à neutron.

Pour "sa" découverte, Hewish reçoit le prix Nobel, sans que le nom de Jocelyn ne soit prononcé... Fred Hoyle s'en émeut et écrit au times en 1975, mais Jocelyn elle même trouve sa colère excessive. Ce qui est excessif, c'est la réaction de Hewish, qui a déclaré que Jocelyn "n'avait agit que sur ses instructions et n'avait fait que noter des anomalies figurant sur des enregistrements". Voila une attitude typique de bien des "chefs de labo"!

En 1974, Jocelyn soutient sa thèse et obtient un poste à l'université de Southampton.

Cet ingénieur français et son équipe ont déposés plus de 800 brevets dans quasiment tout les domaines de l'industrie. Cet Edison national reste méconnu. Il était tout à la fois licencié en droit, diplômé de sup-aero et de l'école polytechnique. Il commence à travailler pour l'aviation, mettant au point un moteur Diesel pour avion, mais le moteur à réaction envoie ses idées au rancart. Déçu, il quitte l'armé et fonde son bureau d'étude, un des premiers en France. Ce bureau va donner naissance à des centaines d'inventions toujours utilisées de nos jours: l'inverseur de poussée des turbines à réaction, permettant leur freinage, en est un bon exemple. Ce touche à tout talentueux travaille aussi pour l'industrie nucléaire, invente une machine pour aider à la réanimation des noyés ou à la préparation des arachides... Il fonde en 1952 une société, "le moteur moderne", qui mettra au point pour les constructeurs automobiles l'ancêtre du turbo, le surpresseur Bertin. A la fin des années 60, il s'intéresse un moment à la voiture électrique, mais en déduit (30 ans avant les autres!) que son autonomie ridicule ne lui offre aucun avenir, sauf à fabriquer à bord le courant: il invente le concept de véhicule hybride, étudiant une auto dont le moteur électrique est alimenté par une génératrice Diesel. C'est à cette époque que l'ingénieur va se lancer à corps perdu dans le projet qui causera sa perte, et sera un des plus beaux exemple de ratage français: l'aérotrain (dont on peut voir encore les ruines sur 30 km, parallèles à la ligne Tours/Paris).

Le bureau Bertin a acquis une grande expérience en matière de coussin d'air, et il veut l'appliquer à un train monorail sur coussin d'air, propulsé par réaction! En 1965, Bertin propose de construire ce train au gouvernement, qui accepte. Les prototypes dépassent, avec 80 passagers, 420 km/h! (notre "glorieux" TGV atteint péniblement 300 km sur quelques km de voies...20 ans plus tard!). Quelques mois plus tard, le gouvernement retire brutalement son soutien à Bertin. La raison est, comme toujours en France politique: les communistes de la SNCF ne voient pas d'un bon oeil une initiative privée qui les dépasse. Ils obtiennent l'étude d'un train à grande vitesse (revoilà notre TGV) mais les Kamarades, pour arguer de sa supériorité, ont le culot de dire que, contrairement à l'aérotrain, ce TGV pourra emprunter les voies existantes... ce qui est un énorme mensonge, toutes les lignes devant être refaites pour rouler à 300 km/h...

Bertin, dépité et désespéré par ce lâchage, meurt en décembre 1975. Le gouvernement a détruit le projet d'aérotrain, après y avoir investi des millions en pure perte, qui aurait permis, entre autre, de relier Toulouse à Paris en moins de 2 h... (il en faut 6 avec le "TGV"!). Le rêve de Bertin n'aura pas été vain: avec la lévitation magnétique pour remplacer des coussins d'air, des monorails permettront de maintenir la grande vitesse sur de longue distance. C'est ainsi que fonctiionne le train à grande vitesse allemand ICE, concurrent de plus en plus présent de notre "TGV"...

 

Il est à l'origine d'une technique qui a révolutionné la biologie moléculaire: l'amplification des gènes (polymérase chain réaction ou PCR) qui permet d'obtenir en quelques h des millions de copies d'un acide nucléique (qui est ainsi "amplifié"). Cela permet son analyse de façon automatique, fiable et rapide.

L'idée maîtresse d'une réaction en chaîne lui est venu alors qu'il partait en Week end, en voiture, sur une route montagneuse de Californie (pléonasme!). Cette technique était si puissante et si nouvelle qu'elle mit du temps a être acceptée: Plusieurs mois furent nécessaires, et la première présentation de la méthode ne retint que fort peu l'attention. Ce fut J. Ledeberg, ancien prix Nobel, qui remarqua le premier cette technique, car il avait eu, dans les années 60, une idée similaire (à l'époque, les techniques ne permettait pas sa mise au point).

La petite histoire raconte que Mullis est un incorrigible coureur de jupon, et qu'après s'étre baladé nu comme un vers dans l'hotel des Nobel à Stockholm, il aurait même effectué des "propositions indécentes" à une princesse de Suède!
Néanmoins, la méthode de Mullis est à la base de toutes les études de génétique. Quant il l'a découverte (et brevetée), il travaillait pour la société Cetus. Il est actuellement indépendant et exerce la fonction de consultant en amplification génique à La Jolla, Californie.

Ce physicien émérite (prix Nobel 1983) est le fils de Raman, lui même prix Nobel en 1930! Étudiant à Madras, il excelle en math et physique. Il se forme lui même à partir de vieux articles. Gagnant un concours au collège, il choisit comme prix l'ouvrage d'Eddington portant sur la structure des étoiles. Titulaire d'une bourse pour aller étudier à Cambridge, il doit naviguer plusieurs semaines pendant lesquelles il rédige deux articles. En particulier, il incorpore les conséquences de la relativité aux équations de Fowler décrivant la structure des naines blanches. Il découvre qu'au delà de 1,44 masse solaire, la naine blanche doit s'effondrer encore...

En 1932, il écrira même "on ne pourra envisager de progrès décisif en matière de structure stellaire tant que l'on n'aura pas répondu à une question fondamentale: que se passe t'il lorsque l'on comprime indéfiniment la matière ?". Cette question reste toujours d'une brûlante actualité!

Fowler reste sceptique devant ses résultats, aussi les améliore t'il, chassant de ceux cis les moindre simplifications et approximations. Pendant ce temps, on se moque de lui. Il est "cet hindou qui pense que la matière peut dégénérer". Il présente ses résultats en 1934, mais Eddington ne croit pas aux résultats obtenus, pendant qu'il y a une erreur de formulation. Eddington contredira systématiquement Chandrasekkar, pendant 4 ans, alors même que Rosenfeld, Bohr et Pauli valident la démarche du jeune hindou. Las de se battre seul contre tous, en 1938, il gagne l'université de Chicago puis il publie en 1939 "une introduction à l'étude de la structure stellaire", puis change de domaine de recherche. Il recevra le prix Nobel en 1983...

A l'automne 1891, une jeune polonaise se réfugie à Paris, chassée par l'avancée des troupes Russes qui occupent son pays, ou elle est accusée de comploter contre l'autorité du Tsar. Passionnée par les sciences, elle s'inscrit à l'université de Paris, et termine ses études dans des conditions pitoyables, se nourrissant surtout de chocolat et de pain... Elle rencontre dans la laboratoire ou elle travaille un Certain Pierre Curie. Ils travaillent ensemble, puis se marient. Sa fuite de Pologne comptera sans doute beaucoup dans les options politiques de Marie, puis de ses filles et gendre...

Dans un labo voisin, Becquerel découvre que l'uranium émet des rayons inconnus. Il pense aussi qu'il existe un autre élément qui doit émettre davantage encore de rayons, car certains de ses échantillons sont pauvres en Uranium. Marie, à l'époque, cherche un sujet de thèse. Comme les rayons de Becquerel ne permettent pas de former des images, contrairement aux rayons X, celui ci s'en désintéresse. Marie reprend leur étude et Mendéléiev, consulté, répond qu'un nouvel élément ne peut prendre place dans son tableau, mais en dehors de celui ci, au delà de l'uranium...

Les Curie obtiennent donc de leur université la royale permission d'utiliser un vieux hangar de bois, qui servait à ranger les machines usagées, pour travailler. Ils vont y rester presque 4 ans, dans des conditions dantesques (fumées toxiques, chaleur, radio-activité...). Ils identifient d'autres matériaux, tels le thorium, qui émettent les "rayons de Becquerel". Marie nomme ces matériaux "radio-actifs". Les Curie obtiennent des mines de Bohème une tonne de résidus de pechblende, et commencent une extraction pénible. En juillet 1898, ils obtiennent un nouvel élément, qui rayonne 300 fois plus que l'uranium. Marie l'appelle Polonium. Ils montrent l'existence de nouveaux éléments, lourds, radio-actifs. En 1902, ils obtiennent 1 g de Radium, 2 millions de fois plus "actif" que l' Uranium (3 g de radium dégagent en se désintégrant la même énergie que 1 t de charbon se consumant!). Ce composé, luminescent, chaud, est à l'origine de l'expression "énergie atomique". En 1898, Marie montre que la radio-activité est une propriété des atomes.

En 1903, Marie et Pierre reçoivent le Nobel avec Becquerel. Leur santé décline déjà, Pierre conservant des fioles de radium plein les poches... Pendant ses recherches, Marie avait eu son premier enfant, Irène (prix Nobel 1935, avec son Mari Frédéric Joliot, quelle famille !). Bien que prix Nobel, Marie ne peut enseigner a l'université (pensez donc! une femme!). Il lui faudra attendre la mort accidentelle de son époux, en 1906, pour qu'elle puisse hériter de sa chaire à la Sorbonne (ce fut la première femme à le faire!). Mettant en évidence l'intéret thérapeutique des rayonnements, elle est élue à l'académie de médecine (première femme, là aussi!). En 1911, Prix Nobel de chimie... Marie se singularise aussi par ses moeurs, jugées scandaleuses pour l'époque: au lieu de jouer les veuves éplorées, elle a une liaison avec une homme plus jeune...
Elle s'éteint en 1934, victime d'une leucémie, manifestation d'un cancer généralisé due à sa fréquentation des matériaux radio-actifs, dont le danger était, à l'époque, inconnu. Lorsque l'on examina, bien plus tard, son carnet de laboratoire, on se rendit compte que même ses empreintes digitales était radio-actives !

A noter: un livre est paru reprenant les leçons de physiques données à des enfants par les Curie, mais aussi Langevin. Il est intéressant de voir leur approche, en particulier pour les professeurs.


Cet ingénieur Français (hé oui, né à Paris en 1858) est mort assassiné par les services secrets allemands en traversant la manche en 1913. En 1892, il présente le moteur qui porte son nom: dans son moteur à combustion interne à 4 temps (admission - compression - détente - échappement), il n'y a aucun dispositif d'allumage: c'est la forte compression du mélange air/carburant qui le réchauffe jusqu'à ce qu'il s'enflamme. Gros avantage: simple et solide, ce moteur peut utiliser un carburant peu volatil (qui ne s'enflamme pas trop facilement comme l'essence, car sinon l'allumage est trop hâtif). On utilise alors de la poussière de charbon, de l'huile lourde, puis du gazole.

En fait, le principe du moteur a allumage par compression est est dû à Akroyd Stuart (brevet de 1890), Mais c'est Diesel qui le rend techniquement exploitable en augmentant les compressions. Le premier moteur Diesel est un énorme (piston de 25 cm de diamètre!) monocylindre développant 18 cv, ensuite perfectionné pendant 4 années et sa première grande application concerne la propulsion maritime, et en particulier celle des sous marins. Enormément jalousé, R. Diesel refuse de laisser l'exclusivité de son moteur à l'armée allemande et prend contact avec W. Churchill pour équiper la marine anglaise. Il signe là, sans le savoir, son arrêt de mort.

Aujourd'hui, le moteur qu'il a inventé équipe toutes les machines nécessitant une forte puissance (bateaux, engins de chantier, camions) ainsi que les automobiles. Sans cesse perfectionné, c'est actuellement le moteur 4 temps possédant le plus fort rendement, et entraînant les pollutions les plus faibles. Il ne sera probablement détrôné que par le moteur électrique, ou à air comprimé...


Ce grand physicien anglais (son père était d'origine française) fait partie des fondateurs de la mécanique quantique. Il est le seul à ce jour a avoir réussi le mariage entre relativité (restreinte) et mécanique quantique. Sa théorie de l'électrodynamique quantique est élaborée en 1928, et concerne alors l'électron. Sa théorie à trois conséquences d'une grande importance: le spin de l'électron en découle naturellement, le moment magnétique de cette particule est calculé et elle permet d'expliquer la formule de structure fine de Sommerfeld (ça, c'est pour spécialiste...j'en reparlerai!). Dirac reçoit en 1933 le prix Nobel, avec Schrödinger, l'ami des chats, pour son électrodynamique quantique.

L'essentiel du travail de Dirac, comme pour beaucoup de physiciens de son époque, a été effectué à Göttingen, ou il logeait avec Oppenheimer chez l'habitant, dans une vaste maison située en face de l'observatoire d'astronomie (Gauss y avait travaillé). Lorsque Dirac passait au tableau noir, il alignait les symboles sans un mot, son formalisme étant plus précis qu'aucune parole humaine. Dans une des salles du deuxième institut de physique, bien des collègues, mêmes puissamment armés intellectuellement (il y avait là Heisenberg, Hilbert, Atkinson, Oppenheimer...) étaient incapables de le suivre. Dirac s'enferma dans son monde mathématique (c'est le cas de le dire: il était renommé pour son mutisme quasi absolu!), et il en ramena des trésors.

L'équation établie par Dirac possédait cependant une particularité: c'était une équation du deuxième degré, pouvant donc admettre 2 solutions (rappelez vous vos math! solution de ax2+bx+c=0). L'équation donnant l'énergie d'un électron était: E2=c2p2+m2c4 avec, donc, pour solution E= + ou - c x racine carrée de (p2+m2c2). Comment expliquer cette énergie négative ? Dirac commence par penser que ce n'est qu'une aberration mathématique (une telle attitude est assez courante chez les physiciens...) puis en 1929 il se ravise: l'équation est trop belle, il doit exister des électrons à énergie négative, autrement dit des anti-électrons, de charge positive! Dirac recule néammoins devant cette éventualité, et pense que cet "électron positif" peut être, en fait, le proton. Interrogé des années plus tard par M. Gell-Mann, le découvreur des Quarks, sur ce manque d'audace, Dirac admettra qu'il n'a pas osé proposé l'existence du positon (découvert en 1932 par Anderson et Blackett) par "pure lâcheté". Toutefois, ses travaux sont bien l'acte de naissance de l'antimatière, identifiée par la suite dans les rayons cosmiques.

En 1931, il présente des arguments montrant qu'il doit exister dans l'univers des particules très massives (1016 Gev! soit 0,02 microgrammes, comme une bactérie!), les monopoles magnétiques, présentant la caractéristique de ne posséder, comme leur nom l'indique, qu'un unique "pôle" magnétique. Pour cela, il considère un déplacement d'électrons le long d'une boucle fermée. Quelle que soit les fonctions d'onde du système, leurs facteurs de phase (quantités qui se rajoutent à la fonction d'onde et qui sont difficilement calculables) doivent alors être identique (état physique de départ = à celui d'arrivée). Il en déduit deux choses importantes:

- une justification des équations de Maxwell

- l'existence des monopôles magnétiques.

En 1982, à Stanford, il est possible qu'un monopole magnétique ait été détecté. Ceci n'a jamais cependant pu être reproduit, donc confirmé. Par la suite, Dirac poursuit les réflexions de Planck et Eddington sur les constantes physiques. En 1937, il avance une nouvelle conception de la physique, basée sur son "algèbre des q-nombres": cette physique opère sur des système d'unités dépendant de l'ordre de grandeur des phénomènes à considérer, et ses conséquences sont fantastiques:

- explication de l'expansion de l'univers sans big bang

- explication du rayonnement cosmologique sans big bang

- variabilité de certaines constantes, en particulier G qui doit diminuer avec le temps.

A ce jour, la variabilité de G n'a pas été mise en évidence, ce qui a conduit à l'abandon des vues de Dirac. Et pourtant, il avait élaboré une nouvelle physique... qui sait si de nombreux secrets de notre univers ne gisent pas cachés entre les lignes de ses calculs, dans les constantes mêmes que nous manipulons tous les jours sans y réfléchir... P.A.M Dirac nous a quitté le 20 Octobre 1984, dans l'indifférence générale de la presse française...

Quelques ouvrages:

the principle of quantum mechanics, cambridge university press, 1930

General theory of relativity, New York, Wiley, 1975


Âgé actuellement de 75 ans, ce spécialiste de la géologie des sédiments à l'université du Texas à reçu de nombreux prix pour ses travaux de pétrographie. Dans les année 80, il s'intéresse au rôle des bactéries en géologie. En fait, son goût immodéré pour la cuisine italienne le conduit à étudier mes travertines italiennes. Il découvre alors le rôle des bactéries dans la précipitation des minéraux au sein des sources chaudes. Il revient en Italie en 1988 et, en utilisant un nouveau microscope à balayage, il découvre des structures de l'ordre de la dizaine de nm dont la forme lui fait penser à des bactéries. Il les appelle "nanobactéries" bien qu'elles soit 10 fois trop petites pour cadrer avec ce que l'on sait des bactéries! Il les observe en quantité phénoménale, d'autres travaux les impliquant dans de nombreux phénomènes de minéralisation, et ce même dans le corps humain! Ces corpuscules serait également identifiés dans des météorites carbonées (Allende, Murchison), généralisant le vivant. L'analyse de ces corps effectuée par P Uwins à l'université du Queensland établit bien qu'il s'agit d'êtres vivants dont nous ignorons tout, qui vivent partout, y compris dans la croûte terrestre!

Cela ne pouvait "passer" dans le monde scientifique, et Folk à été vivement attaqué. Comme il le dit lui même "My first oral presentation of the idea elicited mostly a stony silence". Il n'y a pas de programme de recherche officiel sur ces formes de vie... Comme Folk est un géologue, les microbiologistes le méprisent... rien de nouveau sous le soleil !

Les choses en sont là. En France, je n'avais jamais entendu parler de ces formes de vie (et pourtant je lis à peu près toutes les revues de vulgarisation depuis 15 ans!). J'en ai eu connaissance par hasard (dans un fascicule des témoins de Jéhova, un comble!). Consultez donc le site de Folk ("the father of nannobacteria") à l'université du Texas pour avoir un compte rendu complet !

Née en 1920, miss Franklin devient rapidement (diplômée de Cambridge à 22 ans) une spécialiste de la cristallographie par rayons X. Cette technique permet d'observer la répartition des atomes dans un cristal, ce qui permet de déterminer, après des calculs laborieux, la structure de la molécule cristallisée. Après avoir travaillée sur le graphite et d'autres composés carbonés, elle rejoint la France, dans un laboratoire de cristallographie de Paris ou elle fait la connaissance de J. Mering. Elle obtient un 1951 l'équivalent d'une bourse de 3 ans pour le King's college, à Londre. J. Randall la charge de travailler sur le grand problème de l'époque (1952): l'ADN. A cette époque, on sait que l'ADN est le support de l'information génétique, mais on ignore sa forme et on ne sait pas comment il peut transmettre cette information. Rosalind va devoir travailler avec un collègue, Maurice Wilkins, qui a obtenu des échantillons d'ADN sous forme cristalline.

Ce dernier, troublé, va prendre l'ascendant sur elle. Leurs rapports inamicaux perturberont Randall. Wilkins finira par s'approprier les découvertes (encore!) de celle qu'il surnomme "Rosy". En effet, Rosalind obtient les premiers résultats important sur l'ADN: elle montre que l'extérieur de cette molécule est constitué d'une "échelle double" de sucres, et que les bases sont situées vers l'intérieur de la molécule. Randall veut présenter ces résultats avant qu'il ne soient publiés: Rosalind est une perfectionniste et veut confirmer ses observations par d'autres analyses. Elle refuse de fournir des résultats partiels. Malheureusement pour elle, le colloque auquel participe Randall est aussi celui ou assiste JD Watson. Celui ci, avec Crick, fait des pieds et des mains pour obtenir les clichés de Rosalind, avec la complicité de Wilkins. Finalement, les résultats de Rosalind leur permettront de confirmer et d'orienter leur modèle de la double hélice.

Cette dernière compte bien participer activement à l'exploration des conséquences de la structure de cette molécule mais elle n'en aura pas le temps: en 1958, à l'age de 37 ans, après avoir éllucidé précisément la structure du virus de la mozaïque du tabac, Rosalind meurt d'un cancer. Se sachant condamnée, elle continua son travail jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent, quelques semaines avant la fin.

En 1962, seules trois personnes recevront le Nobel: Watson, Crick , Wilkins (hum hum!). Le comité Nobel se justifia en mentionnant qu'on ne peut discerner le Nobel à titre posthume. Mais aucun des 3 lauréats n'eut un mot pour Franklin, morte 4 ans plus tôt. Encore une fois, une femme d'un niveau scientifique exceptionnel restera dans l'ombre uniquement à cause de son sexe! Réalisant un peu tardivement son manque d'égards, Watson avoua plus tard qu'après la découverte, lui et Crick "en vînmes à apprécier son honneteté et sa générosité, comprenant, avec des années de retard, quelles luttes une femme intelligente doit soutenir pour être acceptée d'un monde scientifique qui ne considère souvent les femmes que comme une diversion à des préoccupations sérieuses"

Lien vers une étude de la photo 51, prise par Francklin et contribuant à révéler la structure de l'ADN

Un homme hors du commun, un esprit profond, qui entrevit avant tous les autres les conséquences de la relativité générale mais dont les contributions restèrent dans l'ombre. Était-ce à cause de ses fonctions ecclésiastiques? Pourtant, il précisa à mainte reprises que sciences et foi ne devaient pas être confondu, s'élevant même, au cours du congrès Solvay de 1958, contre la "récupération " du big bang par le pape Pie XII en 1951.

Les travaux de Lemaître, remarquable mathématicien, s'inscrivent dans la perspective des conséquences cosmologiques de la relativité générale.Einstein avait formulé un modèle d'univers statique (et instable....) Lemaître vit le premier que la relativité impliquait naturellement l'existence d'une dynamique universelle, d'une origine de l'univers. Il mit au point, en même temps que Friedmann, le premier modèle d'univers dynamique, comportant une origine temporelle: le big bang, qu'il nomma "atome primitif". En 1927*, il montre que ce modèle d'univers implique l'existence d'une expansion de l'espace en fonction du temps (ces modèles d'univers homogènes et isotropes sont toujours ceux utilisés aujourd'hui...). Lemaître relie cette expansion de l'espace aux vitesses des galaxies, comprenant que les vitesses observées sont les résultantes du mouvement propre des galaxies mais aussi de l'expansion de l'espace lui même! Examinant les vitesses d'une quarantaine de galaxies proches, il en déduit une première valeur d'un coefficient de proportionnalité entre la distance et la vitesse de fuite: 2 ans plus tard, Hubble publiera des travaux similaires, et ce coefficient deviendra la "constante" de Hubble!

Pourquoi Lemaître est il ainsi ignoré? Tout simplement parce qu'il a publié ses travaux dans un journal francophone, ce qui leur assure une diffusion limitée. Il faudra qu'Eddington les traduise en 1931, mais en oubliant la première détermination du taux d'expansion de l'univers... En toute justice, la "loi de Hubble" devrait donc s'appeller la "loi" de Lemaitre-Hubble...

Le premier, Lemaître calcule les différentes géométries possibles pour l'univers en fonction de sa densité matérielle et de la constante cosmologique (en 1931), dont il défend l'intérêt contre Einstein lui même, qu'il rencontra à plusieurs reprises, à Pasadena notamment, et avec lequel il entretint une correspondance abondante. A la suite d'E. Cartan, qui en a démontré la cohérence mathématique, Lemaître montre qu'une constante cosmologique est nécessaire si l'on veut accorder l'âge de l'univers avec celui de la Terre, déterminé à l'époque pour la première fois par l'étude de la radio-activité.

Le modèle d'univers qu'il bâti est de nature hypersphérique, et il s'interroge sur sa morphologie. Ses réflexions sur la constante cosmologique, dont il reproche l'abandon à Einstein, sont prémonitoires. Sa nécessité, outre la concordance entre âge de la Terre et de l"univers, repose sur deux considérations toujours actuelles:

- la constante cosmologique permettrai de faire le lien entre relativité et physique quantique: "La gravitation n'est pas toute la physique.(...) La constante cosmologique (...) n'est elle pas l'indication d'un élargissement ultérieur de la théorie, une théorie qui parviendrait à unir et synthétiser le point de vue de la relativité et celui de la mécanique quantique ou figure aussi une constante caractéristique: la constante de Planck, qui n'est peut être pas sans rapport avec la constante cosmologique". Cette phrase pourrait bien se révéler prophétique...

- la constante permet d'introduire un terme "répulsif" qui contrebalance la gravité, ce qui permet de comprendre l'évolution des galaxies dans les limites de temps imposées par le big bang. Ce problème de la formation des galaxies est actuellement à résoudre.

Lemaître, outre ses qualités de cosmologiste, a défriché, avec 40 années d'avance, les voies menant à l'étude de ce spectre qui hante la physique; la constante cosmologique!

* Lemaitre G. Un univers homogène de masse constante et de rayon croissant, rendant compte de la vitesse radiale des nébuleuses extragalactiques. Annales de la société scientifique de Bruxelles, 1927


Henrietta est la fille d'un pasteur, dans la région de Harvard. Le directeur de l'observatoire, Pickering, a besoin de personnel pour des tâches peu passionnantes: un relevé systématique photographique et spectrographique des étoiles, nécessitant l'examen minutieux de centaines de clichés... Il embauche donc, pour presque rien, des femmes de la région. Certaines effectuèrent des travaux de premier plan, mais elles ne furent jamais reconnues. Henriette participe à cela, et après avoir été assistante de recherche bénévole (un statut encore très répandu dans les Labos de nos jours, et pas seulement pour les dames!), elle est titularisée en 1902. Elle analyse des photos venant du Pérou et concernant les nuages de Magellan (2 galaxies satellites de la notre). Elle y découvre un millier d' étoiles variables céphéides. Jusqu'en1908, elle utilise les clichés qu'elle possède pour en étudier la période. Elle note l'existence d'une relation période/luminosité: plus la période est longue, plus l'étoile est intrinsèquement brillante... Confirmant son résultat, elle publie celui ci en 1912. Il devenait alors possible, en identifiant la période d'une céphéide dans une galaxie lointaine, d'en connaître la vrai luminosité. En la comparant avec la lumière reçue, on en déduit la distance de la céphéide (et donc de la galaxie qui l'abrite...CQFD). Mais Pickering détourna Henrietta de cette voie, et lui confia d'autres tâches concernant les techniques de photographie... Il faut dire que l'on ne disposait pas à l'époque de céphéide proche dont on connaissait la distance. C'est Hertzprung qui obtiendra ces données fondamentales.


Un géant parmi les géants. Tout ou presque ayant été raconté sur lui, je ne vais pas vous infliger une nouvelle hagiographie aussi inutile que vaine. Quelques remarques, toutefois. L'oeuvre d'Einstein dépasse l'entendement, et dérange encore tellement nos habitudes qu'elle n'est pas intégré, après plus de 80 ans, dans nos conceptions et dans notre enseignement secondaire. Il est à la fois le père de la relativité et un des fondateurs de la mécanique quantique. Pourtant, les résultats peuvent se présenter simplement: il n'est que de citer, pour les néophytes, les deux magnifiques BD de JP Petit (tout est relatif et le trou noir) ainsi que, pour ceux qui connaissent un minimum de physique, les oeuvres du grand Albert lui même, ainsi que de B. Hoffman. B. Greene donne une excellente description de l'oeuvre d'Einstein dans les premiers chapitres de son livre "l'univers élégant" (dont on a tiré une série TV de 3 épisodes).
Je ne ferais que quelques remarques. Premièrement, pour déplorer que le prix Nobel attribué a Einstein fasse l'impasse sur la relativité et ne concerne que l'effet photo-électrique. Deuxièmement, pour dire combien les conceptions d'Einstein sont dérangeantes encore: sa théorie des invariants se double d'une analyse géométrique de l'espace temps. Cette géométrisation du monde est d'une importance capitale, et explique pour une bonne part les difficultés à lier relativité et mécanique quantique. Plus encore, l'abandon des absolus (le temps en particulier) me semble annoncer une révolution dans la physique, laissant ouverte la possibilité d'une variation des "constantes" les mieux établies: nous n'avons pas fini d'en apprendre en relisant les articles et les conférences d'Einstein!

Certains doivent déjà se moquer: qui suis je pour commenter l'oeuvre d'Albert ? Un homme, né trop tard pour te rencontrer, trop tôt peut être pour connaître ton successeur (je l'ai peut être trouvé, je vous en reparlerai...). Il ne faut cependant pas croire que je n'ai pour lui qu'une admiration béate: Albert s'est trouvé, comme Dirac, désarçonné par les implications de ses découvertes. En proie à des blocages "épistémologiques", il s'est contraint à des contorsions mathématiques inutiles pour préserver la "stabilité" de l'univers, refusant ce que lui dictait ses propres équations, à savoir que l'univers évoluait. On pourrait aussi retoucher quelques imprécisions de la légende, comme celle faisant d'Einstein un remarquable mathématicien: pour l'essentiel, la partie mathématique de la relativité générale a été traitée non par Einstein mais par son ami M. Grossmann, professeur de mathématiques.

lien novaDans d'autres domaines, il commis bien des erreurs, ne pouvant accepter la mécanique quantique. Ainsi, dans le Pittsburg post gazette du 29 décembre 1934, il signe un article dans lequel il affirme que "les efforts pour libérer l'énergie de l'atome sont stériles". Il changera d'avis quelques années plus tard, et le signalera par une lettre au président Roosevelt, qui propulsera, pour le meilleur et pour le pire, le monde dans l'ére atomique. A. Einstein fut aussi d'une grande naïveté envers ses semblables (et d'une attitude plus que douteuse envers les nombreuses femmes qui partagérent sa vie, mais n'oublions pas que tout celà se passait il y a presque un siècle!), se trompa totalement sur la nature du régime soviétique (qu'il ne pensait pas totalitaire!), parfois d'un grand pessimisme, mais il nous a, en un sens, donné les clefs de l'univers. Salut Albert, ou que tu soit, nous tacherons d'en faire bon usage...


Qui est cette inconnue ? La première femme (légitime) d'Einstein. Pourquoi en parler ici ? Parce qu'au delà de son rôle d'épouse, cette femme manifesta une valeur scientifique certaine qui ne put éclore en raison des conventions sociales et de la mysogynie caractérisant le début du vingtième siécle... Jugez plutôt:

Mileva est d'origine Serbe (de la province de Vojvodine, mais de nationalité hongroise à cette époque). Plutot timide, elle est légèrement handicapée au niveau d'une hanche (coxalgie héréditaire), ce qui la fait boiter. Dès l'âge de 15 ans, ses dons exceptionnels lui permettent d'obtenir une autorisation spéciale lui permettant d'apprendre la physique et les mathématiques dans une école "de garçons", les filles étant jugées inaptes à comprendre ces matières... (et celà continue de nos jours, sans même avoir besoin d'une interdiction formelle...). Ayant brillamment terminé sa scolarité, Mileva veut s'inscrire à l'Université, mais problème: les femmes n'y sont quasiment jamais acceptées, ce qui la pousse tout d'abord a débuter des études de médecine avant de se diriger vers l'université de Zurich, en Suisse. Elle s'inscrit au cours de physique théorique, et découvre avec surprise qu'ls ne sont ques deux étudiants à suivre cet enseignement: son compagnon d'amphi est un beau jeune homme portant moustache, un peu plus jeune qu'elle, à l'esprit aussi acéré que le sien. Il s'appelle Albert Einstein.

Comme il arrive souvent à des étudiants partageant les mêmes intérêts, nos deux héros débutent rapidement une liaison amoureuse.
Après une première année réussie, Mileva part à l'université d'Heidelberg ou enseigne P. Lenard. Ce dernier a une approche novatrice, et ses cours, combinés aux oeuvres de Maxwell, alors non enseignées, fournissent à Albert et Mileva la matière d'un premier livre de physique écrit en commun. Mileva deveint l'assistance du prof. Weber, et commence dès lors sa thése (ce qui est exceptionnel pour l'époque...).
Les choses commencent à mal tourner lorsque Einstein avoue sa relation à sa mére: impossible pour elle d'accepter une femme boiteuse, hongroise et, surtout, qui n'est même pas juive ! Cette défiance maternelle est cependant un moindre mal à coté de l'évènement qui va faire basculer la vie de Mileva: après deux ans de relations, en ces temps où les moyens contraceptifs sont ceux recommandés de nos jours par le vatican, Mileva se retrouve enceinte. Sans être mariée... Catastrophe, honte et autre réprobation sociale unanime à cette époque pourtant pas si lointaine. Impossible de promener un gros ventre de fille-mère dans les couloirs plus que machistes de l'université d'alors: alors qu'Einstein verrait d'un bon oeil une éventuelle paternité, Mileva se voit contrainte d'abandonner sa thèse et la physique, et de retourner finir discrêtement sa grossesse en Hongrie. Nous sommes alors en 1902. Alors qu'Albert désirait un garçon, Mileva accouche d'une fille, Lieserl, qui disparaît au bout de quelques mois. Elle aurait été adoptée (avec un gros conditionnel), peut être par la meilleure amie de Mileva. La fille d'Einstein constitue ainsi le premier mystère, et la seconde victime, après sa mère, de la légende en train de s'écrire.

 Mileva retourne à Zurich retrouver Albert (de fait, le couple aura souvent été séparé et entretenait une correspondance suivie) et, pour se prémunir contre toute nouvelle aventure, ils se marient le 6 Janvier 1903, après la mort du père d'Einstein. C'est alors que commence une intense période de collaboration scientifique entre Einstein et sa femme. La situation matérielle du couple est loin, alors d'être brillante: les premiers articles envoyés aux Annalen der Physik ne nourissent pas leur homme, et le couple vit d'expédient jusqu'à ce qu'Albert soit recruté au désormais fameux bureau des brevets de Berne. Néammoins, le couple Einstein travaille beaucoup, et Albert lui même avouera à propos de Milena: " Sans elle, je n’aurais jamais commencé mes recherches, et je ne les aurais certainement jamais terminées." Leur premier fils, Hans Albert, nait en 1904. L'année suivant est l'"année miraculeuse" de la physique, avec la publication de la théorie de la relativité restreinte. Il est difficile de voir quelle a été la "contribution" de Mileva à la genèse de la relativité. Il est certain, toutefois, qu'elle ne s'est pas contentée de faire la soupe pour le maître! Malgré des avis tranché et empreint de nationalisme exacerbé, où les souvenirs de Hans Albert (âgé de quelques années au moment des faits....), il est plus que probable, au vu de l'oeuvre postérieure d'Einstein, que Mileva aura aidé Albert à résoudre nombre de difficultés mathématiques surgissant sur le chemin de la relativité: comme je l'ai déjà mentionné et contrairement à la légende, Einstein n'était pas un grand mathématicien (enfin, pas assez bon pour tous les calculs à accomplir, même si il aurait "mis la patée" à vous ou à moi) et il est probable que Mileva tint à ses côtés le rôle qu'aura, un peu plus tard, Grossman.

En 1911, la famille Einstein, qui compte un enfant de plus depuis 1910, part pour Prague. La relation entre les époux commence à se déliter, Albert, célèbre à présent, ayant bien du mal a réfréner son goût pour les femmes... C'est ainsi qu'en 1912, il retrouve sa cousine Elsa, qui devient rapidement sa maîtresse. La vie du couple va mal, il n' est déjà plus question de collaborations scientifiques: Einstein désire que sa femme se conforme à tous les canons de la parfaite mère de famille des années 1910, passant ses journées à pouponner, repasser et cuisiner... Pour un esprit aussi remarquable que celui de Mileva, c'est une véritable "castration intellectuelle". Le divorce devient inévitable, des rumeurs faisant même référence à d'éventuelles torgnoles distribuées un peu trop fréquemment par le père de la relativité (attention, nous sommes en 1913, battre sa femme est alors considéré, en Europe, comme "relativement" normal... comme quoi oui, le progrès existe!). Mileva s'oppose à l'installation du couple à Berlin en 1914: peine perdue. Ne pouvant plus supporter sa vie de couple, Mileva se retire en Suisse avec ses deux enfants. Lorsqu'elle veut revenir, Albert lui impose des conditions draconiennes: elle jouera uniquement un rôle de "bonniche" veillant au confort du maître (ce dernier avait stipulé ses conditions par écrit: " 3 repas servis chaque jour ponctuellement dans sa chambre, pas de reproches, pas d'intimité". Dès lors, le divorce est la seule solution, bien qu'elle y répugne. Albert prend la décision pour elle, et Mileva se retouve seule et quasiment sans ressources avec ses deux enfants à charge, lesquels prendont rapidement leurs distances avec un père à l'aura écrasante. Le divorce ne sera prononcé qu'en 1919. L'année précédente, Albert avait consenti à fournir à Mileva, pour elle et ses enfants, le revenu de l'éventuel prix Nobel de physique qu'il pensait recevoir. Cet arrangement fut respecté et Mileva reçu en 1922 les 32500 dollars du prix.

Toutefois, ni Mileva ni, dans une moindre mesure, ses enfants, ne se remirent de cette séparation. Hans Albert est en effet malade, soufrant de
schizophrénie. Son état se dégrade, minant la santé mentale de sa mère. Tous deux se retrouvent à l'asile, et Mileva y mourra d'un accident vasculaire cérébral en 1948.
 
Note: L'image d'Einstein ne sort pas, à nos yeux, grandie de sa relation avec Mileva. Toutefois, il nous est difficile de juger le comportement du grand Albert, en 1915, avec nos conceptions actuelles, près d'un siécle plus tard. Les relations hommes-femmes, à cette époque, était souvent du même ordre que dans le couple einstein, et le fait même d'accorder un revenu à son ancienne femme passait alors pour une largesse quasiment incompréhensible... Nous ne devons pas oublier qu'Einstein, la légende, s'inscrit dans le temps d'Albert, l'homme du début du vingtième siécle!

Rita Levi Montalcini a effectuée ses études de médecine à l'université de Turin jusqu'en 1936. Cela ne fut pas sans mal: confrontée à l'opposition de ses parents (son père , Adamo, était un mathématicien et un ingénieur reconnu, mais il était persuadé qu'une femme ne devait travailler qu'au foyer de son mari...), elle ne vint que tardivement à l'université: a 20 ans, son père lui donnant sa permission de s'inscrire, elle comble en 8 mois ses lacunes en langues anciennes, alors indispensables, en mathématiques, passe son diplôme et entre à l'école de médecine de Turin. Elle effectue, indécise, une spécialisation en neurologie et psychiatrie, et pense à la médecine humanitaire.

Rita s'intéresse au problème posé par le développement du système nerveux. Sui l'on considère le nombre des connexions entre les cellules neuronales et les cellules de l'organisme, on est gêné pour décrire l'origine de l'information nécessaire à l'établissement de ces jonctions: soit elle est contenue toute entière dans les gènes, et se répète selon un "patron " toujours identique (mais l'ADN lui même ne peut contenir autant d'information!), soit les connexions se font "au pif" et seule subsistent celles qui sont efficaces, soit enfin il existe un "guide" qui indique aux neurones "par ou il faut aller" pour trouver une cellule musculaire à innerver, par exemple.

En 1934, le Pr V. Hamburger étudie l'innervation de l'embryon de poulet. Pour cela, il greffe sur celui ci des ébauches de membres à différents stades de développement. Bien que d'interprétation difficile, ses résultats corroborent ceux obtenus par Harrisson sur des amphibiens, qui montrent que les vitesses de croissance des fibres nerveuses dépendent de l'état de l'organe greffé sur l'embryon: il existe un "champ périphérique" qui guide le développement des fibres, il existe donc un guide pour le développement. Rita va découvrir et caractériser ce guide, le NGF (Nerve Growth Factor- facteur de croissance du nerf).

Mussolini, en1936, déclare par le "Manifesto per la Difesa della Razza" que les activités de recherche sont interdites à des non-aryens. En conséquence, Rita effectue un bref séjour à Bruxelles, dans un institut de neurologie: l'invasion allemande en 1940 la contraint à rentrer en Italie, où: elle continue ses recherches, dans des conditions plus que précaires, en installant un laboratoire dans sa chambre, puis dans la cuisine de sa maison de campagne. Elle est rejointe par Giuseppe Levi, évadé de Belgique, qui sera son seul assistant. Dans les derniers mois de la guerre, elle assure les fonction de médecin humanitaire dans les camps de réfugiés de l'Italie du Sud.

Après guerre, elle retourne à Turin, très intéressée par les résultats obtenue à St Louis, par Hamburger. En 1947, elle rejoint son équipe, à St Louis. E. Bueker a l'idée en 1948 de remplacer les membres greffés par Hamburger par un ensemble de cellules homogène, fournissant un "champ" homogène: il choisi d'utiliser des cellules cancéreuses de souris, provenant d'une tumeur nommé sarcome 180. L'équipe Hamburger analyse ses résultats, et découvre que la greffe provoque une augmentation du volume des ganglions nerveux (lymphatiques) qui courent le long de la colonne vertébrale, ainsi qu'une fantastique multiplication du nombre de fibres nerveuses. Rita en déduit que la tumeur "sécrète une substance chimique capable d'induire cette croissance étonnante des ganglions lymphatiques ainsi que l'éxubérante ramification de leurs fibres nerveuses". Rita montre que cet effet peut être obtenu in vitro, sur un ganglion isolé mis en présence de fragment de tumeur. Il reste à identifier la molécule à l'origine de cet effet. Rita n'est pas biochimiste: elle fait appel à S. Cohen, qui doit identifier la molécule (ce dernier partagera le Nobel avec Rita en 1986). En voulant utiliser, à des fins de purification, du venin de serpent, Rita et Stanley découvrent que la substance qu'ils recherchent y est présente, et en plus grande quantité que dans le sarcome p180! Stanley l'isole, montre qu'il s'agit d'une protéine et, vu son effet, il le nomme facteur de croissance du nerf ou NGF. Par la suite, Cohen trouve encore plus de NGF dans les glandes salivaires de rongeurs, puis le NGF est identifié dans de nombreuses cellules, normales ou cancéreuses. On a montré depuis que le NGF agit en stimulant la polymérisation, dans les neurones, de fibrilles qui orientent e développement de ramifications à l'origine des synapses.

En 1961, le gouvernement italien propose à Rita la direction d'une petite unité de recherche en neurobiologie. Vu les résultats qu'elle obtient dans l'étude du NGF, on lui offre en 1969 la direction du laboratoire de biologie cellulaire, à l'université de Rome. Par la suite (1977), Greene et Tischler ont mis en évidence que le NGF possède un effet inducteur de différenciation : des cellules tumorales exposées au NGF se différencient en Neurones ! Il en est de même pour les cellules chromaffines de la médullo-surrénale, comme Rita le montre in vivo chez le rat. En fait, le NGF participe à la différenciation des cellules, maintient les neurones en vie et guide le développement de leurs prolongement. Cette molécule a permis, outre l'étude facilités du système nerveux, de mieux comprendre son développement ainsi que certaines maladies liées à une atrophie des connexions entre neurones (Parkinson ect...). En retraite depuis 1979, Elle a obtenue avec S. Cohen le prix Nobel de médecine en 1986.


Dans les années 40, Barbara met en évidence chez le maïs l'existence d'éléments génétiques mobiles, les transposons. Ils s'agit, en simplifiant, de gènes baladeurs (un fragment d'ADN qui peut changer de position dans le matériel génétique). Le temps que la communauté scientifique accepte ses conclusions révolutionnaires (on pensait que les gènes ne pouvaient être que fixe), la bagatelle de 40 année s'écoula. Elle reçut quand même un prix Nobel à l'age de...81 ans !


Le premier physicien moderne! Il fut le premier à rejeter les arguments d'autorité pour se fonder uniquement sur l'expérimentation (de nombreux physiciens modernes pourrait s'en inspirer!). En 1589, il a 25 ans et est professeur à l'université de Pise. Il effectue des découvertes fondamentales sur les pendules, les balances mais surtout dans le domaine de la chute des corps, ou il établit l'équivalence des divers types de masse. Jalousé par ses collègues, sa chaire est menacée (tiens tiens, les méthodes n'ont pas évolué en 400 ans d'université...). Il se dirige alors vers Venise ou il enseigne les mathématiques, et est célèbre. En 1609, il a l'idée d'utiliser une lunette d'approche, inventée en Hollande, pour observer le ciel. Malgré la mauvaise qualité de ses optiques, il découvre alors les montagnes lunaires, la voie lactée, l'aspect de Saturne, les phases de Vénus... Il perfectionne le microscope en 1634, et publie ses observations, confirmant le système de Copernic, en 1610 et 1632.

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Malgré le soutien (modéré!) du pape, il est traduit devant le tribunal de l'inquisition et doit abjurer ses théories (l'église n'a pas fini de payer cette clairvoyance qui la caractérise toujours...). De nos jours, l'église romaine n'a toujours pas admise s'être trompée, se réfugiant derrière des arguments théologiques sans fondement. Galilée meurt en 1642, alors que naît, à Woolsthorpe manor, un certain Isaac Newton... Scientifiquement, Galilée avait plus d'un siècle d'avance sur ses contemporains.


Aussi surnommée Emmy, cette mathématicienne s'est surtout occupée d'algèbre abstraite. Comme beaucoup de femme, il lui fallu une volonté sans faille pour faire admettre son droit à enseigner dans l'université de Göttingen, en Allemagne. Même en tant que professeur, elle ne perçut alors aucun salaire. En 1918, elle publie une analyse des symétries en physique, qui est devenu un des principe fondamentaux de la physique contemporaine. Le principe de Noether lie chaque symétrie à une loi de conservation:

symétrie
conservation
Homogénéité de l'espace
de la quantité de mouvement
Homogénéité du temps
de l'énergie
Isotropie de l'espace
du moment cinétique
Symétrie de jauge
de la charge électrique

En 1933, Emmy a été expulsée d'allemagne par les Nazis.


Fondateur avec S. Wozniak de la société Apple. Il commence par commercialiser le premier micro-ordinateur "pour passionnés" doté d'une puissance suffisante et de bons logiciels: l'apple II, qui fit le bonheur de bien des adolescents au début des années 80! Patron tyrannique, il développe le Macintosh en 1984, allant jusqu'à torpiller en sous main le projet concurrent, LISA, qui finira par voir le jour à un prix inabordable. Est à l'origine du meilleur système d'exploitation pour micro-ordinateurs, Mac-OS. Celui ci démocratise des technologies (souris, interface graphique avec fenêtres, menus déroulants...) créées à l'origine par Xerox (sur sa station Xerox Star, hors de prix!) et qui restent toujours, 20 ans plus tard (des siècles en informatique!) incontournables. Remercié en 1990, Jobs fonde la société Next avec un nouveau système d'exploitation, perfectionnant celui du mac, nommé Next step (aujourd'hui mac OS 8 et 9 s'en inspirent fortement!). Appelé au chevet d'Apple menacé de faillite par une politique commerciale démente, il sauve la marque par le lancement de produits puissants et innovant (Imac, G4 cube...), n'hésitant pas à promouvoir et développer des alliances avec des ennemis du passé (IBM pour la technologie, Microsoft pour les logiciels).

Cette Viennoise d'origine s'est installée à Berlin en 1907. Elle à alors 29 ans et fait équipe avec Otto Hahn pour étudier la radio-activité. En 1918, ils découvrent l'élément 91, puis Lise est professeur de physique à l'institut Kaiser Wilhem (Otto y enseignant la radiochimie). En 1920, Lise se passionne pour la physique nucléaire. Déjà renommée, elle garde son poste après 1933. Elle s'interesse aux résultats de Fermi, et pour les approfondir fonde une équipe avec Otto et Fritz Strassman. Malgré une erreur conceptuelle, ils progressent et Lise identifie les processus de capture de neutron. En 1938, elle doit fuir Berlin pour Stockholm mais reste en contact avec son équipe. Celle ci obtient un résultat incompréhensible: en bombardant de l'uranium, au lieu d'obtenir des éléments de plus en ^plus lourd (des "transuraniens", on obtient du Baryum, élément léger! Hahn lui demande si elle a une idée. Elle répond alors qu'elle envisage difficilement que le noyau se soir brisé, mais que cela n'est pas impossible. Cette lettre parvint à Otto à Noël, c'est son cadeau: "il"vient de découvrir la fission nucléaire. Après l'avoir reçue, il modifie sa publication pour y rajouter l'hypothèse de la fission. Avec Otto Frisch, Lise met au point le terme de fission et calcule de t^te une estimation de l'énergie libérée par le processus. Niels Bohr reprend ensuite leur travaux.

Devinez qui a eu le Nobel? (si vous avez lu quelques autres histoires, vous le savez...) c'est Otto Hahn bien sur (!). Hahn ne mentionna jamais Lise dans aucun article, ni dans ses mémoires, ni dans son autobiographie ou ses interview...

Lise Occupa une fonction sans importance en Suède. Invitée en 1943 à los Alamos pour rejoindre le projet Manhattan (bombe A), elle refuse. Brièvement célébrée aux USA après guerre, elle quitta Stockholm pour Cambridge en 1960, et mourut en 1968.


Un véritable "savanturier" pour reprendre cette expression. Cet "indiana jones" de l'astrophysique est un chercheur puissamment non standard, ignoré, méprisé, voire brimé par une partie du petit monde scientifique français parce qu'il ose "penser différent". Je ne ferais qu'"un bref résumé de ses aventures bien mieux relatées dans son site web. Après une enfance ou, entre autre, il apprend à piloter, Petit mène de front activité physiques nombreuses (alpinisme, plongée...), dessin et recherche scientifique. Déjà passionné de découverte, il étonne ses professeurs en leur démontrant expérimentalement comment, avec des "bouts de ficelles", il peut créer des ondes de choc supersonique. Après, il travaille sur la propulsion par utilisation de la force de Laplace (MHD) et montre, le premier, comment il est possible de dépasser la vitesse du son sans créer d'onde de choc (voir sa BD- "le mur du silence" ed Belin ou CDrom de l'auteur). Déjà dégoûté par les moeurs des scientifiques français et la nullité de ceux avec qui il devrait collaborer (des militaires), il intègre le CNRS et travaille sur la cosmologie (entre autres! il s'intéresse aussi à la théorie des groupes, la physique nucléaire... et tant d'autres choses...). Ses oeuvres de BD scientifique sont un énorme succès international (Qui ne connait, dans les années 80, Anselme Lanturlu?), alors que son activité scientifique est brimée car ressentie comme étant par trop novatrice. N'ayant pas caché ses conviction quant à l'existence de formes de vie extra-terrestres intelligentes, il subit depuis des années un ostracisme scientifique d'autant plus regrettable que ses idées, dérivant de celles de scientifiques de renom (Sakharov et Abdus Salam, entre autres...) apportent des réponses aux difficultés actuelles de l'astrophysique.

J.P. Petit par lui même (avec l'aimable autorisation de l'auteur)

Redoutable débatteur, ses connaissances mathématiques et sa "vision 3D" sont, d'après moi, des avantages auxquels refusent de se frotter ses détracteurs...( par peur de prendre une volée de bois vert!). Je ne peut que vous conseiller de visiter son site. Si les Idées de Petit sont exactes, il nous ouvre la voie vers les voyages interstellaires... vous aurez de plus l'avantage de lire une vision puissamment originale de la physique, et de nombreuses rubriques d'un grand intérêt. Toutefois, je tiens à signaler que si j'admire le scientifique, les opinions politiques de Mr Petit ne saurait engager que lui même, et je ne les partage absolument pas.
Si Petit est, scientifiquement, dans le vrai, alors bientôt d'autres "chercheurs" reprendront ses idées, et bien sur ce seront eux qui seront honorés..

note rajouté 4 ans (2003) après ces lignes: la topologie de l'univers semble revenir à la mode.


Dans les années 1920, on recherche la source d'énergie des étoiles. Russel avait proposé un

modèle ou l'énergie venait de la contraction gravitationelle. Eddington penche en faveur d'une origine impliquant la fusion thermonucléaire de l'hydrogène en hélium, fort peu populaire à l'époque... Mais y a t'il assez d'hydrogène dans les étoiles ?

Cecilia est une jeune fille assez grande, peu gracieuse  mais d'une intelligence exceptionnelle.

Elle s'était orientée vers la botanique mais, après une conférence d'Eddington validant la théorie de la relativité restreinte, elle se converti à la physique. Devenir astronome étant impensable pour une femme en Angleterre, Cecilia s'exile aux USA, à Harvard.

Etudiante, elle analyse le spectre des étoiles brillantes et met en évidence que celles ci sont principalement constituées d'hydrogène et d'un peu d'hélium (on pensait alors qu'elles avait la même composition que la Terre...). Lorsqu'elle veut publier ses résultats, Russel lui rétorque qu'il est "clairement impossible que l'hydrogène soit un million de fois plus abondant que les métaux". Elle utilise donc une théorie had hoc de Russel pour justifier ses résultats expérimentaux (on retrouve souvent cela en science!) et laisse entendre qu'elle même doute de la validité de ses résultats... Comme elle le dira plus tard: " j'ai pliée devant l'autorité alors que j'étais persuadée d'avoir raison. Encore un exemple de ce qu'un chercheur ne doit pas faire". Et pourtant, combien perpétuent encore cette attitude aujourd'hui...

Après avoir publiée un ouvrage sur les atmosphères stellaire qui remporte un grand succès, elle est brimée car malgré sa valeur scientifique elle reste avant tout...une femme! Elle doit se contenter à Harvard d'un poste mal défini, sous payé. En 1939, elle entre à 39 ans à l'académie nationale des sciences, mais bien qu'elle enseigne et encadre des étudiants à Harvard, elle n'y possède aucun statut, ses cours n'étant même pas référencés. Ce n'est qu'en 1956 qu'elle deviendra la première femme professeur de cette université. Elle est morte en 1979, publiant le résultat de ses recherches jusqu'à sa fin.

Neveu de Ferdinand Porsche, marqué par l'ostracisme, voire l'hostilité, d'une partie nde sa famille, Ferdinand est avant tout un ingénieur dipômée de l'école polytechnique de Zurich.Chez Porsche, il mettra au point la 917, voiture de compétation gagnat le Mans en 1970. Travaillant ensuite pour le département compétition d'Audi, il met au point la traction intégrale (système "quattro") qui donne alors à cette marque l'avantage en rallyes. Visionnaire, il imagine que la traction intégrale (de préférence la sienne !) équipera toutes les autos... Il reste en cela prisonnier de la conception technique allemande privilégiant la propulsion sur la traction, et ne prévoit pas la généralisation des systémes électroniques (ESP) qui rendent inutile, dans la plupart des cas, la traction intégrale!

Piech s'interesse ensuite au moteur Diesel. Il pressent que son potentiel de développement est énorme et met en route un programme de recherche destiné à permettre l'utilisation sur des autos de tourisme de certaines technologies issues des poids lourds (injection directe). Nommé directeur de VW, il inaugure une politique de rachat de marques distinctes vendant, sous des carrosseries différentes, des autos essentiellement identiques (politique dite "des plates formes communes". En Allemagne, il n'hésite pas à licencier un milliers de directeurs pour "protéger" 30000 emplois d'ouvriers (en dehors d'Allemagne, il sera nettement moins "social", et à Wolfburg même les conditions de travail "si besoin est, n'importe quand" conduiront au célibat nombre d'ouvriers!). Si sa vision commerciale est parfois décrié, les recherches qu'il a lancé sur le Diesel aboutissent à l'utilisation massive de l'injection directe puis d'un système extrêmement robuste, adapté des moteurs de camion: l'injection pompe. Alors qu'à son arrivée, VW perdait 200 euros par voiture vendue, cette entreprise engrange à présent de 700 à 2000 euros de marge par véhicule...

Piech a été le dernier grand patron de l'automobile qui puisse vous expliquer de A à Z comment fonctionne une auto. Il s'oppose en cela à ces PDG itinérants qui ignorent tout de leur produit, ne se préoccupant que de ventes, et qui passent sans sourciller des couches culottes aux ordinateurs, puis aux pneumatiques et aux produits de beauté... Lorsque Piech a pris sa retraite, le 16 avril 2002, une page a été définitivement tournée dans l'histoire de l'automobile. A sa manière, parfois contestable, il a été dans ce secteur industriel le dernier des géant.

Poincaré fait partie d'une famille exceptionnelle: son frère Léon fut professeur de médecine, son cousin Raymond président de la république! C'est sans doute le plus grand des scientifiques Français des deux derniers siècles. Né à Nancy, cet ingénieur des mines enseigne à partir de 1881 à l'université de Paris. Il y donne des cours sur:

Il domine toutes les mathématiques de son temps. Il commence par s"attaquer à la stabilité du système solaire, développant des outils mathématiques toujours utilisés de nos jours. Il s'intéresse ainsi aux systèmes chaotiques et aux géométries non euclidiennes, dont il démontre la légitimité: "tous les systèmes géométriques sont équivalents et ainsi aucun système d'axiomes ne peut prétendre qu'il est la vraie géométrie."

Il est le premier à construire une théorie de l'espace temps, et manque de peu de formuler la relativité avant Einstein: il avait tout sous la main, mais il n'a pas réussi (ou plutôt ne s'est pas intéressé) à la synthèse qu'il aurait pu réaliser. Dès 1890, il réfléchit à un principe de relativité et s'interroge sur la simultanéité de deux événements dans des référentiels différents. En 1904, il s'interroge publiquement sur "une nouvelle mécanique... où l'inertie croissant avec la vitesse, la vitesse de la lumière deviendrait une limite infranchissable".

Il s'intéresse également à la mécanique quantique et au problème de l'inertie. C'est lui qui énonce le principe de relativité " tout observateur ne peut faire de différence entre l'immobilité et un mouvement uniforme par un moyen mécanique ou électromagnétique". Contrairement à beaucoup de physiciens actuels qui ne s'interrogent pas sur le sens de leur travail, Poincaré marque la philosophie des sciences, à laquelle il consacre 3 ouvrages introuvables de nos jours ( La science et l'hypothèse en 1902, La valeur de la science en 1905, science et méthode en 1908 - cela fait plus d'un siècle... il devrait donc être libres de droit: si je les trouve, je les met en ligne!). Selon lui, les mathématiques sont une réalité extérieure à l'esprit humain.

En dépit de ses contributions majeures à la physique, aux mathématiques ainsi qu'à la philosophie des sciences, Poincaré est traité avec mépris par les instances de son pays, la France. Cela est logique: dans notre pays, la culture refuse la science, qui reste malvenue. Une fois mort, en 1913, il sera alors temps de lui tresser des couronnes.... la pertinence de ses vues n'apparaitra pleinement qu'à la fin des années 60: Poincaré avait un demi siècle d'avance sur ses contemporains!

Note: à l'occasion du centenaire de la publication de la théorie de la relativité, des auteurs franchouillards en manque de sensationnel ont voulu à toute force faire de Poincaré le vrai découvreur de la relativité, qu'Einstein lui aurait "volé". Inutile de dire qu'ils ne présentent aucun argument convainquant en faveur de leur hypothèse, si ce n'est une interprétation fallacieuse et a postériori des publications de Poincaré.

Fils de ferblantier, Ferdinand étudie la mécanique mais surtout l'électricité pour laquelle il possède un don exceptionnel. Après avoir conçu un vélo, il trace les plan d'une auto électrique dont le moteur est dans la roue (cette architecture sera utilisée pour les jeep lunaires, 50 ans plus tard!). Il imagine également une auto hybride (plus d'un siècle avant la Toyota Prius!) essence/électricité. Il travaille ensuite chez Austro-Daimler, à concevoir des moteurs et des auto de compétition. Devenu ingénieur, il travaille à la mise au point de moteurs de compétition pour la firme auto-union (l'ancétre d'AUDI). Après avoir fabriqué de monstrueux 16 et 18 cylindres, il songe à fonder son entreprise. Comme il ne supporte pas l'inertie d'une grosse entreprise comme Daimler-Benz, il fait un détour par Steyr avant de fonder à 55 ans son propre bureau d'étude à Stuttgart. Malgré ses succès en compétition, Porsche rêve de construire une petite voiture, qui ferait sortir celle ci du statut d'objet de luxe. Il commence a y réfléchir pour les défunts constructeurs Zundapp et NSU. Il est sollicité par Staline qui lui offre une fortune pour bâtir une véritable industrie automobile en URSS.

Sa renommée est déjà grande, et parvient aux oreille d'une certain Adolf H, chancelier du Reich. L'état lui passe commande d'une monstre de 3000 cv à moteur V12, histoire de battre quelques records. Après avoir fait construire des autoroutes, Hitler fait mine de vouloir les peupler de voitures (finalement, il leur préférera des "4x4", les panzers...). Il charge Porsche en 1934 de mettre au point une auto pas chère, solide et fiable: la "voiture du peuple" (Volkswagen pour les germanophones). Porsche la conçoit, et une usine gigantesque est construite à Wolfburg (elle y est toujours!). La folie du nazisme entraînant l'europe dans la guerre, Porsche, travaillant pour son gouvernement, comme tous les allemands de l'époque, met au point le redoutable char "tigre" (c'est, avec un petit et robuste tracteur agricole, le seul Diesel Porsche à ce jour!).

Après la défaite, les anglais récupèrent l'usine de Wolfburg et lancent la production de celle qui deviendra la mythique coccinelle, alors que Porsche est arrêté par... les français. Nous dirons simplement qu'il collabore gaiement à l'insu de son plein gré pendant 22 mois à la mise au point de la 4 CV Renault, ce qui tombe bien puisque Louis Renault vient d'être "effacé" par la CGT dans sa prison... La France tient aussi en emprisonnant Porsche à "punir" (on aime bien ça, en France, depuis le traité de Versailles...) l'Allemagne en empêchant toute production automobile germanique. C'est peine perdu. Emprisonné quelques mois à Dijon avec son gendre, Piech (père de l'actuel patron de Volkswagen), Porsche est traité durement pour son âge par les geôliers français qui, quelques mois auparavant, se courbaient en deux devant le pouvoir vichyste.

Libéré et acquitté en 1947, il revient malade à Gmünd ou son fils, Ferry, a débuté l'étude d'un coupé sportif. L'auto qu'ils mettent au point est un coupé sportif dérivé de la coccinelle, la 356. Un des premiers modèles lui est livré, mais il décède quelques semaines plus tard, après que ses premiers clients se soient réunis sur le circuit de solitude (une habitude qui continue de nos jours!). Son fils et ses neveux poursuivront son oeuvre, donnant naissance à la meilleure (si l'on sait conduire....) auto de sport du siècle (la 911). Sur tous les modèles de la marque, une plaque de métal perpétue la mémoire du "Dr. Ing. h.c. F. Porsche "

Qu'a apporté Porsche à la technique auto? Simplement la solidité et surtout la fiabilité qui lui faisait jusqu'alors défaut, et qui caractérisent toujours les modèles de la marque (non, je n'ai pas d'actions Porsche, mais j'ai conduit bien des autos...).

D'autres détails sur un site de qualité...

Stanley Prusiner enseigne la neurologie, la virologie et la biochimie à l'UCLA, à San Francisco. Pendant 20 ans, il s'est battu pour imposer sa découverte: l'existence de particules infectieuses uniquement protéiques, capables de transmettre des maladies. Il a fini, alors que nombreux sont encore ceux qui s'opposent à ses thèse, par obtenir le prix Nobel de médecine, seul, ce qui est très rare. Il l'a obtenu "for his discovery of prions--a new biological principle of infection."

Il faut remarquer que dès 1960, des indices montrant l'existence d'agent infectieux cérébraux ne contenant pas d'acides nucléiques avait été obtenus par J. S. Griffith et T. Alper: en étudiant la scrapie ("tremblante") de la chèvre, ils constatèrent que les extraits cérébraux d'animaux atteints transmettaient toujours la maladie même après avoir été irradiés à des doses telles que tout ADN ou ARN aurait été détruit. Griffith proposa qu'une protéine devait être responsable de la maladie en catalysant la transformation d'autres protéines. Tout y était, mais il fut ridiculisé: son idée s'opposait au "dogme" de la biologie moléculaire, qui veut que l'information circule toujours des acides nucléiques vers les protéines, et donc que celles ci ne puissent transmettre une information entre individus... Comme toujours en Science, les dogmes sont fait pour êtres abattus par des faits nouveaux (personnellement, je pense d'ailleur que ce "dogme" est bel et bien erroné, mais ceci est une autre histoire...).

Les travaux de Griffith et Alper enterrés, C. Gajdusek montre à la fin des années 60 que le kuru, une maladie neurodégénérative affectant les cannibales de nouvelle Guinée, est bien causée par un agent infectieux. Prudent, il implique un virus à développement très lent.

En 1972, un des malades de Prusiner (il est neurologue), décède de la maladie de Creuztfeld-Jacobs. Prusiner décide de rechercher la cause de cette maladie, qui ressemble beaucoup, cliniquement, à d'autres maladies neurodégénératives comme le Kuru des humains ou les "scrapies" (tremblantes) des animaux. En 1982, il découvre dans le cerveau de hamsters atteints une protéine que n'existe pas chez les animaux sains. Il parle alors d'une particule infectieuse protéinique (proteinaceous infectious particles - prion) qui serait à l'origine de plusieurs maladies cérébrales. Il suppose que cette protéine propage dans le cerveau un repliement incorrect d'autres protéines, lesquelles deviennent toxiques et déclenchent la maladie. Un an plus tard, il identifie cette molécule et l'appelle PrP (Prion protein).

Pendant 10 ans, dans l'incrédulité générale, Prusiner va s'échiner à démontrer que le Prp existe chez l'animal sain sous une forme différente de celle trouvée chez l'animal malade. Il montre que de souris ne possédant pas la protéine PrP (qui n'est pas indispensable à la vie) ne peuvent être atteintes par les maladies à Prion.

Bien que Prusiner s'avance prudemment, réclamant de nouvelles expériences, il est en terrain miné: de nombreux virologistes et neurologues refusent ses conclusions, continuant à impliquer un hypothétique virus, histoire de ne surtout pas changer leur confort intellectuel. Ces détracteurs se retrouvent aux USA mais aussi en France, en particulier au CEA (commissariat à l'Energie Atomique) qui chez nous mène des recherche en biologie (des sources de rayonnements sont indispensables à l'étude de la structure des protéines, ce n'est pas "top secret!"). Les membres du CEA continuent de refuser l'existence des prions, avec une constance qui frise la mauvaise foi!

Même l'annonce du Nobel de Prusiner a suscité des critiques, parfois larvées, de nombreux conformistes arguant du fait que l'existence et la responsabilité du prion n'est pas encore assez clairement établie...

Cette histoire nous montre, encore une fois, combien le monde scientifique est rétif à toute idée nouvelle: Au delà de la légitime prudence, il faut bien s'interroger sur les motivations de ceux qui, apparemment ils sont nombreux, cherchent pour ne rien trouver!


Son père, auteur d'ouvrages de référence en physique, dirigait des expériences de physique à l'institut Lénine. Il y emmène Andrei, qui comprend ce qu'il fait. Andrei est éduqué tout d'abord en famille, et approfondi seul de nombreux domaines (il voulait devenir microbiologiste).Pendant la guerre, en attendant un train pendant dix jour, il lit les ouvrages du physicien Frenkel sur la mécanique quantique et la relativité. C'est pour lui une révélation.

Après des études brillantes (Il passe sa thèse sous la direction de Igor Evguenievitch Tamm, qui anticipa la découverte de l'interaction forte), Il travaille avec Zeldovtich. Andrei travaille de 1948 à 1968 (il est incorporé dans l"installation", une unité de recherche secrète initiée par Staline et Beria ou il oeuvre avec Tamm et Zeldovitch mais aussi Pomerantchouk et Bogolioubov) à la mise au point de la fusion de l'hydrogéne pour la fabrication de la bombe H. Il contribue également, avec E. Tamm, à l'étude de la fusion nucléaire contrôlée par confinement magnétique (système "tokamak"). Vivement intéressé par tous les moyens de parvenir à la fusion nucléaire, il proposera dès 1961 que les rayons lasers, encore ridiculement peu puissant, puisse servir à déclencher des réactions de fusion.

Ses idées permettent la mise au point de la bombe H. Staline est ravi, Andrei beaucoup moins. Honoré dans son pays, il commence à douter du bien fondé du système communiste (il était temps!). Il poursuit des études sur des systèmes d'armes impliquant des champs magnétiques d'une intensité fabuleuse (2500 Teslas!), ainsi que des courants électriques d'une intensité alors inconnue (100 millions d'ampéres!): Sakharov est un pionnier de la magnéto-hydro-dynamique militaire, qui a aboutit, entre autres, à la production "d'armes spatiales" mais aussi, sans doute, à des systèmes de propulsion pour engins militaires, en particuliers des sous marins. Il exerce alors, après 1967, ses talents dans le domaine de la cosmologie: il apporte une avancée décisive en proposant l'idée des univers gémellaires ainsi qu'un mécanisme permettant d'expliquer comment la matière a échappé à l'annihilation par l'antimatière. Il considère pour cela que le big bang se comporte comme un point symétrique séparant, dans l'espace-temps, deux univers, images l'un de l'autre, l'un enrichi en matière, et l'autre en antimatière. L'écoulement du temps dans cet "univers jumeau" pourrait aussi être inversé par rapport à ce que nous connaissons... Une des conséquences de ces idées, est que, fatalement, la proton doit mourir un jour: Sakharov, le premier, lui donne une durée de vie de l'ordre de 1050 ans. Parallèlement, il entre en dissidence et subit les pressions du KGB (FSB de nos jours, à l'époque NKVD, ayant fait suite à la guépéou, qui venait de la tcheka...). Après l'invasion de l'Afghanistan, il est "exilé" sans ménagement à Gorki. Il ne sera "libéré " qu'' en 1986, trois ans avant sa mort. Je n'ai jamais pu le rencontrer, mais j'aurais été fier de lui serrer la main.

Lecture conseillée: Mémoires - Andrei Sakharov - ed. seuil, 1990 (160 F à l'époque). A lire aussi pour tous ceux qui ont oublié (ils sont si nombreux en France!) ce qu'est le communisme...

En guise d'adieu, ces quelques lignes prophétiques tirées de son discours de réception du prix Nobel de la paix (il aurait mérité et obtenu celui de physique, si ses découvertes "secret défense" avait été connues!):

"Plusieurs civilisations pourraient exister dans l'espace infini, parmi lesquelles certaines qui pourraient être plus sages et plus avancées que la nôtre. Je soutiens l'hypothèse cosmologique selon laquelle le développement de l'Univers se répète un nombre infini de fois, suivant des caractéristiques essentielles. D'autres civilisations, y compris certaines plus "performantes", sont inscrites un nombre infini de fois sur les pages "suivantes" ou "précédentes" du Livre de l'Univers. Néanmoins nous ne devons pas minimiser nos efforts sacrés en ce monde, où, comme de faibles lueurs dans l'obscurité, nous avons surgi pour un instant du néant de l'inconscience obscure à l'existence matérielle. Nous devons respecter les exigences de la raison et créer une vie qui soit digne de nous-mêmes et de buts que nous percevons à peine."


Cet élégant (si l'on aime les costumes tyroliens...) physicien, grand amateur de jolies femmes (il tint le décompte de ses nombreuses conquêtes dans un journal, les "éphémérides"), était né en 1887 et s'interessait à la nature de la lumière. Il prit connaissance de l'idée de De Broglie selon laquelle la lumière pouvait avoir une structure ondulatoire en lisant une note au bas d'un article d'Einstein (qu'est ce que je vous disais! Lisez Albert!). En 1925, il partit en vacance dans les Alpes suisses, à Arosa, laissant sa femme Anne Marie à Vienne (le couple était très libéral, la fidélité ne faisant pas parti de leur conception, et la femme d'Erwin adopta sans problème les 3 filles illégitimes qu'il conçu avec d'autres maitresses...) et n'emportant que le "strict nécessaire", à savoir une copie de la thèse de De Broglie et une ancienne copine de Vienne, à l'identité mystérieuse... 20 jours après, Erwin avait (entre autres...) changé à tout jamais le monde de la physique. Le 27 décembre, Schrödinger écrit à son ami W Wien: "Je me bat avec une nouvelle théorie de l'atome. Dommage que je ne connaisse pas davantage de mathématiques! Mais je suis plutot optimiste: si je viens à bout de cette théorie, elle sera très belle". Scrödinger lui même avouera avoir découvert "son" équation à la suite d' "un épisode érotique fulgurant et tardif", ce qui devrait être rapellé aux thuriféraires de la pédagogie scientifique moderne persuadés de l'existence d'une "méthode" rigoureuse conduisant de facto à la découverte scientifique...

Il reprend en effet les travaux de Hamilton. Ce dernier avait, vers 1850, montré que l'évolution d'un système dynamique se fait toujours de façon à ce qu'une quantité, nommée l'action, soit minimale. Il avait ainsi fait un premier lien entre la description corpusculaire de la lumière et son interprétation ondulatoire: il avait permis d'identifier fréquence temporelle et énergie d'un photon, ainsi que fréquence spatiale et quantité de mouvement du photon. Il montrait ainsi que la description Newtonienne de la lumière, basée sur des rayons géométrique, n'était qu'une approximation de phénomènes ondulatoires. Cependant, il n'avait pas pris en compte les phénomènes d'interférence...

Schrodinger se rendra chez Bohr, ou, avec Heisenberg (vous voulez les voir? allez ici!), ils discuteront avec passion et véhémence de l'orientation à donner aux interprétations de la mécanique quantique. Heisenberg et Bôhr étant favorables à l'inexistance d'une réalité objective (nous ne pouvons que donner des calculs et des mesures, et non pas atteindre la réalité par la science) alors que Schrödinger, comme son grand ami Einstein, est favorable à une vision plus classique (la réalité objective existe et la science permet de l'atteindre).   Il y sera d'ailleur malade, mais continuera ses discussions avec ses confrères même lorsque, alité, Mme Bohr lui apportait force gâteaux maisons! (Il savait décidément y faire avec les dames!).

Contrairement à Bohr, Schrodinger reste profondément déterministe. Il n'a pas été pour rien l'élève de Boltzmann, qui a unifié thermodynamique et mécanique. Cette volonté de découvrir un déterminisme caché et d'unifier les différentes voies de la physique, voire d'autres sciences, reste présente dans toute son oeuvre.

Schrodinger reprend le travail de Hamilton, et il montre, en fait, que c'est toute la mécanique newtonienne qui n'est qu'une approximation d'une mécanique essentiellement ondulatoire! Il établit cela dans une équation, véritable oeuvre d'art (c'est un des sommets de l'esprit humain) connue depuis sous le nom d'équation de schrödinger. Cette équation décrit le mouvement d'une "onde de de Broglie * " dans l'espace-temps, et il en découle, entre autre, la quantification de l'énergie d'un système, la notion de fonction d'onde et de probabilité de présence (établit par Born).

Schrodinger étudie ensuite plus avant la mécanique quantique. Il est l'auteur d'une célèbre "expérience de pensée" visant à illustrer les notions non triviales d'état quantique et de mesure: si on enferme un chat dans une boite contenant un poison violent libéré à la suite de la désintégration d'une atome radio-actif, on ne peut décrire l'état du matou dans la boite sans faire des hypothèses sur le comportement de l'atome. Comme celui ci n'est pas défini autrement que par sa fonction d'onde, il en résulte que le félin, avant mesure, est en "superposition d'état", représentant physiquement une mixture d'état vivant, non mort, morts, non vivant ect... C'est la mesure qui "réduit le paquet d'onde", autrement dit on peut décrire le système en disant que c'est le chat qui "décide" de la désintégration de l'atome... étonnant non ? (si vous étudiez vraiment la mécanique quantique, vous découvrirez que le monde des atomes ressemble beaucoup à celui de... Tex Avery! attention à l'écureuil fou!). Bien plus tard, l'étude de la décohérence (perte des propriétés quantiques à l'échelon macroscopique) permit de mieux comprendre ces situations félinophobes...

Scientifique complet (une espèce en voie de disparition), Erwin s'intéresse aussi à la philosophie et à la biologie. Adepte d'une philosophie indouiste (Upanishads), Schrodinger considère qu'il n'y a aucuen séparation entre les êtres vivants, pensants, et le monde matériel. Chaque être est une partie d'un tout, ce qui explique que leur vision du monde soit commune. (E. Schrodinger - ma conception du monde - 1982, ed. mercure de France). Pour lui, la spécificité des êtres vivants est liée à l'existence d'une mémoire génétique.
Il écrit en 1944 un petit livre intitulé "qu'est ce que la vie ?" qui propose une nouvelle vision de l'étude du vivant. Ce livre agréable contient en substance tout un programme d'étude du vivant qui, de la recherche d'un déterminisme caché à celle d'une mémoire transmise entre individus, dessine en fait les contours de la future biologie moléculaire. L'ouvrage présente des notions de biologie moléculaire avec 30 ans d'avance! Jugez plutôt: alors que la seconde guerre mondiale n'est pas terminée, il décrit le matériel génétique comme un "cristal apériodique" (ce qu'est en effet l'ADN cristallisé) et annonce l'existence du code génétique " les chromosomes (...) contiennent sous la forme d'une espèce de code le modèle intégral du développement futur de l'individu et de son fonctionnement " . Schrödinger anticipe même l'existence des génes régulateurs. Ce livre sera lu et influencera plusieurs "poids lourds" de la biochimie comme Wilkins, Crick et Watson mais aussi F Jacobs...

* C'est Louis de Broglie qui, en 1923, émit l'idée selon laquelle une particule matérielle (électron, proton) pouvait être décrite en terme ondulatoire. L'idée lui vint en inférant une symétrie entre matière et lumière, après lecture d'Einstein (encore!). De Broglie présenta cette idée neuve dans sa thèse (chose impossible de nos jours, ou les thèses ne font que reprendre la marotte des divers chefs de labo!). Son jury, ne sachant pas trop qu'en faire, transmis la thèse à Einstein himself, qui fut enthousiasmé. 6 ans plus tard, De Broglie recevait le Nobel pour l'idée émise dans sa thèse...


Vers 1840, à Vienne, Semmelweiss est un chirurgien qui s'occupe des accouchements. A cette époque (le "bon vieux temps", selon certains), la mortalité des femmes après accouchement est terrible: elles succombent à des "fièvres puerpérales", des infections généralisées d'origine inconnue. Semmelweiss remarque qu'il y a bien moins de mortalité chez le femmes qui accouchent avant d'arriver à l'hopital, ainsi que chez celles qui sont soignées par des sages femmes, et non par des étudiants en médecine. Lorsqu'un de ses amis, Kolletschka, meurt d'une infection après avoir été coupé avec un scalpel pendant la dissection d'un cadavre. Kolletschka présente les mêmes symptômes que les femmes malades. Semmelweiss, troublé, enquête et découvre que les étudiants s'occupent des jeunes mères en sortant de la salle de dissection. Tout juste s'essuient ils sommairement les mains après avoir trifouillé les abcès purulents et les lésions diverses des cadavres qu'ils viennent de découper!

Semmelweiss impose alors une "mesure scandaleuse": il oblige les étudiants à se laver méticuleusement les mains dans une solution de perchlorure de chaux avant d'examiner leurs patientes, et entre chaque examen. Nous sommes en 1848, la mortalité chute immédiatement dans le service. Va t'on récompenser Semmelweiss, le féliciter pour son action en faveur des jeunes mères? Pas du tout! Ses étudiants refusent les lavages répétés, son patron nie l'intérêt de sa découverte, des confrères jaloux obtiennent son renvoi. Chassé de son emploi, Semmelweiss sombre dans la folie. A 47 ans mourra, dans un asile, l'inventeur de la prophylaxie.

L'écrivain Céline écrira sa thèse de médecine sur l'histoire de Semmelweiss.


Tout commence à Wirsitz, en 1912. Quelques années plus tard, le petit Werner observe la lune et les étoiles. Comment faire pour aller là haut ? Il ne se doute pas encore que c'est grâce à lui que des hommes, 50 ans plus tard, marcheront sur ce satellite dont il observe le relief. En 1930, Werner rejoint l'université de Berlin ou il va travailler sous la direction de Oberth, spécialiste reconnu des fusées (son ouvrage "la fusée dans les espaces interplanétaires" est un classique, que je relis régulièrement avec admiration). Deux ans plus tard, l'armée allemande l'embauche pour tester des moteurs fusée, sous la direction du général W. Dornberger, à Kummersdorf. Il y teste des moteurs à oxygène liquide. En 1935, le groupe de recherche compte 80 membre et un avion Heinkel He112 est équipée d'un moteur fusée. Le financement de l'équipe devient massif, annonçant "l'intérêt" de l'armée pour les travaux de Von Braun; et deux ans plus tard le Heinkel à moteur fusée vole. l'équipe de Von Braun est alors transférée sur la cote Baltique Allemande, dans un nouveau centre de recherche, à Peenemünde.

De sombres jours se préparent. Incorporé dans l'armée, Von Braun travaille sur des projets de roquettes, mais il rêve à l'espace. Au début de la guerre, les stratèges allemands pensent remporter la victoire avec les armes existant en 39 (et cela aurait pu être le cas si ils n'avaient, porté par une mystique délirante, ouvert un front supplémentaire à l'Est!). A la fin de 1941, la nécessité d'utiliser de nouvelles armes se fait pressante, l'Angleterre n'ayant pas cédé et les USA se faisant menaçants. Von Braun et son équipe (W. Thiel, R. Hermann, E. Steinhoff, H. Steuding...) travaillent à la mise au point de fusées de bombardement, de missiles en fait. Ces "armes de représailles" selon le Furher, seront tout d'abord de simples bombes volantes, les V1, puis un missile guidé à plus longue portée, le V2. Le V2 fonctionne à l'oxygène liquide et à l' éthanol. Rêvant toujours de voyages dans l'espace, Von Braun fait miroiter aux militaires une portée accrue du V2 mais travaille en fait sur la rentrée atmosphérique d'un engin. Pour cela, il dote le V2 d'ailes. Ce prototype est le premier engin guidé a dépasser le mur du son puisqu'il atteint mach 4! Dès 1941, l'équipe a élaboré les plan d'une fusée à deux étage, le A9/A10 capable d'atteindre New York. Personne ne sait alors que le programme de recherche allemand se termine par le V12 capable d'atteindre tout le territoire américain !

Avant la fin de la guerre, des troupes russes et américaines ont ordre express de rapatrier le plus possible de V2 et de capturer Von Braun (pour les soviétiques, l'ordre stipule aussi que, faute de pouvoir le capturer, il faut l'éliminer... le petit père des peuple ,ne plaisante pas avec ses amis d'hier!). Sachant parfaitement ce qui l'attend si il tombe entre les mains des Russes, le général Dornberger (lui même ingénieur, il entrera à la Bell aircraft corps.) entasse son équipe dans un camion, se mêle à un convoi de véhicule puis, le 5 mai, il se rend à la 7ème armée américaine. Dès Septembre, Von Braun et son équipe sont transférés aux USA dans la cadre du projet, controversé, "paper clip". Ils investiront bientôt le terrain d'essai de White sand, au nouveau mexique. Cela ne va pas sans polémiques: certains, et en particuliers des Français (toujours prompt à se venger une fois que d'autres ont gagné pour eux les guerres qu'ils ont perdus) et des anglais (qui, eux, avaient au moins quelques bonnes raisons de craindre l'ingénieur de Peenemunde) veulent qu'il soit jugé. N'ayant été qu'un exécuteur des volontés militaires de son gouvernement, Werner échappe au jugement et, avec son équipe, intègre l' ABMA (Army Balistic Missile Agency) puis la toute nouvelle NASA.

Des documents mis au jour par le patient travail de la journaliste Linda Hunt semblent montrer qu'en fait Von Braun possédait bien une face sombre, volontairement occulté par certaines agences américaines à cause de son exceptionnel intérêt en tant qu'ingénieur et constructeur de missiles. Membre du parti nazi depuis 1937, Von Braun avait rejoint la SS en 1940 et le commandement personnel de Himmler lui avait conféré le grade de commandant. De nombreux membres de son équipe ainsi que son frère Magnus ont été impliqués dans diverses exactions commises à l'encontre de prisonniers de guerre internés dans le camp de Dora, et employés comme esclave lors la construction des V2, dans un complexe souterrain nommé Mittelwerk.

Quoi qu'il en soit, l'équipe poursuit ses études et en 1952 lance 6 fusées "bumper" à deux étages (technique dérivée de l'A9/A10) de Floride, là ou s'élève a présent le centre spatial Kennedy. La même année, Von Braun, dans le numéro de Collier du 22 mars, fait le projet d'une station spatiale orbitale circulaire de 76 m en orbite à 1730 km de la Terre.

Dès septembre 56, la mise au point du lanceur à trois étages Jupiter permet aux USA de mettre un satellite en orbite. Militaire dans l'âme, Ike donne la priorité au projet Vanguard, de la Navy. Après le traumatisme causé par le lancement de Spoutnik aux USA et les ridicules querelles inter-armes qui empêchent toute réaction, Von Braun permet aux USA de sauver l'honneur en lançant avec succès le petit (un pamplemousse!) satellite explorer. Pour cela, il met au point la fusée Juno 1, dérivée d'un projet sur lequel il a travaillé pour l'année géophysique internationale, et qui prend la relève de la piteuse fusée Vanguard.

Dans les années qui suivent, Werner travaille d'arrache pied à la mise au point de lanceurs toujours plus puissant. Sous l'impulsion du programme Apollo, il peut enfin réaliser sont rêve: une fusée capable de satelliser une masse assez importante pour assembler une station spatiale. Von Braun est favorable à l'établissement d'une station avant d'aller sur la lune, à un rendez vous ne orbite Terrestre. Se doute t'il que toute l'infrastructure apollo sera démantelée après 1970? Nul ne le sait, mais il pense qu'une station permanente donnerai à l'Homme un accès à l'espace pour des missions plus lointaines. Voyant la Lune à sa portée, Von Braun rêve déjà à Mars... Sous son impulsion et sa direction le plus formidable lanceur que notre monde ait connu va être construit: la fusée saturn 5, d'une fiabilité sans faille, d'une puissance fantastique. Sa première mise à feu "en ordre de marche" le 9 novembre 1967 donna lieu à un bruit tel qu'il fut comparé à une explosion volcanique majeure. Un observatoire géologique le détecta à 1700 km de distance! Même si nous voulions, aujourd'hui, reconstruire un lanceur aussi puissant (poussée de 3,4 millions de kg, lancement de 50 tonnes vers la Lune), nous ne saurions pas le faire !
Après tous ces succès, Von Braun va assister au désengagement de l'espace, mais défendra son idée de station spatiale. Cela aboutira au lancement de Skylab par une fusée" saturn en 1973. A ce jour, c'est la plus grande station ayant tourné autour de la Terre, mais la mission fut un demi succès, des dommages s'étant produits au décollage.
Von Braun a quitté cette Terre en 1977, à Alexandria, près de Washington.

Mr Wachtershauser est un scientifique original à plus d'un titre... déjà car il n'occupe pas pendant longtemps un poste de chercheur ! Après un doctorat en chimie organique, il s'oriente vers le droit des brevets. Il travaille à Berne, occupant le fauteuil d'un illustre prédécesseur (devinez qui ?), puis fonde en 1970 sa propre société à Munich. Il étudie la propriété intellectuelle hight tech (biochimie, chimie, logiciels, télécoms...). Titulaire de plusieurs prix, il enseigne depuis 1995 à l'université de Ratisbonne et dirige des recherches sur l'origine de la vie.

En 1987, il s'interroge sur la théorie en vigueur sur l'origine de la vie, à savoir la "soupe primitive". Il tente de remonter le cours du temps en imaginant les ancêtres des fonctions biologiques modernes. En 1988, il publie un premier article visant à montrer que les premiers acides nucléiques ne devait pas contenir de pyrimidines. Il développe ensuite sa propre théorie de l'origine de la vie, reposant principalement sur l'interaction, au niveau de surfaces bidimentionelles minérales, entre les éléments carbonés du milieu et des catalyseurs minéraux. Toute sa chimie se passe en deux dimensions, ce qui évite bien des problèmes d'hydrolyse, de diffusion et de dilution... Dans son optique, les premiers métabolismes tirent leur énergie de la formation de pyrite à partir de sulfure d'hydrogène, qu'il met en évidence. Il suppose une apparition, très rapide des premiers métabolismes (quelques secondes!), à haute pression et température. Très lié avec le philosophe et épistémologiste Karl Popper, il s'abstient d'expérimenter (il ne le peut pas, d'ailleur, à l'époque) et améliore ses conceptions, que d'autres chimistes mettent, avec succès, à l'épreuve. Dernièrement, Il a montré, avec ce qu'il faut maintenant appeler son équipe, que l'on pouvait former des peptides grâce à l'action du CO. Bien que critiqué par le tenant s du monde à ARN, son approche purement chimique ne manque pas d'élégance et de pertinence. Comme il le déclare "ramener les choses en deux dimensions simplifie considérablement les problèmes à résoudre". L'avenir nous dira si cet homme élégant et persuasif se double d'un visionnaire...

(Le lecteur perspicace saura que mes conceptions sur l'origine de la vie différent un peu de celle de Wachtershauser, en particulier sur le milieu à considérer, mais son apport reste, à mon sens, fondamental. En plus, je peut très bien me tromper, alors...)


Wegener restera celui qui fut l'auteur d'une théorie si dérangeante qu'elle mit plus de 50 ans à être acceptée ! Ce Berlinois, né en 1880, fait ses études universitaires à Heidelberg, Innsbruck et Berlin ou il devient...astronome. Il est cependant fasciné par le développement de la météorologie, et par l'exploration des pôles: le 19 éme siècle finissant est celui des aventuriers polaires, des Pearry, Scott et Amundsen... Wegener s'entraine donc pour participer aux expéditions polaires, et sera de 3 importantes missions au Groenland (c'est là qu'il trouvera la mort). En 1906, ce sportif est le détenteur du record de durée pour un voyage en ballon (4 jours), et obtient le poste de directeur de la météo à l'observatoire de la marine, à Hambourg.

Dès 1903, Wegener s'était interrogé sur l'étrange complémentarité des côtes de l'amérique du Sud et de l'afrique de l'ouest. En 1912, il présente à une réunion de géographe, à Frankfort sur le Main, son hypothèse: les continents ne sont pas fixe, ils se déplacent à la surface du globe. Son annonce fait grand bruit, et est plutôt mal accueillie: les géologues présents sont indignés, d'autres dédaignent cette hypothèse. Cependant, ce sont les géographes qui s'opposent le plus à ses idées. A contrario, les géophysiciens, conscient des insuffisances des modèles géologiques de l'époque, se convertissent à l'idée de continents mobiles. Dès 1921, la majorité d'entre eux (en Allemagne) est convaincue de la justesse des vues de Wegener.

Il faut dire que celles ci permettent d'intégrer les apports d'une nouvelle notion, l'isostasie. Jusqu'ici, le modèle de la Terre qui prévaut est fondé sur la contraction gravitationelle de celle ci. Les montagnes correspondent à des "rides" nées de cette contraction, les sédiments sont dus à des transgressions marines provoquées par des affaissements brutaux de pans entiers de la croûte: c'est une dynamique essentiellement verticale, ou l'on considère que des ponts ont pu relier les continents, puis s'effondrer sans laisser de traces... Le problème est que les mesures de densité et de gravimétrie montrent, dès cette époque, qu'il y a deux types de croûte différente: les continents sont plus légers que le fond des océans, ils ne peuvent donc pas s'y enfoncer! exit les ponts transcontinentaux et autres atlantides...

Wegener publie ses travaux en 1915, dans un livre ("Die enfshehung der kontinente und ozeane - origine des continents et océans). Inutile de dire que dans l'europe de l'époque, occupée à s'entretuer, le retentissement en est faible... Alfred se base sur plusieurs faits que son hypothèse permet d'expliquer: les similarités côtières, la répartition des montagnes (des rides seraient disposées au hasard, et pas en chaînes!), l'isostasie et la stratigraphie montrant les différences entre continents et océans, la répartition des fossiles et des roches ainsi qu'une mesure (erronée) du déplacement du Groenland vers l'ouest. Son idée, nouvelle, d"une dynamique horizontale des continents lui permet d'expliquer les plissements des roches sédimentaires. En fait, d'autres avant lui y avait songé, sans oser le dire (Bacon, probablement, en 1620!) ou avec des arguments "exotiques (Snider Pellegrini pensait, en 1858, que les continents avait été déplacés par....le déluge!). Il avance l'idée que tous les continents étaient, dans le passé, réunis en un seul, la Pangée, qui s'est brisé. Les morceaux se sont séparés et se sont déplacés depuis, s'entrechoquant pour former des montagnes.

A la fin de la guerre, Wegener collabore avec Köpper pour étudier les climats du passé. Ils mettent en évidence un déplacement des pôles depuis le carbonifère. Recevant un soutien plus que modéré de ses collègues, il quitte en 1924 Hambourg pour Graz, en Autriche, ou il professe la météorologie et la géophysique. Cette même année parait l'édition anglaise de son traité. Contrairement à ce que l'on pense, ses hypothèses sont plutôt bien reçues, bien qu'elles donnent lieu à des débats très animés... Pour confirmer sa théorie, Wegener communique avec le géographe sud africain Du Toit, qui le renseigne sur la géologie de l'afrique.

Le front anti Wegener prend forme à partir de 1925, lorsque Jeffrey publi sont traité "la Terre" ou il appuie sur une question laissée ouverte par Wegener: quelle est l'origine de la force qui meut les continents? Pour Wegener, des effets de marée sont impliqués, Jeffrey démontre que cela ne peut pas être. Sans examiner plus avant les faits corroborant les visions de Wegener, il ridiculise ses idées, et déclare le déplacement des pôles "impossible"... Ce concert de critiques est repris et amplifié outre atlantique, en 1928, lors de la conférence annuelle de l'american association of petroleum geologist. Dès lors, celui qui professe les idées de Wegener est considéré comme hérétique, et peut dire adieu à une carrière universitaire...

Wegener ne défend pas beaucoup sa théorie: il n'en a pas vraiment le temps, car il prépare une troisième expédition au groenland. Il y retourne en effet en 1930. En septembre, dans la nuit de l'hiver arctique, il doit avec son guide parcourir 40 km en traîneau, pour porter secours à d'autres membres de son expédition. Pendant cette épreuve, son coeur le trahit: il meurt sur cette terre à l'origine, d'après certains témoins, de ses idées.

Peu après la mort de Wegener, Holmes, de l'université d'Edimbourg (ou Du Toit s'était aussi installé) trouve le "moteur horizontal" qui manquait à Wegener: il implique les forces issues de la convection pour assurer le déplacement des continents (même aujourd'hui, l'origine précise de ces mouvements, leur intensité, leur dynamique et leur contribution réelle à la mise en mouvement des plaques tectoniques restent très imparfaitement connus...). Dès 1935, tout était en place pour accepter les idées de Wegener. Il faudra attendre une avalanche de preuves complémentaires pour que les géologues admettent enfin le mouvement des masses continentales, il y a seulement 40 ans! La plupart ne se convertirent qu'après l'opération FAMOUS qui leur permit de voir en 1960 de leur yeux les dorsales océaniques ou se créent continuellement la croûte océanique, et qui sont les foyers de l'écartement des continents... Nous savons depuis que c'est un ensemble de plaques qui se déplacent, supportant les continents, mais Wegener avait, pour l'essentiel, vu juste. L'entétement des caciques en place à ne pas vouloir changer de paradigme à fait perdre près d'un demi siècle à la géologie... Une preuve supplémentaire en est donnée dans un "traité de géomorphologie" parut en 1967 chez Masson dans lequel la dérive des continent est présentée en trois pages, avec forces "si" et avec pour conclusion que ce n'est sans doute pas une hypothèse à prendre au sérieux (avec des "analyses" de la croûte océanique à tomber par terre...). Il y est encore fait allusion à la force centrifuge pour déplacer les continents, alors que ce livre à été écrit plus de 30 ans après que Holmes ait découvert l'origine de ces forces! Plus extraordinaire encore: dans un manuel très classique ((géologie, objets et méthodes) par ailleur d'une excellente tenue, les deux auteurs, Dercourt de l'académie des sciences et Paquet de l'université de Lille, présentent la tectonique des plaque avec un tel luxe de précautions oratoires et de propos dilatoires que l'on voit très bien que même en 1995 ils ne croient toujours pas à la tectonique des plaques....

A la réunion de Frankfort sur le Main, un géographe s'était écrié, après l'exposé de Wegener: "si nous acceptons cela, il nous faut oublier ce que nous avons appris depuis 70 ans et tout reprendre à zéro". En effet, c'est souvent ainsi qu'il faut savoir progresser en science: suivre les bonds de ceux qui avancent, ou ramper à leur poursuite en maugréant contre ses empêcheurs de penser en rond...


James Dewey Watson fait partie du "DNA dream team" qui établit en 1958 la structure de la molécule reine de la biologie contemporaine. Avec R. Franklin, il fut l'artisan principal de cette découverte dont nous n'avons pas fini de mesurer l'ampleur, et qui lui valu le prix Nobel de physiologie et médecine en 1962.

Natif de Chicago, il y accomplit ses premières études universitaires et obtient un PhD (doctorat) de zoologie à l'université de l'Indiana en 1950, à 22 ans seulement ( En général, un tel niveau ne peut être acquis avant 25 ans, et encore!). Il part ensuite pour Copenhague, puis Cambridge. En 1952, avec F. Crick, qui s'épuisait à passer vainement son doctorat, il met au point le premier modèle de la structure de l'ADN qui tienne la route. Il est fortement aidé par R. Franklin, qui sera bien oubliée ensuite, quand sonnera l'heure de la gloire...

Le 2 avril 1953, il publie dans Nature un article historique " MOLECULAR STRUCTURE OF NUCLEIC ACIDS, A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid"

Désormais célèbre, il rejoint le prestigieux caltech puisHarvard en 1955, et y devient professeur en 1961 (il a alors 33 ans , ce qui de nos jours est "impensable!"). Il démissionne en 1976 pour diriger le Cold Spring Harbor Laboratory, dont il est aujourd'hui président. Il est à l'origine, en 1988, du projet de séquencage complet du génome humain, aujourd'hui quasiment achevé. Il n'a écrit "que" 5 ouvrages, mais deux sont des monuments de la biologie contemporaine: "biologie moléculaire du gène" et " biologie moléculaire de la cellule" sont si célèbres que l'on peut même les trouver en édition française (étonnant!).


Né en Bulgarie, élevé en Suisse, Zwicky rejoint le Caltech en 1927. Fritz est un "touche à tout": il a été le premier à expédier des objets en orbite terrestre (des billes d'acier noyées dans un explosif placé dans une fusée), expérimentait à tour de bras dans des domaines variés et prit une cinquantaine de brevets. Il s'estimait supérieur à ses collègues (à juste titre semble t'il) sur les plan intellectuels (il les traitait de "crétins sphériques", les considérant comme stupides quel que soit l'angle d'approche!) et physique (les "anciens" du Caltech se souviennent encore de ses séances de pompes sur une main à la cafét!). En 1931 puis 1933, son étude des novae lui donne l'idée d'une nouvelle classe d'objet, les supernovae, dont il perce

la nature: une étoile qui explose! Il propose d'en découvrir plusieurs, et malgré les moqueries de ses collègues, il commence ses observations sur le toit des bâtiments. En utilisant par la suite un télescope à grand champs, il détecte sa première supernova en mars 1937. A lui seul, il découvrit en tout 132 supernovae. Ses détracteurs durent s'incliner, provisoirement...

Fritz est un excellent théoricien mais il dédaigne les idées conventionnelles. Extrêmement combatif et pugnace, il impose le respect à ses contradicteurs, défend les programme spatiaux et décrit, dans les années 30 (!) comment on pourrait rapporter sur Terre des échantillons lunaires.

Dans les années 40, Fritz suggère que les galaxies ne vivent pas isolées mais peuvent interagir.. ,. Observant au mont Palomar, il publie en 1960 un catalogue de galaxies montrant des ponts de matière entre elles (certains étant à la limite de la visibilité sur les clichés). Comme Fritz était plutôt impopulaire, son temps d'observation fut réduit et l'on s'empressa d'enterrer ses travaux... Mais la vérité est tenace: dès 1961, Volontsov-Velyaminov reprend le catalogue de Zwicky et confirme les associations observées. Cela donne des idées à un autre astronome du Caltech, Alton Arp, qui publiera en 1966 son "atlas of peculiar galaxies" contenant plus de 300 galaxies en interaction... (Découvrant que certaines remettent en question la loi de Hubble et 'l'échelle des distances intergalactique, Arp sera lui aussi "ostracisé" et a rejoint depuis le Max Planck institute).

Zwicky mesure dès 1930 les vitesses propres des galaxies en amas, et en déduit que celles ci sont trop grandes: il a donc l'idée prémonitoire d'une "masse manquante" non observée permettant aux amas galactique de garder leur cohésion. C'est lui qui est à l'origine de l'idée de grandes structures plurigalactiques, bien que beaucoup, dans les années 50, ait refusé d'examiner ses idées parce qu'elles venaient de Fritz... (ne croyez donc pas que, le plus souvent, les scientifiques ont l'esprit plus ouvert que le commun des mortels...). Zwicky est mort en 1974.


L'étrange aventure du Pr. Breit (cette histoire est réelle, j'en ai juste romancé quelque peu les dialogues)

Le Pr. Gregory Breit, d'origine russe, enseignait la physique à Washington. Par une belle journée de 1940, il se promenait dans un parc de la capitale fédérale lorsqu'une auto s'arréta à sa hauteur, lui proposant de le raccompagner. Le chauffeur travaillait pour la navy, au département recherche. Il proposa à Breit de venir travailler "in the navy" ou des problèmes intéressant de physique attendait une solution. Breit accepta, mais il précisa qu'il refusait de travailler sur un engin de destruction. Il ne pouvait alors supposer qu'il serait impliqué au premier plan dans la réalisation de l'arme la plus puissante que l'Homme ait jamais inventée.

La navy commença par lui proposer de protéger la coque de ses navires contre les mines magnétiques allemandes. Breit se mit au travail, fournissant d'interessantes suggestions. La marine avait cependant d'autres projets. Un matin, il fut appelé dans un bureau de la capitale, au pentagone. Ce qui se dit alors ressembla sans doute à peu près à ce qui suit:

- Pr. Breit, nous souhaitons avoir votre concours pour l'éllaboration d'une nouvelle arme, une bombe

- Je ne suis pas intéressé, vous la savez, par les bombes, ou par toutes les armes offensives

- Il ne s'agit pas du tout d'une arme offensive. La bombe que nous envisageons de construire ne sera jamais employée sur un champ de bataille.

- Alors quel pourrait être son intérêt ?

- Nous savons d'après certaines sources que les Allemands sont en train de travailler à un projet similaire. Si ils y parviennent, nous serons vaincus, cette nouvelle arme étant d'une puissance terrifiante, d'après vos collègues.

- Me parleriez vous d'une arme utilisant l'énergie de l'atome ?

- C'est en effet de cela qu'il s'agit. Nous voudrions disposer de cette arme avant l'Allemagne afin de pouvoir, en cas de besoin, faire comprendre à ceux ci qu'ils s'exposerait à une riposte dévastatrice en cas d'attaque.

- Quelle devrait être ma contribution ?

- Nous vous proposons de coordonner et de diriger les travaux concernant la fabrication de cette arme

- Mais je suis un piètre administrateur ! Je pense que nul ne saurait être moins apte que moi à une tâche de coordination

- Malheureusement vous êtes le seul homme disponible.

- Le seul ? Mais prenez par exemple...

- Nous n'avons personne d'autre qui soit à la fois libre de son temps et citoyen américain. Votre loyauté est au dessus de tout soupçon, et nous voulons que ce soit un ressortissant national qui coordonne ces études menées par d'autres physiciens qui sont pour la plupart, dans cette affaire, des étrangers.

- Sur quoi devrais-je exactement travailler ?

- Un dossier va vous être remis par nos spécialistes. Vous en connaissez certains personnellement, d'autre de réputation.

C'est ainsi que le pacifique Pr. Breit devint le président de la commission étudiant la réaction en chaîne se produisant pendant une explosion atomique, lorsque un atome émet des neutrons qui en cassent plusieurs, qui eux mêmes émettent des neutrons qui... et boum!
Breit n'avait pas sous estimé ses talents d'organisateur. Dès qu'il le pu, il se retira de ce poste trop lourd de responsabilité. Tout à la joie de retourner à ses travaux, il ne se doutait pas que le destin du monde entier allait bientôt reposer directement sur ses capacités.

Nous étions alors en 1949, et l'union soviétique venait de faire exploser sa première bombe atomique. Breit prit une fois de plus le chemin d'un bâtiment fédéral, et il aurait été bien en peine d'imaginer ce que l'on allait lui demander. Il s'imaginait devoir refuser de reprendre l'étude de nouvelles bombes atomiques. L'enjeu était bien plus important que cela. Poussant la porte d'un bureau, il fut surpris de trouver là quatre personnes: outre son interlocuteur officiel de l'armée et un membre, supposa t'il, des services secrets, deux personnes de sa connaissance étaient présents. Il s'agissait des physiciens théoriciens Cloyd Marvin jr et Emil Konopinsky.

- Pr Breit, vous connaissez déjà ces Mr. Vous êtes ici sur leur recommandation, car nous avons encore besoin de vos talents

- J'ai déjà dit que je ne souhaitais plus travailler sur des bombes...

- Là n'est pas le problème. Il ne s'agit pas d'aider à la fabrication d'une bombe, mais de vérifier, si j'ai bien compris, la portée limitée d'une expérience jamais tentée jusqu'ici, et qui pourrait concerner l'ensemble de la planète... Vos collègues vont vous expliquer cela plus en détail, mais je pense que vous voyez ce dont je veut parler.

- Je suppose qu'Oppie (Oppenheimer) va obtenir sa "super" (terme désignant alors la bombe à fusion, ou bombe H)
Jusque là silencieux, les deux collègues de Breit prirent la parole.

- Voila le problème, Grégory. Tu sais que, dès 1942, lorsque Oppie a réunit son équipe à Berkeley, nous avions envisagé la possibilité de réaliser une bombe à fusion nucléaire, comme dans les étoiles.

- Si je me m'abuse, c'était là une idée de Teller.

- Tout à fait. Tu es bien placé pour savoir que nous avons choisi la voie de la fission, plus rapide, mais la fusion dégage une énergie bien plus grande, vraiment...

- Et cette arme est au point ?

Les deux physiciens jetèrent un coup d'oeil vers les deux officiels. Devant leur approbation muette, ils poursuivirent.

- Elle est prête à être mise à feu, mais nous avons peur, Grégory

- De quoi ? Des russes ?

- Pas du tout. Déjà à Berkeley, certains d'entre nous se sont demandé si l'énergie dégagée par l'explosion ne serait pas suffisante pour faire fusionner les atomes d'oxygène ou d'azote de l'atmosphère, ou l'hydrogène de la vapeur d'eau, pour déclencher une...

- Réaction en chaîne qui transformerait en quelques minutes notre Terre en une sphère de lave radioactive... termina sombrement Breit.

- Tu vois le problème. Emil et moi même nous avons étudié le problème, et nous avons conclu que la fusion ne peut pas s'étendre à l'atmosphère et à l'océan.

- Alors ou est le problème ?

- Nos calculs n'ont pas convaincu tous les spécialistes. Ils ont demandé une étude indépendante du projet, impartiale et, vu les conséquences envisagées, d'une fiabilité sans faille. On a donc pensé à toi, un spécialiste des réactions en chaîne. Nous te fournirons toutes les données nécessaires, tu vérifiera par toi même si il y a danger ou pas, et ton avis sera déterminant, et sans appel.

- Avec qui devrais-je travailler ?

- Tu sera seul. L'affaire est trop sécrète pour que tu puisse collaborer avec d'autres physiciens. Nous attendrons tes conclusions.

Breit n'hésita pas longtemps. Il avait confiance en son jugement, et cela était capital. Pendant quelques semaines, le sort de la planète fut suspendu aux résultats de ses calculs. Il travailla jour et nuit, refaisant pas à pas ses démonstrations, et il conclut que "les réactions thermonucléaires ne saurait se propager de façon imprévisible aux éléments légers de la Terre". Il réalisait très bien qu'il levait ainsi le dernier obstacle à la réalisation et à l'usage d'une arme terrifiante, absolue (qui, heureusement, n'a jamais été employée militairement).
Pendant quelques jours, il y a déjà un demi siècle, un petit professeur oublié de l'histoire dû découvrir si nous allions tous vivre ou mourir. Heureusement, il avait confiance en son jugement!


Une lecture conseillée à tout physicien (si vous trouvez le bouquin!): plus clair que mille soleil par R. Jungk, ed. Arthaud, 1958 ainsi que le roman "La course aux étoiles" de J. Michener.

A lire également: Il était sept fois la révolution, de E Klein, Flammarion 2005.